Tournant
Nous vivons une époque formidable, une semaine vient de s’écouler qui voit la Suisse « d’en bas » forcer l’action des décideurs. Ne voyez rien de péjoratif dans l’usage du terme « d’en bas », sa seule utilité est de définir clairement ceux que nos sages bernois n’entendent pas, ou ne veulent entendre que de très loin.
D’abord la révolte des agriculteurs qui se sont rassemblés jeudi passé pour lancer un SOS au cœur même des champs suisses à l’attention de la commission fédérale qui se réunissait le lendemain pour décider du prix du lait. Timing parfait pour cette action coordonnée qui aboutit à un relèvement des prix de 3 centimes. Seul bémol, ce prix est répercuté non pas sur les marges des grands distributeurs, mais directement sur le consommateur. Pas folle la guêpe orange…
Après cet apéritif, c’est dimanche 3 mars qu’il faut marquer d’une pierre blanche. Un scrutin que l’on croyait couru d’avance, puis plus du tout, et enfin un dénouement saisissant ; participation record et scores presque soviétiques dans certains cantons. Cette fois, il s’agit de nos anciens que nous honorons. Anciens que nous deviendrons tous, tôt ou tard.
Malgré l’utilisation de l’éternelle stratégie de peur et de division, les deux objets ont passé la rampe de manière on ne peut plus claire.
Ce n’est qu’avec une petite voix fluette, que les déçus ont réitéré leur argumentaire de campagne le lundi matin : mais où va-t-on trouver le financement ? Il est tout de même étrange et agaçant de ne pas entendre cette préoccupation lorsqu’il s’agit de renflouer Swiss, le Credit Suisse, ou de payer des F35 et augmenter les budgets militaires…
Le peuple souverain. Ce concept prend cette semaine tout son sens, et c’est un sentiment agréable, enfin. Le tournant est pris, le choix des urnes est patent. Il n’a jamais été demandé à la population de définir des financements, ce travail demande des compétences fédérales. Les parlementaires ont du pain sur la planche, la balle est dans leur camp.