Concours BioVino 2025
Le meilleur chasselas, il est de chez nous !

Le Dézaley Grand Cru 2023 de Denis Bovard, du domaine Antoine Bovard, a été récompensé par le prix du meilleur chasselas biologique au concours BioVino 2025, mardi à Berne. Rencontre.

Depuis la fenêtre du carnotzet, la vue sur le lac est obstruée par un impressionnant nuage orageux. Il avance rapidement sur la Haute Savoie et sur les monts de Lavaux, mais la grêle que Denis Bovard craignait n’est pas au rendez-vous. « Il faudra vérifier le pluviomètre », explique-t-il, penseur. « A partir de 25mm de pluie, il faut renouveler le traitement sur les vignes. » Un traitement bio, pour un chasselas du Dézaley Grand Cru 2023 bio, qui vient de recevoir le prix du meilleur vin biologique suisse dans la catégorie Chasselas par BioVino.
Une consécration de plus pour le vigneron de 39 ans qui a repris le domaine de son père Antoine, il y a déjà douze ans. Un domaine qui porte encore le nom du paternel. « Il collabore encore avec moi. Mais je ne changerai pas le nom tant que je ne fais pas aussi bien que lui. Ça commence ! », ajoute-t-il en riant. Depuis 2021, le domaine s’est converti au bio, avec l’intention d’intervenir un minimum dans les vinifications. « Pour moi, notre travail devrait refléter le produit de base et le terroir. Et je suis convaincu qu’il y a une solution à trouver qui permette de faire regagner de l’autonomie à la vigne. » Bio, mais aussi sans sucre résiduel, et cela tient particulièrement à cœur à Denis Bovard. « Faire exprès de laisser du sucre résiduel pour séduire, c’est mal habituer le consommateur. Alors voir un vin sans sucre résiduel être récompensé, c’est un signe qui me réjouit à titre personnel. »
Bonnes ondes
Dehors, le vent s’est calmé. Dans la cave aux cuves très vintage et parmi les multiples millésimes entrain de prendre de l’âge, la météo du dehors importe peu. Il y a quelque chose de mystique dans la relation de Denis Bovard à ses vins. Il les chouchoute, leur parle. Son rêve : rendre ses vins encore meilleurs, mais pas seulement en termes de goût. « J’aimerais cultiver l’âme du vin, en améliorant la qualité énergétique que l’on peut lui insuffler. A l’image d’une musique. Une musique peut plaire ou non, mais certaines touchent à peu près tout le monde. » Un futur Mozart de la cave ? « Si je peux, c’est clair ! En tout cas, je veux m’efforcer à prendre soin de tous les éléments autour de la vigne. Suivre les cycles lunaires, ne pas s’énerver dans la cave pour ne pas insuffler ses mauvaises énergies, émettre certaines vibrations plutôt que d’autres, etc. » Dans les objectifs futurs, Denis prévoit de se tourner encore plus vers les vins nature, planter 50 % du domaine avec des cépages résistants, dans la lignée de ceux développés par l’école d’oenologie de Changins, développer l’oenotourisme, toutes des envies qui mûrissent dans la tête du jeune vigneron.
Le chasselas du Dézaley Grand Cru 2023, sorti d’une cuve de 3200 litres, pour 4500 bouteilles, s’est vu décerner la palme du meilleur chasselas avec moins de 4g de sucre résiduel par litre. Le Dézaley est d’ailleurs un terroir tout particulièrement cher à Denis Bovard. « Le Dézaley donne des vins fous, des vins de gastronomie, qui peuvent être gardés longtemps. Je trouve que c’est important de pouvoir compter sur un bon vin pendant de nombreuses années. » Et alors ce chasselas, il a quel goût ? « Ah pour ça, il faudra venir le goûter », rigole-t-il. Le Courrier l’a fait. On recommande.
