Savigny – Un résultat exceptionnellement réjouissant
Assemblée générale de La Forestière du 10 novembre
Jeudi 10 novembre, la salle du Forum de Savigny accueillait l’assemblée générale de La Forestière, la société coopérative de propriétaires et exploitants forestiers qui compte 398 membres et qui fêtera en 2024 ses 100 ans.

La politique forestière ne se résume pas à planter des arbres
A 9h, le président, Gilbert Gubler ouvrit les débats et laissa la parole à Vassilis Venizelos, chef du département de l’environnement. S’exprimant au nom des autorités vaudoises, il se réjouit de pouvoir compter sur l’engagement des acteurs présents pour les défis à venir. « Nous n’avons jamais autant parlé d’arbres pour contrer le pétrole et le ciment. Certaines publicités se vantent avec des slogans tels que : un bail signé = 1 arbre planté. Mais la politique forestière ne se résume pas à planter des arbres. La forêt subit des contraintes, bostryche, sécheresse, gibier, etc. La PolFor2040 (Politique forestière vaudoise), adoptée par le Conseil d’Etat le 18 mai dernier, renforce l’action en faveur de la forêt » souligna le conseiller d’Etat. Il rappela qu’un tiers du territoire vaudois est recouvert de forêts d’où l’importance de maintenir les circuits courts et locaux ainsi que les emplois. Le collège gouvernemental désire répondre à cette opportunité économique en apportant son soutien aux forestiers et aux propriétaires, au développement durable et à l’accueil du public ainsi qu’aux projets étatiques de constructions en bois.
2021-2022 un exercice record
Lors de son rapport, le président releva que les conséquences positives, qui ont suivi les évènements de ces deux dernières années, ont permis d’avoir un exercice 2021-2022 particulièrement réjouissant avec une augmentation du chiffre d’affaires de 49,4 % et + 23 % du volume exploité. Ce résultat permet d’actionner le mécanisme du rabais de courtage à hauteur de Fr. 100’000.- (12 % des commissions de courtage) à l’attention des membres. « Aujourd’hui, la situation évolue, nous devons rester en phase avec le marché. Les prix montent et descendent et nous devons être attentifs au maintien de bonnes relations avec nos clients. Le Conseil d’administration souhaite intensifier les échanges avec les responsables des groupements forestiers nés de l’augmentation de la complexité des tâches. Il est important de pouvoir distinguer les intérêts techniques exprimés par les groupements forestiers, des enjeux à caractères politiques que vous les membres représentez ici, dans le cadre formel de l’assemblée générale de notre coopérative ».
Il félicita Daniel Ruch, vice-président du Conseil d’administration de La Forestière pour son élection au Conseil national, certain que ce dernier avec sa vivacité et sa sensibilité saura défendre les forêts. Il mentionna cependant que les signaux enregistrés depuis juillet subissent un tassement et qu’il sera difficile de maintenir un résultat aussi bon mais que la coopérative tient bon cap.

Le marché suisse moins impacté par les baisses
Didier Wuarchoz, directeur de La Forestière, salua la belle carrière de Rémy Fischer, qui a quitté son poste d’agent en juin, après 20 ans d’activité et lui souhaita le meilleur pour la suite. Il présenta Steve Gander et Grégoire Vuissoz, arrivés en cours d’année pour reprendre le flambeau, à qui il accorde son entière confiance pour effectuer leur tâche. Il résuma la situation internationale du marché du bois. « Depuis deux ans, le marché décolle, surtout à l’étranger. Une volatilité rarement vue dans le bois. Les USA, qui construisent avant tout en bois, ont été stoppés dans leur élan par la crise des « subprimes », mais depuis 2010, la demande remonte régulièrement. Après la cassure due à la Covid, cette dernière est repartie de plus belle. Jusqu’en 2000, le Canada produisait suffisamment pour les USA, aujourd’hui il a réduit sa production. La Chine, qui était inexistante sur ce marché, rafle actuellement tout ce qu’elle peut, notamment les bois bostrychés. Les cotations boursières sont montées en flèche entre 2020-2021 et ont atteint 5x leur prix. Depuis, l’inflation à la hausse et la guerre en Ukraine, ainsi que le ralentissement de la croissance chinoise ont eu pour effet une hausse des taux hypothécaires, induisant un frein à la construction et une demande en diminution auprès des scieries. Nous sommes bien revenus des sommets atteints. Depuis mai 2022, nous avons assisté à un retournement rapide avec la régression de la demande. En Suisse, les prix ont augmenté en 2021 dans une moindre mesure par rapport à l’étranger. Le marché a pu se maintenir, bien que le cours de l’euro au plus bas, avantage l’importation des sciages et du lamellé-collé. Actuellement, les prix des grumes sont orientés à la baisse, mais dans une moindre mesure que dans le reste du monde, en regard avec la hausse moins spectaculaire. Le marché de la construction reste solide soutenu par une inflation modérée. Grâce à la hausse de prix, les coupes redeviennent attractives et à l’échelle du pays, cela représente une augmentation, tous bois confondus de 6 % ». Il releva les bons résultats obtenus par la pépinière de Genolier, avec un chiffre d’affaires record de Fr. 2’2226’000.- pour la vente des plants, indigènes de production locale, forestiers et buissons, ainsi que dans l’ornemental. La fidélité de clients importants, ainsi que la participation à des projets d’avenir menés par des villes de l’arc lémanique expliquent pour beaucoup ce bon résultat.
Adapter les choses en veillant à ne pas aller trop loin
Après que les comptes 2021-2022 ainsi que le budget 2022-2023 furent largement adoptés et que les membres du Conseil d’administration ainsi que le président furent reconduits dans leurs mandat, la parole fut laissée à Jean Wenger, représentant de Forêt Suisse. Soulignant la bonne collaboration entre cette dernière et La Forestière, il releva l’initiative parlementaire déposée par Daniel Fässler, conseiller aux Etats et président de Forêt Suisse demandant de faire des recommandations de prix pour le bois des forêts suisses, non contraignantes, publiées en toute transparence. Un instrument important pour les propriétaires forestiers leur permettant de s’orienter lorsqu’ils doivent décider du volume de bois à récolter et commercialiser. « Je suis persuadé que Daniel Ruch soutiendra à Berne nos efforts sur le plan forestier. Nous devons adapter les choses tout en veillant à ne pas aller trop loin et devons rester optimistes » conclut-il.
A l’issue des débats, l’assemblée fut invitée à un apéritif, suivi d’un repas permettant ainsi de continuer les échanges entre les propriétaires, et les différents représentants du monde du bois.
