La chronique de Denis Pittet – On tourne en rond ou pas?
Giratoire de la Claie-aux-Moines
Le giratoire est un sujet sans fin et un puits sans fond. Amusez-vous à taper « giratoire » dans Google : vous en ressortirez effaré. Parce que si vous croyez que c’est un point autour duquel tournent simplement des voitures, vous avez tout faux. Il existe sans doute une sociologie des giratoires et leur développement historique est des plus captivants. Inventés pour faciliter la vie et accessoirement le trafic (à la place des feux), les giratoires ont connu des formes de perversité rares et ont conduit à un effet totalement inverse. Pas sens inverse puisqu’en principe, dans un giratoire, tout le monde tourne dans le même sens. Sinon, accident.
Les giratoires, c’est comme les vagues. La littérature nous dit que c’est Eugène Hénard, urbaniste à Paris, qui les a inventés en 1906. Personne ne sait si c’est réellement vrai mais peu importe. On a construit des giratoires puis on les a démolis pour les remplacer par des feux. Depuis une petite vingtaine d’années, ils sont à nouveau à la mode.
Dans les années 1970, chaque village voulait sa fontaine originale et sa grande salle. Ah, il s’en est construit des grandes salles dans ce canton. Beaucoup sont tombées en ruines aujourd’hui. Mais la réussite d’un syndic, c’était sa grande salle. Comme c’était très cher une grande salle, l’esprit créatif s’est tourné vers les giratoires. Plus c’était grand, plus c’était beau ! Et rien n’empêchait ou n’empêche d’ailleurs, de mettre une (petite) fontaine au milieu du giratoire. Et des fleurs. Et des sculptures.
A la Claie-aux-Moines, le giratoire est moche et d’une infinie tristesse. C’est normal. C’est un giratoire pro-vi-soi-re. Bon, il est tellement provisoire que plus personne ne se souvient depuis quand il est là. En fait si. Depuis 2011 (!), à la demande du canton afin de décharger des reports de trafic de la route de Berne. On peut donc s’étonner de cet état de fait. En 2021, des feux ont été placés 15 mètres après le giratoire (placer des feux après un giratoire annule l’effet du giratoire) avec comme conséquence de monstrueux bouchons le matin et le soir. Personne n’est content de cette situation, sauf ceux qui sortent de la zone industrielle.
La commune de Savigny a soumis un projet de giratoire définitif au canton pour examen préalable. Retoqué. Elle va remettre l’ouvrage sur le métier. Elle aimerait un beau giratoire avec plein de sorties. Le hic c’est que la zone est classée en « assolement » : pour faire court, si tu creuses sur de la terre potentiellement cultivable, tu dois compenser. Et le beau giratoire serait un brin plus grand que l’actuel. Pour laisser tourner les bus. Bref. Vous l’avez compris : un jour cela changera. Mais ce n’est pas demain la veille.