La chronique de Denis Pittet – Il faut sauver la Pontaise
Projet de stade de Coubertin retoqué
Il y a trois semaines, la nouvelle tombait telle une bombinette dans le mode politico-sportif lausannois (et vaudois) et 24Heures titrait : « La rénovation du stade de Coubertin devra être revue ». Simple accident de parcours ? Pas du tout. Car derrière cette nouvelle se cache une Histoire (oui, avec un grand H) compliquée qui lie intimement au minimum quatre entités : la Ville de Lausanne, le stade
de Coubertin, le stade de la Pontaise et Athlétissima.
La commission chargée d’étudier le nouveau projet de stade à Vidy a trouvé le projet municipal « démesuré ». Entre autres. En un tournemain aussi rapide que surprenant, la Municipalité a retiré ce préavis. Ce geste rare a attisé les tensions et les questions.
Reprenons : Lausanne veut à tout prix mener à terme son projet Métamorphose et donc construire sur le site de l’actuelle Pontaise. Le stade de Vidy – rénové en 1976 pour accueillir en 1977 la première édition d’Athlétissima – a depuis été laissé à l’abandon. Aujourd’hui, le site s’inscrit parfaitement dans celui des ruines romaines qui le jouxtent à quelques dizaines de mètres… Un premier projet de nouveau stade a été élaboré dès les années 2013 et abandonné. Il ne s’est rien passé durant plus de dix ans. Et maintenant, comme par hasard, Métamorphose oblige, la Municipalité revient à la charge mais se fait retoquer, ce qui n’était pas prévu. Enfin, pas prévu, encore à voir, car présenter un projet à 70 millions alors que les caisses sont vides, est pour le moins hasardeux ou alors très malin.
Le stade de la Pontaise, quant à lui, a encore aujourd’hui un argument à faire valoir : il a le mérite d’exister… Le trouillomètre à zéro, Lausanne attend toujours de savoir si le vénérable édifice sera classé par le canton. Car si classement il y a, alors adieu logements supplémentaires et adieu loyers à encaisser. Il y a autre chose : la Pontaise à Lausanne c’est un peu comme l’aérodrome de la Blécherette. Difficile d’y toucher ! Sa valeur architecturale est reconnue. Il a accueilli une Coupe du Monde de foot en 1954. Il est doté d’une piste d’athlétisme. Il porte le nom de stade olympique dans la Capitale olympique (si cela a encore un sens…) parce qu’en 1955, Lausanne a terminé en seconde place derrière Rome pour organiser les Jeux d’été de 1960. Eh oui.
Un conseiller communal Vert lausannois a perfidement laissé entendre que dépenser 70 millions pour un soir d’Athlétissima était une hérésie et que rien ne prouvait qu’Athlétissima existerait encore au-delà de 2030. Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. Jacky Delapierre a démontré qu’Athlétissima, ce n’était pas qu’un soir (lire 24Heures du 12 mars). Et Athlétissima existera encore en 2035. Sauf si on lui enlève son stade ou si on ne lui en construit pas un nouveau. C’est aussi simple que cela.
Il existe une solution : utiliser les millions du projet de Vidy pour la Pontaise. Respecter son Histoire. Mettre fin aux polémiques. Gagner du temps. Et assurer au déjà suffisamment immense éco-quartier des Plaines-du-Loup une infrastructure sportive digne de ce nom. Cela donnera du bonheur et une saine occupation aux enfants de ce coin de Lausanne .