Monsieur… l’Arbitre !
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | L’autonomie de la volonté d’un homme, d’un sportif, car c’en est un, soit de l’arbitre, apparaît de prime abord à tout en chacun… assez obscure. Et pourtant, c’est Monsieur l’Arbitre! Il n’y a pas si longtemps, on l’appelait… L’homme en noir ! Sans lui, plus de match, plus de spectacle. Vous voilà dans l’enceinte d’un stade archi-comble ou d’une patinoire chauffée à blanc et par « miracle »… il n’est plus seul ! Chacun se prend à penser qu’il peut se suppléer, selon sa vision ou conception, au directeur de jeu, laissant par là, libre cours à ses « connaissances » assez diverses mais toujours à distance, soit depuis les gradins ou… tribunes sans jamais avoir osé, ne serait-ce qu’une fois, porter un sifflet à ses lèvres. On oublie trop souvent les qualités intrinsèques et nécessaires que doit gérer, en une fraction de vision, une situation de jeu qui peut, selon… prétériter toute une partie. Dans le monde du sport, la tradition arbitrale autorise ce meneur de jeu à statuer en équité toute phase d’un match. Il est confié à l’arbitre un pouvoir de réglementation connu de chaque joueur, de tout sportif, de dirigeant. C’est du moins ce qui est espéré… mais pas toujours respecté. Malheureusement, le rôle de l’arbitre est par trop contesté, souvent influencé par les enjeux financiers ou l’importance d’un classement. N’oublions pas non-plus l’interférence de certains médias autorisant parfois des situations qui ne devraient pas être tolérées sur la planète sport.
L’arbitre est souvent un bénévole fidèle à son sport, à son club
Il est cependant rarement professionnel et est investi de pouvoirs «normatifs». Règles connues et édictées par les instances dirigeantes de chaque fédération. Même si certaines obligations sont de mises pour tout club «d’offrir» à un ou plusieurs de ses sociétaires de suivre les cours d’arbitrage, cette fonction n’est jamais une sinécure. Acceptons qu’il faut, parfois, une certaine dose de… courage, et même, reconnaître être un peu «fou-fou» pour se lancer dans cette forme de sacerdoce sportif, mais la passion existant… à tout niveau, de la 5e ligue aux rencontres internationales. Les Fédérations l’ont bien compris en incitant de jeunes sportifs à s’investir dans l’apprentissage de l’arbitrage.
Ne l’oublions pas et acceptons que…
Tout arbitre est un sportif accompli, surtout de haut niveau. Son entraînement est intensif tant physique que pour la connaissance des règles et des lois de son sport. Il participe au bon déroulement d’une rencontre quelle qu’elle soit et toute décision est de principe sans appel, en se laissant la possibilité de l’annuler s‘il se rend compte que celle-ci est injustifiée, tout en se référant à l’avis d’un arbitre assistant. En plus, ses compétences et obligations sont diverses, édictées par un cahier des charges en rapport à «son sport» et, de principe, jamais ne sont dues à une initiative intempestive ou personnelle pouvant fausser le résultat d’un match.
Non, l’arbitre n’est jamais une «super star»!
Sans plagier Madame de Staël, l’arbitre n’applique certainement pas souvent cette pensée restée d’actualité: «La gloire est le deuil éclatant du bonheur» Même si, parfois, quelques personnalités marquantes du monde de l’arbitrage avaient, ou ont pour plaisir de démontrer leur talent d’acteur, voire de comédien mettant une pointe d’humour à leur fonction, le vœu pieux de l’arbitre est: la discrétion. Et surtout… de laisser le spectacle aux joueurs, aux sportifs, car il sait que ces derniers partagent avec les comédiens ce « privilège » redoutable mais tellement beau… d’en être l’acteur. L’arbitre, lui… restera toujours dans l’éphémère. Le souvenir ne lui sera jamais acquis. C’est cependant un rien qui contient tout. Lors de votre prochain match, que ce soit en 5e ligue ou de notre équipe nationale… admirez aussi de temps à autre… Monsieur l’Arbitre. Ce sera votre remerciement très fair-play.