Révolte agricole
« Nous ne baisserons pas les bras »
Vendredi dernier, plus de 400 agriculteurs se sont rassemblés à Estavayer-le-Lac. L’objectif est d’obtenir des réponses et d’ouvrir le dialogue pour améliorer leur situation.
Après la petite victoire sur le prix du lait, les producteurs suisses continuent d’exprimer leurs revendications. Petite victoire, car si l’augmentation de 3 centimes par litre a été annoncée pour le 1er juillet, il s’agit réellement d’une hausse d’un centime. C’est ce que rappelle Jean-Bernard Chevalley, producteur à Puidoux qui a fait le déplacement : « On nous a descendu le prix du lait de deux centimes le premier janvier, alors que c’est en hiver que nous produisons le plus. Maintenant, ils nous annoncent une augmentation pour juillet, alors que l’herbe plus sèche réduit la fabrication du lait des vaches ». Le contexte du lait posé, passons aux autres revendications des agriculteurs.
Pour l’avenir
A Estavayer, la majeure partie des tracteurs sont conduits par des jeunes. En tout, ce sont près de 1000 personnes, venues des cantons de Vaud, Fribourg, Berne et même Neuchâtel, qui ont répondu à l’appel du collectif Dialogue Paysans suisses. L’action se veut similaire à celle de la bataille du prix du lait en février. « Nous voulons envoyer un message fort et ouvrir les discussions avec la grande distribution pour améliorer notre métier et nos libertés » partage Arnaud Rochat, agriculteur et leader de la révolte paysanne suisse.
Avec leurs tracteurs, les paysans ont formé le mot « Dialogue » vu du ciel. Un signal clair et pacifique qui arrive avant le début de saison dans les champs : « D’autres actions similaires ont lieu ailleurs en Suisse ce week-end. Il s’agit de la dernière opération de ce genre, hormis si nous n’obtenons pas de réponses à nos revendications. Car nous ne baisserons pas les bras ». Ce soir, il est principalement question d’exiger une baisse des charges administratives. « Nous passons parfois une heure par jour à remplir des formulaires de contrôle des cultures. Nous avons le sentiment que l’on nous empêche d’aller aux champs pour favoriser les importations » s’offusque Fabrice Chollet, jeune agriculteur à Puidoux. Le mouvement paysan demande également une hausse des prix sur les productions de 20 %, plus de stabilité et une meilleure valorisation du métier pour voir l’avenir plus sereinement. « On marche sur la tête quand un producteur de lait obtient en moyenne 13 francs de l’heure » expose Francis Egger, vice-président de l’Union suisse des paysans.
Solidarité paysanne
« Petit retour sur les lettres envoyées à l’OFAG, ils en ont reçu 2400 le même jour. Maintenant, l’Office fédéral de l’agriculture sait ce que signifie une charge administrative » rigole Arnaud Rochat lors de son discours. « Nous attendons leurs réponses d’ici le 11 avril. »
La colère du monde agricole semble avoir été entendue par le canton de Vaud. Puisque à la mi-mars, le gouvernement a annoncé vouloir réduire les contrôles imposés sur les paysans de 30 %. D’autres pistes ont également été évoquées en conférence de presse le 15 mars. Il s’agit d’améliorer la qualité des sols, d’offrir une meilleure transparence sur les prix entre paysans et grandes distributions, ou encore, une amélioration foncière plus importante. Pour 2023-2025, le Conseil d’Etat a adopté un crédit-cadre de 40 millions, soit 10 millions de plus que la version 2021-2023. Petite subtilité, la viticulture a pour la première fois rejoint ce programme d’amélioration foncière agricole, tout comme le changement climatique, qui s’ajoute aux défis du monde paysan.