C’est à lire – Denis Meylan dit BOUILLON
Un personnage haut en couleurs

Pierre Jeanneret | Dans sa préface, le conseiller d’Etat, Pascal Broulis, parle de Denis Meylan en ces termes : « Qui ne le connaît dans nos villages ? Avec son accent reconnaissable entre mille, ses blagues de comptoirs campagnards, rosses et parfois salées, mais ni méchantes ni vulgaires, Bouillon incarne un certain Pays de Vaud. » Un humoriste de ses confrères l’appelle « le Fernandel du canton de Vaud ». Si ces propos sont justes, il ne faut pas réduire le personnage à l’amuseur public très populaire. Le livre nous révèle un homme qui a des convictions, même si celles-ci sont exprimées « à la vaudoise », c’est-à-dire avec modération et pudeur.
Il est vrai que l’alcool, ou plutôt les alcools divers (de la damassine à la sangria, en passant par la vodka et notre chasselas régional…) tiennent une large place dans les virées de Bouillon et de ses nombreux copains. Pour ceux qui l’ignoreraient, son pseudonyme lui vient de ses aventures au FC Thierrens, où il aurait envoyé fréquemment le ballon dans la rivière. On apprendra aussi que Denis Meylan a été régent, qu’il a travaillé au Club Med, qu’il a animé d’innombrables soirées à travers toute la Suisse romande, qu’il a fait de la haute montagne, et qu’il a effectué de nombreux voyages, même si les souvenirs qu’il en a gardés sont souvent éthyliques… Né dans le Jura vaudois, il a été marqué par l’esprit libertaire de cette région, et par un père réfractaire à l’autorité, auquel il consacre de belles pages. Il a conservé des convictions anarchistes, pacifistes et sociales, dont il aurait pu parler davantage. Denis Meylan a toujours été, depuis son enfance, un homme proche de la nature, un écologiste qui ne dit pas son nom. Ce qui ne l’empêche pas de fustiger avec verve, dans des pages savoureuses, les « bobos urbains », et de faire « un bras d’honneur à la tyrannie des petites graines et à la dictature des Khmers Verts du manger sainement sans calories ».
Ce livre, richement illustré par des photos et des affiches de spectacles, réjouira donc les amis et admirateurs de Bouillon. Cela dit, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’un peu plus profond que cette suite d’escapades bien arrosées. Et en conclusion, on appréciera la philosophie du personnage :
« 70 ans, dans ma vie j’aurai fait des choses qu’on regrette, mais ce que je regrette le plus, c’est de n’avoir pas fait plus de choses que j’aie à regretter. »
Denis Meylan « Bouillon », Mes amis, mes passions…et plus si entente !
Grandvaux, Daphné Editions, 2022, 192 p.
Dédicaces :
– Marché de Cully, dimanche 26 juin, de 9h à 15h
– Marché d’Oron, le samedi 2 juillet, de 9h à midi