Viticulture – Fabien Vallélian pose ses cuves et ses valises en Calamin

C’est lorsque l’on pense que la vie suivra, tranquillement, son cours qu’elle nous surprend et nous met sur un autre chemin. C’est un peu ce qui est arrivé à Fabien Vallélian.
Souhaitant travailler dans la continuité de son père, Gérald Vallélian, il était prévu qu’il reprenne le mandat de ce dernier au Domaine des Faverges, mais l’Etat de Fribourg en a décidé autrement. Pas de quoi démoraliser le Vaudois de 37 ans, qui est retombé sur ses pattes à Epesses et plus précisément au Calamin. Depuis le 1er septembre, il est officiellement le repreneur de Pierre Fonjallaz, vigneron et figure politique connue en Lavaux.

Depuis quelques semaines, le matériel de Fabien côtoie les vins de Pierre. « Les choses se sont faites très vite, j’ai repris le domaine au début du mois et il a fallu préparer la cave pour les vendanges », explique-t-il entre deux travaux de cave. En effet, après l’annonce de l’Etat de Fribourg de ne pas renouveler le mandat de la famille Vallélian, Fabien s’est mis en quête d’un domaine à reprendre. Si plusieurs pistes étaient envisagées, rien n’avait vraiment abouti avant cet été, « jamais je n’ai pensé à arrêter, je suis à 4000 % là-dedans. J’ai dit que je ne cherchais pas plus loin que la Nouvelle-Zélande », dit-il en souriant.
Finalement, il n’a pas eu besoin d’aller aussi loin, puisqu’une discussion tout à fait spontanée avec Pierre Fonjallaz a mis la machine en marche. « On s’est appelé un jour et je suis allé le voir directement pour discuter avec lui. Son domaine est viable avec une bonne position sur les différents marchés et aussi un potentiel d’amélioration pour l’accueil de la clientèle. Sa façon de travailler la terre rejoint également la mienne avec la culture biologique et la biodynamie ».
Des Faverges à Epesses : un nouveau chapitre à écrire
Entre la destruction des cuves en béton, qui ne correspondaient plus aux différents petits volumes qu’il va produire, la gestion de la récolte à Calamin et la coordination des dernières vendanges avec son père aux Faverges, Fabien a de quoi faire. « J’ai vraiment beaucoup de chance d’avoir ma bande de bénévoles et ma compagne Magalie qui sont là pour m’épauler dans cette reprise. Car je passe de chef d’entreprise avec un domaine de 16 hectares à vigneron indépendant avec un domaine de 3 hectares, avec des vignes que j’ai acquis avec un ami et mon père ».
Même si cette nouvelle aventure peut être stressante, avec en plus la crise vitivinicole que les vignerons vivent, Fabien est un « fonceur, sûr de moi parce que je me remets régulièrement en question. J’ai déjà géré la vigne et les vendanges seul et le Domaine des Faverges, comme celui de Pierre sont certifiés Demeter depuis 2013, ce n’est donc pas un grand défi de continuer quelque chose de bien fait. Mais, je sais que mon point faible c’est l’administratif et j’ai la chance d’avoir mon père et Pierre qui sont là en cas de besoin. En revanche, mon point fort c’est l’accueil clientèle et je sais que le nouveau domaine a beaucoup de potentiel ».

Au plus proche de ses (futurs) clients
En plus du déménagement de la cave, de son futur déménagement sur le domaine, et des vendanges sur deux sites, Fabien a décidé d’accueillir le public les deux derniers dimanches de septembre dans le cadre de « Au Cœur des Vendanges », événement proposé par Swiss Wine Promotion. « Je trouve que leur concept est vraiment bien et c’est un grand travail qui est fait de leur part pour que l’on puisse accueillir de monde. Ce sont des gens qui viennent parce qu’ils sont intéressés et c’est le public cible que je recherche. Finalement, j’adore réceptionner les gens et partager mon métier avec eux car j’ai mis toute ma passion dans les bouteilles qu’on ouvre ».
C’est effectivement une belle manière de faire parler de cette reprise, mais avant tout du travail de vigneron-encaveur et sensibiliser les participants aux différents travaux, entre la vigne et la cave. Dimanche dernier, plus d’une vingtaine de curieux étaient présents à Epesses pour l’expérience, dont Léonard, venu de Genève. Après une participation en Valais, il a décidé de s’arrêter en Lavaux, « on traverse toujours ce paysage sans s’arrêter et c’était une belle occasion de le faire aujourd’hui. En plus, le nom du domaine est connu et j’étais intéressé à venir au Calamin ».
Enthousiaste et passionné, Fabien entend désormais écrire sa propre histoire avec l’ambition de faire rayonner ce petit domaine autant par la qualité de ses vins que par la convivialité de son accueil.