Fini les secousses pour les aventuriers du 4L Trophy
Insolite à Oron
Ils nous avaient accueillis à quelques jours du départ, Hanitra et Dan reviennent sur leur raid jusqu’à Marrakech. Entre surprises, ensablements et fondue en plein désert, ils sont fiers d’avoir accompli le défi 4L Trophy.
Partis le 12 février de Saint-Martin en dessus de Chesalles-sur-Oron, Hanitra et Dan sont de retour de la 27e édition du 4L Trophy, un raid solidaire qui relie Biarritz à Marrakech. Réservée aux conducteurs d’une vieille Renault 4L et aux moins de 28 ans, l’expérience se veut avant tout pédagogique. Car pour slalomer entre les imprévus et les nids de poule, il est nécessaire de garder son sang-froid tout au long des 6000 kilomètres que compte l’aventure : « Sur les pistes marocaines, il faut ruser pour ne pas rester au fond de chaque oued » rigole Dan, des souvenirs pleins les yeux. « Les oueds, ce sont ces rivières asséchées traversant le désert. Certaines se remplissent d’eau après une série d’orages » détaille Hanitra. Ce genre de caractéristique propre au sol marocain, les deux amoureux n’en avaient pas la moindre idée. Tout comme l’état des routes du sud de l’Espagne, « Malgré plusieurs bonds à travers des trous de plusieurs centimètres, la voiture a tenu. On s’est dit que c’était bon » confie Dan.
L’effet de l’entonnoir
Pour rappel, l’équipage local a fait le déplacement de Saint-Martin à Biarritz sur une remorque. Une stratégie qui consiste à économiser le véhicule. Le père de Dan, mécanicien automobile à la retraite, a conduit jusqu’à la ville balnéaire. Après avoir passé les contrôles techniques et administratifs, la voiture portant le dossard 150 se retrouve dans les méandres des 1160 autres participants : « Le 15 février, le jour du départ, c’est l’euphorie. Même si on est vite coincé dans les bouchons, c’est une sensation agréable de faire partie de la famille 4L Trophy » rigole le jeune couple.
Après avoir rejoint les côtes du sud de l’Espagne, là où ils embarqueront pour le Maroc à bord d’un ferry, Hanitra est épuisée : « Je n’ai pas réussi à fermer l’œil durant quatre nuits complètes. On dort et on vit dans une petite voiture. En se couchant, on entend encore les bruits du moteur et de la tôle. Il n’est pas si simple de changer du rythme quotidien. »
Une fois arrivés sur le sol africain, les « Trophistes » doivent rallier Tanger à Rabat (capitale du Maroc). C’est là qu’ils bivouaqueront pour la première fois : « L’organisation du 4L met sur pied des villages éphémères avec de l’assistance mécanique. Même si nous n’avions pas encore de problème sur la voiture, il était rassurant de voir des camions-atelier » témoigne Dan. Le lendemain, c’est le franchissement d’un col à 1650 mètre d’altitude avant de réaliser plusieurs étapes marathons autour de Merzouga. Loin des routes suisses parfois aussi lisses qu’un billard, les pistes en sable de l’Atlas marocain mettent la petite voiture à rude épreuve : « Notre 4l s’est arrêtée brutalement ». Il faut dire que sur les tôles ondulées, ces multiples bosses créées par le passage de véhicules, secouent n’importe quelle voiture. « Heureusement, elle ne nous a pas refait le coup après » sourit Dan.
A ce stade de l’aventure, l’équipage d’Oron en est à son quatrième jour. Hanitra, épuisée, retrouve le sommeil pour perdre la notion du temps. « Je crois que c’est le cas pour tout le monde. Nous sommes rythmés par le lever et le coucher du soleil. On retrouve une sorte de naturel. »
De surprises en surprises
Après avoir traversé des kilomètres de paysages désertiques, rencontré la population de petits villages marocains, sympathisé avec d’autres participants, ou encore marchandé avec des locaux pour sortir la voiture lorsque cela a été nécessaire, l’équipage 150 achève les trois jours d’étapes marathons. « Le dernier soir de la course, on s’était mis d’accord avec d’autres « trophistes » suisses de manger une fondue en plein désert » se remémore le jeune couple.
Le lendemain (23 février), après avoir digéré, les participants doivent rejoindre Marrakech. Soit plus de 600 kilomètres d’une traite traversant deux cols, dont celui du Tichka, s’élevant à 2260 mètres. « La voiture s’est à nouveau éteinte. Cette fois, l’essence n’arrivait plus dans le carburateur » confie Dan avant d’ajouter qu’après avoir réinjecté un peu de carburant, la Renault a repris du poil de la bête. « En redescendant, elle faisait beaucoup de bruits suspects » se souvient Hanitra. « Quand tu es copilote, tu es plus sensible à ce genre de détail ». En franchissant la ligne d’arrivée, Hanitra et Dan n’en croyaient pas leurs yeux. « En voyant mes parents, c’était le moment émotion et larmichette ». Une surprise accompagnée par la famille de Dan, puisque son frère et son amie avaient également fait le déplacement.
Pour Hanitra et Dan, le 4L Trophy n’a pas juste été une aventure sportive. Car si les bruits de tôle de la voiture disparaîtront avec le temps, l’expérience acquise et la richesse des souvenirs resteront gravés à jamais dans leur mémoire. Leur seul regret sera de ne pas savoir ce qui est advenu du matériel scolaire caritatif qui a fait le voyage avec eux jusqu’à Marrakech .