Région Oron – Travail à la pelle sur les routes
Accompagnés de leur chasse-neige, les voyers de la région ont pour mission de transformer les routes enneigées en billard. Mais les chutes de neige exceptionnelles de la semaine dernière ont considérablement compliqué leur travail et la circulation. Reportage.
Les prévisions météorologiques n’annonçaient pas des chutes de neige de cette intensité. Du moins, pas durant la journée de mercredi 18 janvier. Si les pronostics ont permis à Marc Dufey et Simon Thomi d’anticiper le déneigement avant l’aube, la tâche s’annonce plus ardue dès le lever du soleil : « MétéoSuisse indique un retour des précipitations dès 7 heures du matin », s’exclame Marc Dufey en grimpant à bord de Bijou, son camion. A ce stade, les deux responsables du déneigement des routes cantonales traversant la commune d’Oron n’imaginent pas encore ce qu’il va leur arriver : « En douze ans d’activité, c’est peut-être la deuxième fois que je vois autant de neige en si peu de temps », avoue le chauffeur vers 11 heures du matin. Si les chutes de neige ont provoqué un chaos sur les routes romandes, le manque de visibilité n’a pas arrangé les choses : « On ne voit pas à dix mètres ».
« On a l’impression de ne jamais être passé »
Marc Dufey, conducteur de chasse-neige.
Voilà trois minutes que le smartphone de Marc n’avait pas sonné : « Des véhicules ont été abandonnées à la sortie d’Oron-la-Ville en montant sur Oron-le-Châtel », informe la voiture de piquet de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR). Lors d’importantes chutes de neige, des véhicules appartenant aux autorités cantonales parcourent les routes pour alarmer les conducteurs de chasse-neige. Répondant au mandat de la DGMR, les camions de la société de Marc sont inscrits en tant que service public : « C’est pour cela que nous avons des plaques minéralogiques bleues », précise le routier. Service public certes, mais également service aux automobilistes. Car s’il n’est pas toujours possible d’intervenir pour dépanner des véhicules, les conducteurs de chasse-neige n’hésitent pas à descendre de leurs bahuts si besoin : « Une voiture est sortie de la route entre Saint-Martin et Chesalles-sur-Oron », lance Marc Dufey. « Nous allons faire demi-tour et la voiture de piquet va interrompre le trafic pour sortir le malheureux ». Après une brève discussion avec le conducteur de la voiture embourbée, Marc attache une sangle entre sa voiture et son camion. Le 4×4 de Bijou fait son effet, et après quelques coups de gaz, le véhicule coincé dans 40 centimètres de neige retrouve la route.
Sentiment du travail accompli
Pour Marc et Simon, le déneigement est une tâche passionnante : « J’adore faire ça. C’est un travail concret », confie Marc. Pourtant, la journée de mercredi 18 janvier ne ressemble pas à une journée de déneigement conventionnelle. Car malgré la lame pivotante de quatre mètres fixée à l’avant de Bijou et les six tonnes de sel stockés à l’arrière du camion, il est toujours impossible de revoir la couleur du bitume : « On a l’impression de ne jamais être passé », s’insurge Marc Dufey. Regard fixé à travers le pare-brise embué, Marc joue du joystick pour incliner la lame dans la bonne direction. Il en faut parfois peu pour éviter de toucher les voitures patinant à la montée :
« Je ne peux pas trop parler là, c’est l’horreur cette visibilité. Il va falloir faire une pause pour arroser d’eau chaude les vitres de Bijou ».
Après une matinée à un rythme effréné, les chutes de neige s’interrompent en milieu d’après-midi. De quoi permettre aux deux conducteurs de chasse-neige de dîner en 29 minutes chrono et de peaufiner leur travail pour garantir le nettoyage des routes cantonales du secteur d’Oron. Leur intervention se poursuivra jusqu’à 20 heures, de quoi garantir une bonne nuit de sommeil, puisque les routes, tout comme le ciel, sont dégagés à présent.