Bourg-en-Lavaux – Le projet de chauffage à distance se prend une buche à Grandvaux
Conseil communal du 5 mai

Le préavis semblait solide aux yeux de la Municipalité. Mais face aux nombreuses interrogations des conseillers, le crédit de 6,3 millions de francs destiné à créer un chauffage à distance (CAD) à Grandvaux a été reporté à la séance du 23 juin.
L’idée est de profiter de la rénovation des réseaux d’eau potable et d’assainissement (3’282’500.-) pour y intégrer un CAD alimenté par la géothermie (3’102’500.-). Une manière de remplacer des infrastructures vétustes et de rapprocher la commune des objectifs climatiques cantonaux et fédéraux. Le projet ne date pas d’hier, puisqu’une pré-étude co-financée par le canton en 2022 avait pour but d’établir la faisabilité de la chose. Du côté de la Confédération, le sujet a également été soutenu à hauteur de 200’000 francs pour une étude plus approfondie. Mais à Grandvaux, village pittoresque aux constructions hétérogènes, les défis sont nombreux.
Des doutes sur la pertinence du projet
Plusieurs conseillers communaux ont exprimé leur scepticisme, comme Jane Potin : « J’aimerais attirer mes collègues et la Municipalité sur la pertinence du projet présenté. (…) Des maisons datent du XVIIe siècle. Le conseil énergétique voudrait nous imposer des contraintes modernes, et donc en contradiction avec la nature même du bourg ». Autre critique soulevée, le manque de clarté quant aux bâtiments qui seront raccordés au futur réseau. « Dans le préavis présenté ce soir, on ne voit même pas les 14 bâtiments privés qui seront éventuellement raccordés », ajoute la conseillère.
Face à ces critiques, Jean-Yves Cavin, a rappelé qu’il n’était pas légalement possible de publier la liste des bâtiments privés concernés. « C’est une information qui va à l’encontre de la loi sur la sphère privée », explique le municipal. Ce dernier souligne que cinq bâtiments communaux seront raccordés et que la commune ne tirera aucun bénéfice financier, contrairement à un opérateur privé : « La solution proposée ici sera facturée entre 20 et 24 centimes le kilowattheure. Un contracteur privé se situerait plutôt autour de 30 centimes ». Pour l’exécutif, ce projet reste la meilleure option, à la fois économiquement et pour sortir progressivement des énergies fossiles.
Des commissions partagées
Mais au-delà des préoccupations exprimées ce soir, ce sont surtout les deux rapports de commissions (ad hoc et Cofin) qui ont encouragé le report du préavis. Tous deux soulèvent un besoin accru de clarté sur la rentabilité, les risques techniques ou encore les engagements à long terme. « Dire que ce préavis manque d’informations, c’est faux », lance Jean-Yves Cavin avant de rappeler qu’il s’est toujours porté volontaire pour répondre aux questions des conseillers. « On fait un projet hallucinant avec une étude de 300’000 francs, subventionnée à hauteur de 200’000 francs par la Confédération. Mais nous sommes face à un problème sociologique, car il ne sera sans doute pas possible de convaincre certains propriétaires, qui de toute manière ne voudront pas changer, et ce, peu importe la technologie de chauffage présentée ».
Le municipal en charge de l’énergie a aussi précisé que personne ne serait contraint au raccordement : « Aucun habitant du bourg de Grandvaux n’est forcé à se raccorder au chauffage à distance. Aujourd’hui, nous sommes au stade d’intentions, afin de savoir quels propriétaires seraient enclins à faire cet effort. Nous les consulterons à nouveau une fois les contrats en main, pour voir s’ils souhaitent ou non se raccorder. »
Clarté demandée
Autre point soulevé, l’impact des travaux sur l’infra-structure routière : « Ces opérations nécessitent un revêtement complet des chaussées. Je n’ai rien vu qui va dans ce sens dans les 200 pages du préavis », a fait remarquer Mathieu Cardinaux, conseiller communal. A cela, Jean-Yves Cavin a répondu que ces coûts sont bel et bien intégrés dans l’enveloppe globale du projet de 6,3 millions de francs (6’385’000.-). Pour Sébastien Hope Weber, malgré les incertitudes, ce projet constitue une opportunité à long terme : « Il est certain que d’équiper des bâtiments de chauffage à énergie renouvelable coûte cher, mais cela augmente la valeur desdits bâtiments ».
Après près d’une heure de débats, le Conseil communal a finalement décidé de reporter la discussion à la séance du 23 juin prochain. D’ici là, la Municipalité pourra préciser les informations jugées manquantes aujourd’hui.
Autres décisions de la soirée
Un crédit complémentaire de 120’000 francs a été validé pour affiner l’avenir des collèges des Ruvines et du Genevrey. Un second crédit de 150’000 francs permettra de poursuivre l’étude de faisabilité pour regrouper les cycles 1P à 8P sur un seul site.
Un crédit de 420’000 francs est accordé pour étudier la rénovation de la Maison de Watteville, à Epesses, un bâtiment historique et ses futurs usages culturels ou sociaux.
Un montant de 258’000 francs financera la mise en conformité du réseau d’eaux usées et pluviales au chemin des Colombaires à Cully, avec séparation des collecteurs.