Lutry – Mobilité, climat, crèches : les élus en débat
Conseil communal du 24 mars

Entre l’approbation du renouvellement du contrat de la patinoire jusqu’en 2029, l’épineuse question du soutien aux crèches privées et les finances communales, le Conseil communal de Lutry a abordé des dossiers aux enjeux forts. Retour sur une séance animée de débats et des décisions structurantes.
La séance du Conseil communal du lundi 24 mars a démarré sur une note légère avec la présentation du nouveau dispositif de vote électronique. Sous la houlette du fournisseur de la solution, les élus ont testé l’outil avec une question insolite : « L’ananas a-t-il sa place sur la pizza ? ». Après cet échauffement humoristique, c’est parti pour les choses sérieuses, le tout, sous la présidence de Charlotte Mathis. Cette dernière procède à l’assermentation de 2 conseillers, messieurs Delauney Yorick et Philippe Lörtscher.
Une patinoire assurée jusqu’en 2029
Les élus ont validé (une seule abstention) le renouvellement des contrats de location de la patinoire et de ses équipements annexes jusqu’en 2029. Depuis son installation en 2010 sur le terrain de beach-volley du Grand-Pont, cette infrastructure de 360 m² est devenue un véritable pôle d’animation pour les habitants en hiver. Le préavis souligne l’importance de conserver une patinoire en glace véritable, plutôt qu’un revêtement synthétique. « Cela offre une expérience de glisse authentique et familière pour les utilisateurs, sans nécessiter de couverture ou d’équipement spécifique pour l’aiguisage des patins ». Gérée par la Société de développement de Lutry (SDL), la patinoire continuera d’accueillir des événements comme des soirées de matchs aux cartes ou des initiations au curling, consolidant ainsi son rôle central dans la vie sociale et culturelle hivernale de Lutry.
579’000 francs de crédits supplémentaires
Le deuxième préavis à l’ordre du jour concerne l’octroi de crédits supplémentaires au budget 2024 pour le second semestre. Ces crédits additionnels visent à couvrir des dépenses imprévues ou des dépassements budgétaires de la Bourse communale et des Services industriels, respectivement, 568’000 francs et 11’000 francs. « Le montant des crédits supplémentaires demandés s’élève à 579’000 francs, portant le total annuel à 1’281’000 francs. Cela représente 1.1 % du total des charges globales inscrites au budget 2024 », rapporte Ludovic Paschoud, président de la commission des finances.
Pour information, Lutry est confrontée à un déficit budgétaire prévu de 3,4 millions de francs pour 2025. Lors d’une précédente séance de ce Conseil, il avait été décidé de temporiser des dépenses liées aux manifestations et de définir une politique culturelle précise. Un texte sera présenté aux élus cet été informe le municipal Alain Amy. Pour rappel, l’exécutif avait partagé fin 2024 qu’une augmentation des impôts à moyen terme était possible, ceci dans le but de maintenir l’équilibre financier et poursuivre les investissements nécessaires dans les infrastructures locales. Ne soulevant aucune interrogation, le préavis est accepté avec 73 voix et deux non-votants.
Vers un Plan Énergie et Climat ?
L’urgence climatique s’est également invitée aux débats avec la proposition d’un Plan Énergie et Climat communal (PECC), défendue dans un postulat par Jean-François Chapuisat. La Municipalité met en avant les démarches déjà engagées comme la planification énergétique, la certification « Cité de l’énergie », la création d’un poste de délégué au développement durable. L’élu pointe le délai de réponse de son postulat déposé il y a près de trois ans et demande à l’exécutif de préciser trois points : un calendrier pour l’amélioration de la notion d’un plan climat communal, des objectifs chiffrés de réduction de CO2 que la commune souhaite atteindre d’ici 2030 et accélérer les actions dans ce sens.
