Cully Jazz Festival : 70’000 visiteurs et 12’500 billets vendus
Thomas Cramatte | La 41e édition s’est achevée samedi 13 avril. L’atmosphère estivale et la programmation ont largement contribué au succès de cette année. Entre découvertes de projets musicaux et d’artistes émergeants nationaux et internationaux, ce sont plus de 120 concerts qui étaient à l’agenda du 5 au 13 avril à Cully.
Les douze concerts payants ont affichés complets totalisant ainsi 12’500 billets vendus. Quant au festival Off, ses quinze scènes ont rassemblés plusieurs milliers de festivaliers. En tout, on estime que ce sont 70’000 personnes qui ont fait le déplacement dans
le chef-lieu du district. « Les ventes des stands de nourritures et de boisson ont très bien fonctionnés » informe un communiqué.
S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions concernant le bilan financier, les organisateurs sont très heureux de ce cru 2024.
Qui est Kyle Eastwood ?
Christian Dick | On peut ne pas être musicologue ou musicien, pas même amateur, mais force est de constater que, pour un temps à Cully, l’âme du jazz a vibré en chacun de nous. Comme, par exemple, cette soirée passée au Biniou, assis, serré et assoiffé. Ce jazz-là, celui des années vingt qui voyage de la Nouvelle Orleans, à New-York ou Chicago, c’est celui de l’entente fraternelle qui fait se balancer jeunes et vieux, celui que nous a bien rendue le quintette Just Hot Five.
Mais pas seulement. Peut-être aussi la magie du lieu, d’un lieu devenu très bio malgré la pollution sonore de certains groupes qu’endurent les Culliérans. Mais revenons au jazz.
Mardi soir, Kyle Eastwood est venu pour la deuxième fois à Cully, dans une formation de cinq musiciens. Bercé dans l’univers du cinéma, il a fait quelques apparitions à l’écran. Alors, pourquoi lui avoir préféré la musique ? Ses parents étant fans de jazz, Kyle a grandi entouré de disques de Duke Ellington, Charlie Parker, Miles Davis et Ray Brown, entre autres, qui tournaient sur la platine. Il devait avoir 14 ans, il a suivi des cours. C’était aussi le temps de l’indécision entre la batterie et la basse. Finalement, la basse l’a choisi. Sa mère aussi sans doute qui, l’avoue-t-il, ne voulait pas d’une
batterie à la maison.
Vers 17 ans, il s’est sérieusement entraîné pour devenir meilleur, une année après, il a décidé de devenir musicien professionnel. Depuis, il n’a pas arrêté. La musique le rend heureux et une carrière au cinéma n’entre pas dans ses projets. La musique est sa vie et, en composant, il reste impliqué dans le film. Le cinéma, c’est sa seconde passion.
Depuis, il s’est affirmé en tant que leader de groupes avec plus d’une dizaine d’albums à son actif, tout en composant plusieurs musiques pour son père, Mystic River, Million Dollar Baby ou
Letters From Iwo Jima.
Parmi les films ou la musique de films qu’il a préférés, il avoue que certains sont « forts ». Il rend ainsi hommage à certains compositeurs et à son père. John Williams est le compositeur de la musique du film The Eiger Sanction. L’escalade de l’Eiger par la face nord est périlleuse et marque Kyle. L’escalade est « pas mal », avoue-t-il, c’est du vrai, même si le film est outdated, la musique est « puissante ».
Si on lui demande s’il a des idées de collaboration avec d’autres cinéastes, il répond qu’il a composé pour des documentaires et pour deux films que sa soeur a réalisés. Et comment a-t-il réagi face au choix de sa fille pour le cinéma ? Qu’elle fait aussi de la musique, qu’elle écrit, qu’elle joue de la batterie et chante dans un Band. La musique reste dans la famille.
Kyle vient pour la deuxième fois à Cully et en garde d’excellents souvenirs. Dans son nouveau projet, « Eastwood Symphonic », le contrebassiste et bassiste rend hommage à son père en réarrangeant pour orchestre symphonique une dizaine de musiques de ses films. Parallèlement à cette nouvelle création, il propose à Cully en formation quintet « Eastwood by Eastwood », des musiques basées sur le même répertoire que celles des films de son père, en accordant les mêmes bandes originales de ses films à une approche traditionnelle du jazz, qu’il enrichit d’ornements lyriques.
Ainsi, du puissant Gran Torino au vibrant Sur la Route de Madison, sans oublier le mythique Le Bon, la Brute et le Truand, The Eiger Sanction, Impitoyable, Lettre d’Iwo Jima, l’Inspecteur Harry et Magnum Force, Mémoires de nos pères, le Bon, la Brute et le Truand et Pour une poignée de dollars, les musiciens interprètent des compositions issues du répertoire musical des œuvres du célèbre réalisateur, compositions dues à Lennie Niehaus, Kyle Eastwood, John Williams, Michael Stevens, Lalo Schiffrin, Ennio Morricone. Mais pour le moment, il ne prévoit pas de nouvelles compositions de musique de films.
Comment la musique naît-elle entre son père et lui ? Parfois, Clint compose l’idée au piano, ou une mélodie, que le fils reprend et travaille et qui peut devenir le thème principal du film. A propos, son père va bien, il est en train de terminer un film en ce moment même. Il aura, dans un mois, 94 ans.
Et lorsqu’on lui demande s’il s’est investi en politique, comme son père, maire un temps de Carmel, une ravissante localité sur la côte Ouest en Californie, il répond qu’il n’est pas intéressé par la politique, que le sujet est même celui qu’il trouve le moins intéressant. Le village de vacances bâti par son père non plus, mais c’est bien que certains le fassent, confie-t-il, et s’investissent pour le bien commun .