Les impressions du petit Nicolas – La monstre course d’école
Aujourd’hui, on est allé en course d’école. On pouvait prendre un pique-nique et des saucisses avec un linge. La maîtresse nous a expliqué qu’on allait suivre un sentier pieds nus et que le linge, c’était parce qu’on allait traverser une rivière. On se réjouissait tous de faire cette sortie, surtout à cause de l’eau. Coralie a encore pleuré au moment du départ. Elle sait pas très bien nager et il faut dire que Nathan racontait qu’on devrait sûrement se tenir à une corde pour pas être emporté par le courant et que si on lâchait la corde, on était mort. Coralie, elle pleurait aussi parce qu’elle avait pas bien compris l’histoire des pieds nus. C’était la seule à avoir mis des tongs.
Quand elle a vu ça, la maîtresse a soupiré, mais elle était un peu énervée quand même. Quand elle est « vénère », elle dit toujours que « c’est quand même pas la mer à boire que de lire attentivement une circulaire ». Je me demande pourquoi elle dit ça, parce que c’est qui qui aurait l’idée de boire la mer ? En plus, c’est monstre salé, mais quand même pas autant que le bouillon que fait mon papa. Elle dit pas ça pour nous, la maîtresse, elle dit ça pour les « chers parents ».
D’abord on devait un peu marcher et c’était pas vraiment de la plage, mais de la forêt avec des bosses. Du coup, Coralie marchait comme une oie mais en vachement plus lentement. Quand on est arrivé, après la marche avec les souliers, l’animateur nous a dit qu’on devait poser nos sacs en tas et enlever nos chaussures et nos chaussettes et ça faisait encore un autre monstre tas. Sauf qu’on devait bien fermer nos sacs et tout poser sur une table. Nathan a dit que ça, c’était sûrement à cause des ours qu’il fallait tout mettre en hauteur. Nathan, il aime bien les documentaires et il sait plein de trucs de survie dans des conditions extrêmes. Coralie a encore pleuré à cause des ours en Suisse. En fait, c’était pas ça du tout. C’était à cause des chiens du monsieur du sentier et de nos sandwiches.
Après, on a commencé à le suivre pieds nus. Au début, on se bousculait un peu pour être derrière lui, surtout mon copain Nathan qui veut toujours être le premier, mais après on s’est vite calmé, surtout quand on a dû traverser le pont recouvert de galets. Moi, j’aime pas trop ça les galets et ça m’a rappelé mes vacances à Nice avec mon pépé et ma mémé. J’avais même pas pu faire de pâtés avec mon seau et ma pelle et en plus, le soir, je devais toujours faire la même promenade que les Anglais mais avec ma mémé qui est Suisse. C’était nul.
Après on a marché sur un sentier et on a fait un arrêt près d’une plante et le monsieur du sentier a cueilli une feuille. On devait la frotter dans nos doigts et dire ce que ça sentait. Au premier arrêt, la feuille sentait l’ananas, au deuxième arrêt la feuille sentait la fraise et au troisième arrêt, alors là, ça a été du tonnerre. Nathan a un peu regretté d’être le premier, car la feuille de la plante, elle sentait le vomi. Comme il s’est fait un peu avoir et qu’on a rigolé, il a décidé de se venger sur les filles. Il s’est mis tout derrière. Il leur courait après et il leur faisait croire qu’il allait leur mettre la feuille de vomi dans le cou, alors les filles ont avancé méga vite. Nathan arrivait même plus à les suivre et ça, ça l’a monstre vexé.
Après, on s’est tous assis dans un pré. On a appris à siffler avec une herbe coupante et ça faisait un bruit de canard quand on réussissait. Mon copain Marco, il y arrivait pas, mais il était aussi rouge qu’une Ferrari. Ça nous a fait rigoler. On lui a dit et il était trop content même qu’il avait pas réussi. Marco, il aime tout chez les Ferrari. A la fin, on a bien aimé traverser l’eau de la rivière, Coralie compris, mais c’était super froid. Le monsieur du sentier a demandé à la maîtresse de traverser en dernier. A nous, il nous a dit qu’on devait gicler la maîtresse et on a fait une bataille d’eau terrible. On était tous monstre mouillé, sauf Coralie qui avait pas voulu gicler la maîtresse.
Après, on est retourné à nos sacs pour se sécher et pour manger le pique-nique. Le plus drôle, c’est que la seule qui avait pas de linge, c’était la maîtresse.
Faut croire que ses « chers parents » avaient pas trop bien lu la circulaire non plus.
Du coup, c’est Coralie qui lui a prêté…
Nicolas, 7½ ans
Propos recueillis par Rosane Schlup