C.F. Da Silva Costa, Enseignant au collège Arnold Reymond | L’événement « Parle de science avec elle » qui a eu lieu jeudi 14 mars, de 17h à 19h, représente une initiative novatrice, introduite par le collège Arnold Reymond et organisé par C. Berthoud et C.F. Da Silva Costa, dont ce
dernier a déjà participé à des soirées similaires aux Etats-Unis d’où le concept est inspiré, « Talk science with her ».

Cet événement a rassemblé dix expertes, motivées, issues de divers secteurs, tels que les sciences, la technologie et la médecine, provenant d’institutions et d’entreprises reconnues (UNIL, EPFL, CFF, Centre Nature les Cerlatez, Espace des Inventions à Lausanne…). Ces spécialistes ont partagé leurs expériences professionnelles, leurs projets, ainsi que leurs parcours de vie, mettant en lumière la manière dont elles parviennent à équilibrer leur carrière et leur vie privée. Durant la soirée, les élèves du secondaire, un peu plus d’une vingtaine, ont eu la liberté d’aller parler en petit groupe avec chaque intervenante. Elles-mêmes réparties à différentes tables, formant des petits ilots-ateliers. Les élèves étaient libres de rester plus ou moins longtemps avec chaque intervenante en fonction de leurs intérêts et de poser toutes les questions que leur curiosité pouvait amener. Ils furent encouragés à vraiment découvrir leur parcours.

Malgré une tendance générale où les femmes obtiennent plus de diplômes universitaires que les hommes, les filières STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) demeurent majoritairement masculines. Cette disparité se manifeste encore plus au niveau des postes académiques, où l’écart entre les genres s’accentue davantage. Aborder la question de l’égalité des genres dans les domaines STEM peut se faire de multiples façons, et il n’existe pas de consensus unanime parmi les éducateurs. Certaines institutions proposent des journées thématiques réservées exclusivement aux filles et l’initiative similaires aux Etats-Unis cible les jeunes sur le point d’entrer à l’université. Forts de notre expérience professionnelle et conscients que les stéréotypes de genre prennent racine à l’adolescence, nous avons jugé essentiel d’intervenir précocement pour briser ces schémas sociaux. C’est pourquoi notre événement était accessible aux élèves de la 9^e à la 11^e année, adoptant une démarche plus inclusive qui encourageait tant les filles que les garçons à échanger avec nos intervenantes. L’objectif était de transformer la manière dont les jeunes perçoivent les rôles de genre, sans pour autant mettre l’accent explicitement sur l’égalité des genres durant l’événement. L’ambition était de présenter des modèles féminins dans ces carrières de manière naturelle, afin que cela devienne progressivement la norme perçue par les jeunes, sans nécessiter d’insister lourdement sur cet aspect.

L’événement a connu un succès remarquable malgré des sujets sérieux et un horaire en dehors du temps scolaire. Du fait de leurs âges, les questions étaient plus axées sur les vies que sur les sujets techniques. L’enthousiasme débordant des élèves s’est manifesté par un flot incessant de questions prolongeant la soirée bien au-delà de l’heure prévue. Les discussions se sont terminées finalement à 19h30. Ce succès est bien évidemment aussi dû à la qualité de nos intervenantes.

Certains ont demandé si l’on pouvait refaire l’année prochaine, ce que les organisateurs espèrent bien. Les 11^es ont demandé si cette soirée pouvait avoir lieu plus tôt dans l’année afin de les aider pour leur choix de gymnase. Ils ont remercié toutes les intervenantes et tous les organisateurs et ont fait plusieurs commentaires positifs.

Cette réponse enthousiaste pour les sujets et les intervenantes est finalement un marqueur que l’objectif de la soirée a été atteint. Ils ont apprécié les discussions et le fait que ce soit des intervenantes est passé au second plan, dans le cadre de la normalité désirée. Nous espérons que cette vision perdurera dans le temps.