La défense nuit
S’il y a quelque chose qui caractérise l’attitude des grands décideurs de ce bien joli pays, c’est bien leur balancement entre l’économie et l’éthique. Jusqu’ici, le jeu en valait la chandelle grâce à un choix de thématiques ciblées et soigneusement agendées. Depuis quelques années, un thème résiste pourtant et revient constamment, celui de la neutralité.
Entre la Suisse des bons offices et celle des bonnes affaires, le torchon brûle…
Pour illustrer le propos, quoi de mieux que la déclaration de mardi 5 mars du secrétariat d’Etat à l’économie, le Seco, qui annonce un recul des exportations d’armes suisses de 27 % par rapport à 2022 (année record avec près d’un milliard de francs d’exportations). Quelques jours plus tard, samedi au 19h30 de la RTS, le sujet est repris comme un appel au secours.
Faudra-t-il sauver le soldat Armasuisse ?
L’industrie de l’armement, fille prodigue de la Grande Muette, n’a pas pour habitude de communiquer, mais rend tout de même publique son inquiétude au travers de représentants de la Seco et quelques parlementaires intéressés. Ces porte-paroles bien rôdés sont un peu empruntés de mettre en avant cet aspect peu reluisant de l’économie nationale, ils bottent en touche vers le législatif accusant l’application stricte de la loi de neutralité… le giratoire est installé, ou devrais-je parler de carrousel…
Généralement peu amène à considérer les législations de quelques pays que ce soit, l’industrie de la défense reste un des fleurons du Swiss Made ; exactitude horlogère, précision chirurgicale et discrétion garantie. Restée sous les radars depuis le mythe des mercenaires, son apport financier à l’équilibre – et l’influence – de la Confédération garanti sa survie depuis des lustres.
Le fait est là : la neutralité nuit au commerce.
Quelles pirouettes rhétoriques et quelles arguties législatives préparent les édiles bernoises ? vous le saurez au prochain épisode.