Il faut voir ses yeux quand elle joue avec ses arrière-petits-enfants

Maria Hernandez est née le 14 août 1933 à San Esteban de Gormaz en Espagne, une petite ville traversée par le Douro dans la province de Soria faisant partie de la communauté autonome de Castille-Leon. C’est juste à 1370 km de Chexbres avec 13 heures de route en voiture !Mais le destin n’a pas de frontières et fait fi des distances…

Maria était la 5^e d’une famille de 7 enfants. Elle a commencé à travailler à 14 ans dans une épicerie de son village. A 18½ ans, alors qu’elle était chez une de ses tantes à Tarrasa en Espagne, une amie qui avait lu que des Suisses cherchaient des jeunes filles pour des tâches ménagères lui a demandé de bien vouloir l’aider à écrire une lettre et remplir divers papiers. Son amie lui a dit : pourquoi tu ne remplirais pas aussi des documents à ton nom et c’est ce qu’elle a fait !

Quelque temps plus tard, elle reçoit un courrier qui l’informe qu’une famille suisse aimerait l’employer pour parler avec leurs filles en espagnol et l’aider au ménage. Malheureusement, son amie n’avait pas été choisie ! Malgré la tristesse d’abandonner sa famille et ses amies, elle a pris le train pour la Suisse sans oublier de promettre qu’elle trouverait une place de travail pour son amie.

Au début des années 1950, les gens contrôlant les étrangers venant travailler en Suisse n’étaient pas forcément très tendres et bienveillants. Mais rien n’arrête Maria. Elle est très vite appréciée par sa famille suisse et trouve comme promis du travail, pour ses amies et ses sœurs.

Les jours de congé, Maria et ses amies se retrouvaient à Ouchy pour danser et c’est là qu’un soir le jeune imprimeur Gilbert Braillard voit de dos une femme avec des longs cheveux noirs et brillants. Son cœur bat à tout rompre. il faut absolument qu’il l’invite à danser… Il s’avance vers elle, voit son visage et tombe raide amoureux. Le coup de foudre de Cupidon !

Ainsi, le 5 septembre 1959 à 10 heures à l’église Notre Dame du Valentin à Lausanne Maria dit OUI à Gilbert et devient Mme Maria Braillard ! En 1960, ils accueillent Eliane et deux ans plus tard Hermine qui viennent agrandir la famille.

Ses beaux-parents restaurateurs ont tenus divers établissements à Morges, Signy, la Step à Ouchy et l’Avenir à Vevey. Ils étaient heureux de pouvoir compter sur une belle-fille qui était toujours là pour mettre la main à la pâte avec sa gentillesse et son grand sourire. A cette époque l’autoroute A9 était en construction et les ouvriers espagnols étaient contents de retrouver dans le restaurant et leurs assiettes une saveur qui leurs rappelaient leur pays.

En 1971-1972, le couple décide de construire une maison à Chexbres. Elle s’appellera Gilmar contraction de Gilbert et Maria ! C’est la maison du bonheur qui voit s’y regrouper toute la famille.

En 1974, Gilbert a repris l’imprimerie La Chronique de Lavaux à Cully et Maria a dû apprendre divers travaux d’imprimerie : pliage du journal, expédition, assemblage, agrafage des livrets de fête, etc.

Puis, elle a reçu sa machine. Une plieuse, enfin plus besoin de plier le journal à la main, c’est top !

Pour vivre avec un imprimeur, il faut du caractère pour faire une bonne impression !

Ils ont pris leur retraite en janvier 1995 au pays du soleil à Peníscola entre Barcelone et Valence en Espagne. Cette fois leur maison se nomme Margil de Maria et Gilbert ! Là-bas, c’est elle, une Espagnole de naissance, qui fait la fondue pour les amis et amies, ça c’est la meilleure !

Maria et Gilbert sont revenus en Suisse en 2018 pour des raisons de santé. Leurs filles trouvaient plus rassurant de les avoir près d’elles. Retour dans la maison du bonheur avec leur fille Hermine et Jean-François le beau-fils.

Maria c’est aussi une maman merveilleuse qui peut jouer des heures avec ses petits-enfants. Elle en a 7 et elle est aussi 8 fois arrière-grand-maman. Il faut voir ses yeux quand elle joue avec ses arrière-petits-enfants.

Mardi 15 août 2023, le syndic Alain Bouquet et le municipal Jean-François Chevalley (également beau-fils), sont venus souhaiter un joyeux anniversaire à Maria Braillard, née Hernandez, qui a soufflé ses 90 bougies en gardant toujours ce délicieux accent du sud qui chante et qui réchauffe le cœur.

Elle méritait bien les cadeaux offert par la commune de Chexbres et plus particulièrement un exemplaire de La Tribune de Lausanne du 14 août 1933, le jour de sa naissance.

Bonne lecture 

et  joyeux anniversaire Maria !