Lavaux – L’ébourgeonnage
A la découverte des travaux de la vigne

Les vignerons s’activent actuellement dans les vignes. Avec l’arrivée des beaux jours, ils ont commencé l’ébourgeonnage, après la taille, il faut maintenant choisir les bourgeons qui deviendront les futures grappes de raisin.

Après la taille hivernale, les vignerons s’attèlent à l’ébourgeonnage. Etape clé du travail de la vigne au printemps, cela consiste à enlever quelques bourgeons du cep et à nettoyer les pieds de cep. Intimement lié à la taille, qui permet au vigneron de sélectionner sa branche à fruits et sa réserve, l’ébourgeonnage permet au vigneron de sélectionner les plus beaux bois qui seront adéquats pour la future récolte.
Comme l’explique Simon Vogel, vigneron-tâcheron pour le Domaine Denis Fauquex « L’ébourgeonnage est aussi un boulot très important dans la vigne. Il faut attendre que tous les bourgeons soient sortis, surtout pour éviter de devoir passer une deuxième fois, il faut sentir la vigne. Avec les températures du début du mois de mai, on voit que la vigne a pas mal poussé ».
Comment ébourgeonner
Le but premier de l’ébourgeonnage est de répartir les bourgeons sur la branche à fruit, sélectionnée durant la taille. Il faut équilibrer l’espace entre les bourgeons pour éviter un amas de grappes et qu’elles ne se retrouvent les unes sur les autres. Cette opération permet également d’apporter de l’aération sur le cep, ce qui évitera la formation d’humidité et de pourriture et donc d’éloigner au maximum les maladies, comme le mildiou et l’oïdium.

Si la vigne est en guyot ou en cordon permanent, le vigneron choisira un nombre de bourgeons à garder ainsi que leurs emplacements. « Pour une taille en guyot, on va choisir 6-7 bois, en comptant la réserve, ensuite on nettoie aussi tout le cep, pour éviter au maximum les maladies. C’est aussi important de garder intact notre réserve. L’ébourgeonnage est un travail délicat, où l’on va éclaircir la souche et préparer ce que l’on va garder pour la récolte », explique Daniel Buhlmann, vigneron pour la commune de Lutry.
Déjà penser à la prochaine taille
Sans vraiment de « procédure » pour ébourgeonner, chaque vigneron va procéder à sa manière, en gardant à l’esprit la prochaine taille. Pour Simon Vogel, « On ne peut pas enlever n’importe comment les bourgeons, le but est de continuer à former son cep. Si la taille a été bien faite l’ébourgeonnage est facile. Il faut toujours suivre le chemin de la sève et penser aux années suivantes. Mieux c’est taillé, mieux c’est ébourgeonné, plus ceux qui feront la taille l’année prochaine comprendront ce qui a été fait ».
Ainsi, la majorité des vignerons vont s’entourer de personnel ayant de bonnes connaissances de la taille et ayant déjà fait plusieurs saisons d’ébourgeonnage. C’est le cas de Daniel Buhlmann qui travaille depuis des années avec ses employés, « Au fil des années, ils connaissent bien les vignes et le travail et ils sont plus rapides, même parfois plus que moi pour trouver la réserve », sourit-il.
C’est dans ces moments-là que l’on comprend toute la complexité et la régularité du travail de vigneron, qui s’acquiert avec les années, comme le soulève Emilie Fauquex, qui travaille principalement à la cave, mais soutient quelques fois Simon à la vigne « C’est parfois dur de choisir le bon bourgeon, on cherche l’harmonie. C’est un réel feeling et une connaissance du métier ».
L’ébourgeonnage illustre combien le métier de vigneron repose sur l’anticipation, la précision et une vraie connaissance du vivant. Chaque geste prépare les récoltes à venir et s’inscrit dans un cycle long et exigeant. « La vigne ne pousse pas toute seule, c’est un métier complet. Ce n’est pas uniquement récolter du raisin et faire du vin », conclut Emilie Fauquex.
Prévention
De manière générale, les vignes sont des propriétés privées, et il est interdit de s’y promener hors des sentiers balisés. Pourtant, il n’est pas rare de voir des promeneurs traverser les vignobles sans prêter attention à la fragilité des bourgeons. Avec les températures estivales du début du mois de mai, la vigne pousse rapidement, ce qui la rend particulièrement vulnérable. Un simple contact peut suffire à faire tomber un bourgeon. De même, les chiens non tenus en laisse, qui se rapprochent des ceps, peuvent causer des dommages. Chaque bourgeon tombé compromet une future grappe, et c’est le fruit du travail des vignerons qu’il est essentiel de respecter.