Une baisse d’impôt qui laisse dubitatif
L’annonce du gouvernement vaudois pour une réduction de l’impôt sur le revenu avait fait réagir citoyens et politiques au début juillet. Si cette dernière est anecdotique pour la droite, elle rate sa cible pour la gauche. Explications de Yassin Nour, président de la section régionale du Parti Socialiste (PS) Lavaux-Oron.

Le Courrier : Quelle analyse portez-vous sur ce projet de diminution fiscale ?
Yassin Nour : Ce projet cible les personnes qui en ont le moins besoin. Le système fiscal vaudois voit l’impôt progresser avec l’augmentation du revenu ; par conséquent, ce sont d’abord les plus hauts revenus qui vont le plus en profiter alors que les petits revenus, qui paient peu d’impôts, ne verront presque aucune différence.
Le Courrier : Votre parti ainsi que l’ensemble de la gauche politique considère qu’il s’agit d’une arnaque envers la classe moyenne inférieure, alors que la droite certifie le contraire. Comment expliquer cela ?
Yassin Nour : La classe moyenne inférieure est la partie de la population qui bénéficie du moins de prestations tout en payant des impôts importants, proportionnellement à ses revenus. Avec cette baisse proposée par le Conseil d’Etat, inévitablement une baisse des prestations va suivre. Or, avec l’annonce d’une augmentation massive des primes d’assurance maladie et l’inflation que nous connaissons, c’est bien des prestations de l’état dont la classe moyenne inférieure a besoin et celles-ci ne seront plus garanties, comme les subsides concernant l’assurance maladie. Ces derniers concernent une part significative de la population.
Ce projet cible les personnes qui en ont le moins besoin
Le Courrier : Que faudrait-il faire pour réellement favoriser les Vaudois ne possédant pas d’importante fortune ?
Yassin Nour : Face aux propositions de la droite, les socialistes ont mis en avant une alternative plus équitable avec la motion Jean Tschopp (PS). Celle-ci aurait été une solution bien plus pertinente en cela qu’elle fonctionne sur le même principe que l’AVS ; le forfait était de 350 francs par contribuable et cela s’élevait à 1000.- pour une famille avec deux enfants. Autrement dit, une famille de la classe moyenne inférieure payant 10’000.- d’impôt sur le revenu aurait bénéficié de 1000 francs de réduction, soit 10 % de moins. Alors que la proposition
présentée par le gouvernement vaudois ne leur fait bénéficier que de 250 francs, soit 4 fois moins.
Pour aller plus loin : Vers une baisse d’impôt dès 2024 ?
Le Courrier : Les deux députés qui ont déposé une motion en faveur d’une baisse fiscale sont de droite. Finalement, ne sommes-nous pas devant une bataille gauche-droite, plutôt qu’une bataille pour garantir le niveau de vie des citoyens ?
Yassin Nour : Ce sont les deux députés dont les propositions ont été acceptées par la majorité du parlement ; la baisse fiscale proposée ne touche réellement que la petite minorité de la population qui est très aisée. Pour bénéficier d’une réduction de 1000 franc d’impôt avec cette proposition du Conseil d’État, il faut payer au moins 40’000.- et donc gagner plus de 200’000.- par an. Tandis que la motion Gross concerne les fortunes d’un million de francs et plus. Dans les deux cas, on ne parle que de contribuables aussi gros fiscalement que rares numériquement… Là où la motion Tschopp permettait à 90 % de la population de faire des économies beaucoup plus importantes jusqu’à un certain revenu, qui ne concerne lui que 10 % de la population.