Autre sujet environnemental, celui de la réduction des nuisances sonores aux abords des routes. Le conseiller Guy Minder propose dans un postulat d’instaurer des zones de rencontre limitées à 20 km/h dans les secteurs les plus touchés. Dans sa réponse, la Municipalité, s’engage à identifier les zones les plus exposées et à envisager des solutions. Un sondage sera adressé aux habitants de Savuit, suivi d’une séance d’information le 13 mai.

Soutenir les crèches privées pour pallier le manque de places ?
« Il y a un énorme problème de places d’accueil de jour pour le préscolaire dans la structure de la Fondation des Structures de l’Enfance et de la Jeunesse, la FSEJ », lance Julie Gabriel Clerc (PLR) en défendant son postulat. Son idée ? Étudier la possibilité d’aider financièrement les familles qui remplissent les critères d’adhésion à un réseau public mais qui, faute de place, ont dû se tourner vers une crèche privée. Il s’agirait d’appliquer un tarif préférentiel grâce à l’aide de la commune, similaire à celui du public, pour ces enfants accueillis dans des structures privées. La Municipalité, de son côté, explique qu’aucune autre commune vaudoise ne pratique ce type d’aide, mais qu’elle serait tout de même prête à examiner la proposition.
Loin de faire l’unanimité, le postulat a réveillé quelques tensions politiques. Jean-François Chapuisat (Indépendants / Vert’libéraux) ne mâche pas ses mots : « On sait qu’il manque 300 places d’accueil, ce problème n’est pas nouveau et plusieurs idées ont déjà été proposées par le passé. C’est la raison pour laquelle je vais refuser ce texte. Pas parce que l’idée est mauvaise, mais parce que ce postulat vient du PLR ». Pour lui, le parti économique manque de vision : « Je ne peux accepter que le PLR, qui n’a pas pris cette question au sérieux autrefois, soit aujourd’hui, le parti qui demande des subventions ». Un argument balayé par Vincent Arlettaz, élu PLR : « La question n’est pas de savoir si Lutry fait de la politique politicienne, mais de régler la question du manque de places de crèche dans la commune. La preuve qu’il ne s’agit pas d’un problème de parti politique, mais bien d’un problème de fond, puisqu’il manque des places partout dans le Canton. Il ne faut pas non plus oublier qu’il n’est pas si facile de trouver des locaux et du personnel. »
Derrière le débat politique, c’est aussi la gestion des fonds publics qui interpelle. Camille Moser soulève une question essentielle : « Une place en nurserie coûte plus de 161 francs par jour dans une crèche publique, alors que dans une crèche privée, c’est 156 francs. On ne sait pas grand-chose sur le fonctionnement de la FSEJ. Pourquoi ne pas changer notre manière de faire et subventionner directement les parents plutôt que des structures dont on ne connaît pas l’efficience ? ». Sur le terrain, la question de l’équité se pose aussi. Nicolas Rod, père de deux enfants en crèche privée, témoigne : « En discutant avec des parents, je constate que certains veulent sortir leurs enfants du privé pour bénéficier des subventions du réseau de la FSEJ, alors qu’ils ont les moyens de payer une crèche privée ». Finalement, le renvoi du postulat à la Municipalité est accepté (47 oui, 14 non, 14 abstentions), ouvrant la porte à une étude approfondie de cette nouvelle piste pour soutenir les familles en attente d’une place.
Résidence Ilot du Parc : les derniers relogements en cours
Dans ses communications, la Municipalité a notamment fait un point sur la situation des résidents de l’Ilot du Parc, contraints de quitter l’établissement médicalisé après l’annonce de sa fermeture en janvier. Sur la trentaine de résidents concernés, seuls cinq n’ont pas encore trouvé de solution définitive, mais quatre d’entre eux ont déjà un logement en vue. « Une seule personne est encore en recherche d’un appartement conventionnel », précise le Syndic Charles Monod, soulignant les efforts déployés par la direction pour accompagner ces relogements.