Réflexion – Souviens-toi… seul à Olympie…
Non… c’est plus qu’un souvenir, c’est se pencher sur le berceau du sport. Je l’ai vécu.
Les Jeux olympiques de Paris devraient… oh ! juste un peu, essayer de s’en souvenir en respect, mais surtout en regard à tous sportifs qui ont beaucoup offerts à leur discipline.
Cependant… combien de sportifs et sportives connaissent ce merveilleux héritage que nous ont légué les peuples de la Grèce antique, ou tout simplement cette volonté, sans détour, du baron Pierre de Coubertin de leur offrir ce souvenir inoubliable de participer aux Jeux modernes.
Alors, oui ! Refaisons le voyage ensemble dans ce passé qui nous a offert tant de joies et… également beaucoup de larmes, ce qui en fait la beauté. Mythologie éternelle, histoire fabuleuse des dieux avec les hommes dont les seules frontières étaient l’espace aux confins de leur royaume permettant à chacun de converser selon ses aspirations.
Olympie… l’unique
Seul à l’extrémité de ce long stade à Olympie… émerveillé, je garderai longtemps ce petit coin de nostalgie, en pensant avoir dialogué avec les dieux de l’Olympe !
Oui ! Je pouvais mieux comprendre la crainte de l’homme devant certaines forces incontrôlables qui l’entourent, la constatation de son impuissance à maîtriser ses angoisses métaphysiques en regardant ce soir-là, assis seul à l’extrémité de ce long stade d’Olympie, entouré de ces majestueux vestiges d’une cité érigée à la gloire du sport et de la beauté.
Je n’avais pas besoin de fermer les yeux pour vivre avec les dieux ce moment privilégié, tout en me rendant à l’évidence de la richesse de cette mythologie qui, aujourd’hui peut encore vous accaparer.
L’amalgame de légendes, de désirs humains face aux manifestations de la vie devait être dans ce site tellement possessif, qu’il m’était facile de me reporter de plusieurs siècles avant notre ère, soit à cette période où les dieux gouvernaient encore la destinée de chacun.
Le respect
Vainqueur des Jeux pythiques organisés à la gloire d’Apollon ou des Jeux isthmiques en l’honneur de Poséidon, Zeus ne pouvait être oublié aux Jeux néméens. Les victoires acquises dans la magnificence du stade de Delphes et dans les sanctuaires austères d’Isthmea à Corinthe et Némée, autorisaient les athlètes à se rendre à Olympie pour se mesurer dans ce stade mythique dégageant cette étrange douceur, fort probablement due au choix de ce site idyllique, qui ne peut laisser personne insensible.
Je dois l’avouer… j’étais transporté.
Pour la victoire… un rameau d’olivier
Toutefois, je ne sais pas si c’était au lever du soleil, alors qu’elle était opposée à Poséidon pour assurer la protection de la ville sise au pied du Rocher Sacré, les dieux incitèrent chacun à offrir un présent, dont le plus utile serait déterminant pour désigner le vainqueur. Athéna frappa énergiquement le sol de l’Acropole de son pied, d’où poussa un arbre inconnu, l’olivier.
Durant des siècles, il restera à la vue de chacun.
Seul à l’extrémité de ce long stade à Olympie, émerveillé,
je garderai longtemps ce petit coin de nostalgie,
pensant avoir dialogué avec les dieux de l’Olympe
En récompense naquit… Athènes.
Petit à petit, le crépuscule descendait à la rencontre de ces pierres d’Olympie à jamais majestueuses. Toujours empreint de ce calme qui m’environnait, je pouvais revoir Athéna sur le parvis du Parthénon, splendeur à ravir les dieux eux-mêmes, jeune fille, déesse de la sagesse, tournée vers l’horizon de l’Est où le temple de Poséidon se dressait aux confins du Cap Sounion, baigné d’une mer d’un bleu irréel.
Un rêve ?
Non la réalité d’un testament à la gloire de l’Olympe
Contournant Athènes, je laissais libre cours à mon imagination et traversais cette plaine de Marathon, encore chargée du bruit des combats de cette guerre fratricide que nous commémorons aujourd’hui aux quatre points cardinaux par une des épreuves reines de l’athlétisme moderne.
Que de générosité ai-je découvert dans cette nature, que de fécondité luxuriante rencontrée où poussent tant d’éléments au besoin de la vie ! Cette terre aux forces bienfaisantes, accordant fertilité et reproduction, a su donner forme à cette grande déesse de la Terre, Gê.
Elle m’a accompagné tout au long de mon voyage et m’a prié de m’arrêter un moment auprès d’un nouveau, elle me disait même d’un moderne… Osios Lucas où, dans le monastère byzantin érigé au XIe siècle, elle me faisait prendre conscience de cet héritage millénaire, autorisant la méditation sur ses beautés.
Delphes !
Pourquoi, Apollon, t’es-tu arrêté à Delphes ?
Ton regard s’est-il aussi posé sur cette mer d’oliviers donnant ce reflet argenté, étrange à tout ce qui l’environne ? T’es-tu imprégné de cette huile sacrée avant les épreuves des athlètes ? Par la beauté de ce site, par la puissance qui s’en dégage, j’aurais voulu être à tes côtés.
Mais pour être ton égal, ne fallait-il pas gagner ? Je continue à rêver.
M’arrêtant quelques instants, contemplatif devant cette montagne qui a accepté l’édification de ce temple à ta gloire, je comprends aussi le sentiment d’impuissance de l’homme devant ce tableau qui s’étendait à l’infini devant lui. Comme cela devait être beau de chercher le contact avec le divin et les forces supérieures qui régissent l’univers et géraient ses propres destinées.
Mycènes, Epidaure !
J’entends encore ces chants d’une pureté aujourd’hui encore inégalée montant de gradins en gradins, s’ouvrant sur ce cercle parfait de plus de quarante mètres de haut. Théâtre prodigieux, autorisant ce dialogue intime entre acteurs et orchestre à la perfection enchanteresse de chacun.
Puis, musardant à travers monts et vallées, tantôt arides cherchant le Mont Olympe, tantôt luxuriants aux abords de la mer Egée, me voilà les yeux fixés sur cet invraisemblable ruban de couleur turquoise, quasi irréel. Irréel aussi par la pensée de créer ce lien surnaturel, situé à huitante mètres plus bas entre le golfe de Corinthe et la mer Egée.
Ce fantastique canal de Corinthe qui lui, n’était plus la volonté des dieux de l’Olympe. L’homme… peut-être, ne voulait-il pas imiter ces derniers ?
Olympie, me voilà de retour…
Le stade est silencieux, couvert du manteau de la nuit tombante.
Plus haut, quelques lumières brillent, laissant deviner les ombres harmonieuses des bâtisses de l’Académie olympique. Souvenir d’un lègue autorisant ce prodigieux trait d’union conservant avec respect les souvenirs de cette culture sportive qui nous a été léguée et devrait le rester.
Cependant, si les hommes désirent vraiment le perpétuer !