La récolte 2023 – Lavaux au rythme des vendanges
Cette fois nous y sommes ! Le vignoble s’active pour la récolte du raisin et le bal des bacs, remplis du précieux nectar, défile dans les différentes caves de la région. Une parenthèse dans le quotidien de chacun et surtout l’aboutissement d’une année de travail.
Le sourire aux lèvres pour la récolte
Texte et photos Justine Brand | Les visages sont souriants et le moral est bon pour cette récolte 2023. La météo clémente de ces trois derniers mois n’est pas étrangère à ces sourires. A l’Union vinicole de Cully, le fait de pouvoir vendanger sous des températures agréables met tout le monde de bonne humeur, « les vignerons sont plus sereins avec cette météo et du coup l’ambiance générale l’est aussi », souligne l’œnologue Fabien Bernau. Les vendanges ont bien avancé et se termineront à la mi-octobre. Pour le gérant Martin Morgenthaler « tout se passe bien, on avance bien. La récolte est belle, autant en quantité qu’en qualité ».
Le sentiment est le même pour Agathe et Salvatore Figliola-Fonjallaz à Epesses. La famille possède un peu plus de 1.3 hectares de vignes pour le domaine familial. Les vendanges pour cette partie-là sont terminées et il reste à vendanger les vignes qu’ils ont en tâches. « Tout était parfait, tant en qualité qu’en quantité », souligne Salvatore.
Pour la famille Porta, les vendanges commencent gentiment mais sûrement. Jean-Daniel Porta, épaulé par son fils Clément, se réjouissent de commencer « on est content de rentrer le raisin, surtout quand il est comme ça beau. C’est l’apogée de la saison viticole ».
Quand quotas et maturité sont au rendez-vous
L’été qui se prolonge est l’un des facteurs de la bonne humeur, mais également les quotas. En effet, cette année les vignerons peuvent récolter 1.10 kg de raisin par mètre carré. Pour Martin Morgenthaler « dans 99 % des cas, les quotas sont respectés. Il y a quand même du tri à faire, mais il y a assez de raisin pour un rendu de qualité ». Salvatore Figliola est quant à lui enthousiaste sur la qualité du raisin « cette année, on est vraiment bien car la peau,la pulpe et les pépins sont mûrs en même temps ».
Chez les Porta, on remarque que le raisin a quand même souffert du sec et que la pluie du mois d’août a fait du bien. Concernant la qualité, il est encore difficile de se prononcer pour le vigneron-encaveur de Villette, mais il est optimiste et les quotas seront très certainement atteints.
De l’avis de tous, la maturité est au rendez-vous et pour l’Union vinicole, on se réjouit de cela : « pour nos vins rouges, on tourne entre 92 et 97 degrés Oechsle. A savoir que la maturité physiologique parfaite se situe vers 95, on peut donc dire que les sondages sont réjouissants », explique Martin Morgenthaler.
Même si elle donne le sourire au vignoble, la météo est également un challenge pour l’encavage. En effet, le raisin, une fois pressé, est mis en cuves. Pour une fermentation optimale, il doit être correctement refroidi. Fabien Bernau explique : « Avec les températures élevées, le moût est très chaud. Comme on vendange très vite et qu’on encave beaucoup, c’est un réel challenge de pouvoir refroidir tout cela ».
Une organisation bien huilée
De l’avis général, les vendanges sont une parenthèse appréciable dans le quotidien de chacun. A Epesses, Agathe Figliola remarque que « les gens font vraiment attention à ne pas nous déranger pendant les vendanges. Ils viennent seulement s’ils ont vraiment besoin de vins ». C’est vrai que pour le domaine familial, le temps des vendanges est vraiment dédié à cette activité. En collaboration avec Philippe Rouge, également vigneron-encaveur dans le village, ils s’occupent de leurs propres vignes de A à Z mais également de certaines vignes en tâches.
A Villette, le rythme est le même. Entre le travail à la vigne, la vinification et la mise en bouteilles, il y a de quoi faire sur les 5.5 hectares du domaine. Même s’il y a chaque année quelque chose de nouveau, l’organisation est bien rodée « avec les années, il n’y a pas de gros stress, on sait qu’il y aura toujours des heures à faire et qu’il faut être polyvalent ». Pour Clément Porta, qui effectue son stage en viticulture et œnologie, dans le cadre de sa formation à Changins, chez son père « c’est le quotidien qui change au rythme des saisons ».
Les choses sont quelque peu différentes à l’Union vinicole de Cully. En effet, la société coopérative réceptionne le raisin de ses vignerons sociétaires, et s’occupe ensuite de la vinification, la mise en bouteilles et la vente. Pour Martin Morgenthaler, « c’est une petite parenthèse dans le travail quotidien, mais une fois que les vendanges sont terminées on retourne à nos habitudes. On a notre équipe de base et une personne supplémentaire qui vient, depuis une trentaine d’années pour travailler pendant les vendanges. On a peut-être moins l’euphorie des plus petites structures ».
Les belles promesses du nouveau millésime
Entre la météo, les quotas et la qualité du raisin, nul doute que le millésime 2023 pourra ravir les professionnels mais également le grand public.
Pour Martin Morgenthaler, le blanc sera « fruité, frais et équilibré avec moins de richesses par rapport à 2022 ». Ainsi, le consommateur pourra retrouver l’essence du Chasselas, avec un vin facile à boire. Fabien Bernau se réjouit également et pense que « les vins rouges réserveront de belles surprises. Les parchets ont été bien maîtrisés au niveau de la charge. Le vin sera moins solaire, moins rond et moins opulent ». Le constat est le même pour Jean-Daniel Porta « le rouge sera fruité, moins riche et un peu moins concentré, avec un beau fruit », à confirmer lorsque ses vendanges seront terminées.
Finalement, Salvatore Figliola pense que le millésime 2023 s’inscrit dans la continuité du 2022 « les degrés sont assez proches, mais il sera mieux que 2022. Moins riche et moins fort en alcool. Niveau aromatique, les peaux sont meilleures et laissent moins d’amertume ».
Rendez-vous dans quelques mois pour confirmer cela !