Le plus grand navire-hôpital civil inauguré au Sénégal
Fondée à Lausanne en 1978, l’organisation internationale humanitaire « Mercy Ships » vit un moment historique: fin mai, le nouveau navire-hôpital Global Mercy est arrivé au Sénégal, marquant sa première fois sur le continent africain. Il rejoint l’Africa Mercy, actuellement à Dakar pour offrir des centaines d’opérations chirurgicales à ceux qui en ont le plus besoin.
René Progin | Plus de 108’000 opérations chirurgicales ont été effectuées à bord des navires-hôpitaux de Mercy Ships en 44 ans. Pourtant, ce n’est qu’un début : le nouveau navire-hôpital de l’ONG, inauguré le 30 mai par le président sénégalais Macky Sall, devrait permettre d’offrir des soins chirurgicaux pour au moins les 50 prochaines années !
Le Global Mercy rejoint l’Africa Mercy, le fleuron actuel de Mercy Ships, permettant ainsi de doubler l’impact de l’ONG, à la fois grâce à des opérations gratuites qui transforment la vie mais aussi par le biais de formations de professionnels de santé locaux dans les pays les plus pauvres d’Afrique. A cet effet, le Global Mercy est équipé d’un centre de formation à la pointe de la technologie. En effet, Mercy Ships travaille en partenariat avec les pays hôtes et les soutient pour renforcer leurs propres systèmes de santé tout en répondant aux besoins chirurgicaux urgents des plus démunis.
René Lehmann, directeur de Mercy Ships Suisse, explique : « Nous nous concentrons sur des spécialités chirurgicales spécifiques, telles que les tumeurs faciales et fentes labiales, les cataractes, les chirurgies de reconstruction plastique pour les grands brûlés ou encore les pieds bots, les goitres et les fistules obstétricales gynécologiques. »
Le bloc opératoire à bord du navire-hôpital : le Dr. Sherif Emil (à gauche) effectue une opération tout en offrant du mentorat à un chirurgien du Cameroun
L’accès aux soins chirurgicaux, un défi méconnu
Deux tiers de la population mondiale, soit quelque 5 milliards de personnes, n’ont pas un accès suffisant à des opérations chirurgicales sûres, abordables et en un temps opportun. C’est le constat d’une étude menée par la revue médicale The Lancet. En Afrique subsaharienne, 93% de la population n’a aucun accès à une chirurgie sûre, même de base.
C’est le cas par exemple de la famille de Aicha. Cette petite fille de Guinée a grandi avec des jambes courbées. Aicha doit malheureusement rester à la maison, car l’école se trouve bien trop loin pour ses jambes douloureuses. Sa grand-mère se souvient : « Nous l’avions bien emmenée à l’hôpital, mais ils ont dit qu’ils n’avaient pas l’équipement nécessaire pour faire quoi que ce soit. » L’opération dont elle bénéficie à bord et la physiothérapie post-opératoire
permettent de redresser ses jambes et lui donner un avenir !
Grâce à l’important travail de Mercy Ships, où tout est absolument gratuit, des populations entières peuvent retrouver l’espoir. Ils peuvent trouver un travail, ne plus être dépendants de leurs familles.
Bénévoles au grand cœur
Chaque année, plus de 1500 bénévoles s’engagent à plus ou moins long terme avec Mercy Ships. Des professionnels, tels que chirurgiens, anesthésistes, dentistes, infirmières, formateurs en soin de santé, enseignants, cuisiniers, marins, ingénieurs et agriculteurs offrent leur temps et leurs compétences pour faire
une différence !
Roland Decorvet, président de Mercy Ships Suisse, raconte : « En 2014, j’ai quitté mon poste à la direction de Nestlé Chine, pour bénévolement prendre les rênes du navire-hôpital Africa Mercy durant une année. L’image la plus parlante pour moi est de voir ces patients monter la passerelle chaque jour. En effet, la cabine où nous vivions en famille (60 m2 pour 6) était juste au-dessus de la passerelle. Chaque jour, nous voyions ces files de patients monter péniblement les marches mais chaque jour nous voyions aussi ce miracle de l’amour et de la médecine, d’autres dizaines de patients souriants en descendre guéris, non seulement dans leur corps mais aussi dans leur estime de soi, dans leur dignité: des nouvelles personnes. »
Fort ancrage suisse
Bien que l’organisation soit aujourd’hui internationale, elle garde un fort ancrage suisse. C’est en 1978 que Don et Deyon Stephens, couple américain établi à Lausanne, envisage d’acquérir un navire pour le transformer en hôpital chirurgical. Grâce à un emprunt auprès d’une banque suisse, Mercy Ships acquiert son premier navire, l’ancien paquebot M/V Victoria. Après quatre ans d’efforts de nombreux bénévoles, il est transformé en navire-hôpital et rebaptisé Anastasis.
Françoise André, de Paudex, s’engage avec Mercy Ships depuis sa création et est aujourd’hui vice-présidente du comité international. « Dès le début, j’ai été enthousiasmée par le rêve presque farfelu de mes amis Don et Deyon: jamais nous n’aurions imaginé qu’à partir d’un ancien paquebot désaffecté, Mercy Ships deviendrait l’organisation qu’elle est aujourd’hui. Je continue d’être émue par l’engagement de tous ceux qui servent en donnant de leur temps, de leur argent et de leur énergie ! »
Aujourd’hui encore, les bureaux de Mercy Ships occupent la Maison de Rovéréaz, sur les hauts de Lausanne. Le bureau pour la Suisse gère la relation avec les donateurs, la collecte de fonds et le recrutement de bénévoles, mais également divers projets à terre dans plusieurs pays d’Afrique.