Puidoux – La Dame du « Petit Paradis »
Dans ce joli coin de campagne que domine la petite chapelle de Puidoux-Village, une quinzaine de chevaux vivent aujourd’hui une paisible retraite. En stabulation libre, ils peuvent gambader à leur aise dans les vastes parcs qui leur sont réservés. Et lorsque le temps se gâte, ils peuvent choisir de se mettre à l’abri dans les volumineuses écuries à litière de paille pour y recevoir foin, eau et sel à gogo. Plus important encore : ils sont bichonnés, caressés et soignés avec une infinie patience et une énorme tendresse.
« Les chevaux sont des animaux très intelligents. Ils ont aussi une très bonne mémoire. Mais ils sont surtout très sensibles à l’amour qu’on leur prodigue. La complicité avec eux est grande » explique la femme hors du commun qui a fondé ce lieu dévolu au bien-être de vieux chevaux. Elle l’a baptisé « Le petit Paradis ».
Vicky-Eileen Baumann est née à Asheville, en Caroline du Nord, d’un papa suisse et d’une maman vénézuélienne. Sa passion pour les chevaux remonte aussi loin que sa mémoire l’emporte. « Lorsque ma mère était enfant, elle allait à l’école à dos de mulet. Moi, j’ai été mise à cheval, presque en même temps que j’ai appris à marcher » raconte-t-elle. Sa vie professionnelle a presque toujours été liée au monde de l’hippisme et de l’équitation.
La création du Petit Paradis est le résultat d’une belle rencontre ; l’une de celles qui change le cours d’une vie. En 2012, alors qu’elle entraîne Nicolas, un jeune étudiant qui se destinait aux Jeux paralympiques de Londres, Vicky-Eileen croise le chemin de l’agriculteur Olivier Jossevel. Au gré des conversations, elle lui fait part de son rêve : fonder un EMS pour chevaux. L’homme est emballé par l’idée. Il dispose de terres et de spacieuses étables pour bovins.
« Il a fallu abattre beaucoup de paperasse et se mettre aux normes, requises pour la détention d’équidés. Mais nous avons pu ouvrir au printemps 2013 ». Aujourd’hui, Olivier et Vicky-Eileen s’entendent comme larrons en foire, fiers de leur réalisation. « Les tâches sont bien réparties. Olivier s’occupe du domaine agricole et moi de l’administration et des soins aux chevaux » précise-t-elle.
L’époque où les propriétaires pouvaient se « débarrasser » de leurs vieux chevaux est révolue. Aujourd’hui, ils leur doivent le respect et ont l’obligation de veiller sur eux jusqu’à leur dernier jour. « Certains propriétaires les placent en Normandie où les prix sont bas. Mais d’autres préfèrent les garder non loin d’eux. Chez nous, certains viennent régulièrement les voir, tant le lien affectif est fort. Ceux qui n’ont pas le temps nous font confiance. Ils savent que j’en prends soin et que je les aime » souligne la maîtresse des lieux.
Les moments de bonheur sont parfois déchirés par des instants de tristesse, lorsqu’il faut se séparer d’un animal. « Quand intervient le vétérinaire pour euthanasier un cheval qui souffre, les autres sont toujours présents pour le voir partir. C’est indispensable afin qu’ils ne le cherchent pas une fois qu’il nous a quittés. Une disparition, c’est stressant pour eux. En le voyant partir doucement, ils comprennent très bien ce qui se passe… ».
Le Petit Paradis a été récompensé pour les qualités des soins prodigués à ces vieux chevaux. Offrir à « la plus belle conquête
de l’homme », une retraite heureuse au Petit Paradis est tout à l’honneur des propriétaires.
Informations : www.lepetitparadispuidoux.ch