CINEDOC – Le rendez-vous documentaire des cinémas romands
Se mettre en quête des voix qui bordent la rivière
Philosophe de formation, Dominique Marchais tente depuis plusieurs années de représenter les territoires géographiques dans ce qu’ils ont de politique. La rivière est ainsi vue dans son nouveau film comme un lieu de tension entre ceux et celles qui la pratiquent au quotidien, et ceux et celles qui la dirigent de loin.
Le gave d’Oloron est une rivière française qui s’écoule dans les Pyrénées. Alors qu’il écrivait une fiction ayant pour sujet l’histoire d’un couple évoluant dans la campagne du Béarn, Dominique Marchais a réalisé qu’il était trop fasciné par le gave d’Oloron pour ne pas lui rendre hommage par le biais d’un documentaire.
Après La ligne de partage des eaux, le réalisateur peine à s’arrêter de filmer les rivières, elles qui exercent une si grande fascination sur lui. Il s’agit pour Dominique Marchais de montrer toute la complexité de son objet, et de tout ce qu’il a d’invisible. A l’image des microplastiques décelés dans les eaux, le réalisateur se met en quête de ce qui échappe à notre œil. Pour l’aider dans sa quête, il rencontre des scientifiques dont les outils techniques augmentent la capacité à voir. La Rivière fait ainsi l’inventaire de ce qui est invisible, déplie le réel, et utilise le cinéma pour le faire. Dominique Marchais réunit ainsi dans un même film des voix d’un bord et de l’autre de la rivière, des voix qui ne se connaissent pas malgré la convergence de leur intérêt, mais qui façonnent toutes ensemble une intelligence commune. Le film crée ainsi une communauté, comme le veut la très belle phrase de Rossellini que cite le réalisateur : « Le cinéma sert à montrer que le monde est peuplé d’amis ».
La rivière
de Dominique Marchais(Suisse, 2023), 105’, Vo st.fr
Cinéma de la grande salle de Chexbres,
vendredi 15 mars, à 20h30
Séance suivie d’une discussion
avec Yves Scheurer, collaborateur de la division des eaux du canton de Vaud