Pully Football – Les filles ne comptent pas pour des prunes
Une équipe FF12 verra ainsi le jour la saison prochaine. Une première. Cramponnez-vous à cette idée! Les inscriptions ont débuté.
Gerard Bucher | Ballon d’Or 2021 et 2022, Alexia Putellas (30 ans) revient volontiers sur ses débuts en amateur au FC Barcelone, trois années avant que la section féminine du club catalan ne devienne professionnelle, en 2015. « Lors de ma première année, nous devions laver nos propres maillots, s’est rappelée l’internationale espagnole. A l’entraînement, il nous fallait même amener nos bouteilles d’eau. » Tout un symbole d’une époque à peine révolue. Le football féminin s’est progressivement réveillé sur toute la planète. Y compris en Suisse, pourtant pas vraiment connue pour son audace.
Au Pully-Football, comme dans quelques clubs de Suisse romande, l’histoire a fait un bond de géant (e) par la grâce de son président, Fabien Mingard, élu en été 2021 sur un programme qui mettait en avant le football féminin. Dans un premier temps, l’avocat pénaliste de 47 ans a fait en sorte que les intéressées puissent fouler les deux terrains de La Rochettaz sans autre forme de procès. La mise en place du programme UEFA Playmakers, repris par l’Association suisse de football, a permis de véritablement lancer le projet à l’été 2022. Destinés aux jeunes filles, âgées de 5 à 8 ans, les entraînements sont basés sur la magie de Disney, au travers d’histoires et de personnages qui lui sont liés. Pas de quoi nourrir l’esprit de compétition. Il sera toujours temps. Aujourd’hui, une dizaine de filles suivent ce programme. Par ailleurs, tout autant de filles se sont mélangées aux garçons, au point que dans la catégorie juniors D, une équipe est presque exclusivement formée par la gente féminine. L’intégration se déroule très bien, aux dires de Fabien Mingard. « Ça se passe encore mieux lorsque la fille possède des qualités footballistiques plus importantes », ajoute malicieusement ce dernier.
Un encadrement parfait
Cela dit, il ne restait donc plus qu’à franchir le pas suivant, autrement dit à créer une équipe féminine FF12 en l’occurrence, dans le cadre du 90e anniversaire du club. C’est désormais chose faite. Fabien Mingard a le sourire. « Fin août prochain, nous devrions pouvoir officialiser notre première équipe féminine, et je m’en réjouis, souffle le druide du Pully-Football. On a publié un flyer, et on a déjà quelques inscriptions. Ça marche bien. Je suis confiant. Il faut dire qu’entre l’est lausannois et Vevey, il n’existe pas réellement de foot féminin. Je ne vous cache pas qu’à terme j’espère compter sur une équipe FF15, voire FF19 (Ndlr : il n’y a rien entre deux), et pourquoi pas sur une équipe d’actives un jour. Mais là, je ne sais pas si je serai toujours à la barre du club. » Heureux père d’une fille qui évolue dans les M16 de l’ACVF, et qui fait partie des cadres des M15 de l’équipe de Suisse, Fabien Mingard n’est vraisemblablement pas près de décrocher. Qu’on se rassure ! Aussi longtemps qu’il sera en place, les filles ne compteront pas pour des prunes au Pully-Football.
Toujours est-il que les parents concernés n’ont plus qu’à contacter Daniel Brunner (brunnerdan@gmail.com) pour valider leur intérêt et faire partie de l’aventure. Ancien entraîneur des sélections vaudoises féminines M12 et M13, il est la personne de référence idéale pour chapeauter ce nouvel élan. Il est également coordinateur des équipes juniors D, E, et F. D’autres encadrants formés au foot féminin, parmi lesquels Georges Bottinelli et Linda Da Silva, ont largement les qualités requises pour apporter leur pierre à l’édifice. Les parents peuvent être rassurés : au travers de leur formation et via des réunions périodiques – au moins quatre par année – organisées par le club, les entraîneurs sont sensibilisés à toutes sortes de problématiques.
Elles auront leurs vestiaires
Quid du fameux problème des vestiaires ? « Pour l’heure, précise Fabien Mingard, les jeunes filles qui suivent le programme UEFA Playmakers n’en utilisent pas. Elles viennent déjà changées et elles repartent ainsi. Quant aux filles plus âgées, qui jouent dans les équipes de garçons, elles ont un vestiaire à leur disposition. Il faudra cependant leur proposer quelque chose de fixe. C’est plus simple avec les équipes de garçons, dans la mesure où quand elles se croisent, elles ont la possibilité d’occuper des demi-vestiaires. Ce n’est bien sûr pas le cas avec les filles. Mais, nous avons tout prévu. Nous sommes en discussion avec la commune, propriétaire des lieux, pour créer deux vestiaires supplémentaires. » Tout est donc réuni pour que l’aile féminine du Pully-Football connaisse un avenir serein.