Cathy quitte Mézières
Bien entendu, ce titre n’est modestement qu’une parodie d’une des plus fameuses chansons de Boby Lapointe des années 60 : « Ta Katie t’a quitté… ». La plus célèbre coiffeuse de Mézières, qui exerce son métier dans son salon en face du « Migros » depuis 47 ans, a toujours eu un profond respect de ses clients. Ce n’est pas pour rien que la grande majorité la regrette déjà. Elle va quitter Mézières à fin juillet. La vente de la maison qui abritait son salon va prochainement être vendue, une situation qui a également précipité sa décision.
Cathy Chollet a fait un apprentissage de quatre ans de coiffeuse, dame et homme, chez Paul Gremaud à Oron. Elle lui a été fidèle durant neuf ans : « Ça l’arrangeait d’avoir une coiffeuse pour hommes », se remémore la professionnelle. Avant de devenir indépendante, Cathy roule sa bosse en reprenant le salon de Louis Stubbi ; elle ne l’a pas quitté depuis, puisque c’est entre ses murs qu’elle embellit les cheveux de sa clientèle.
Fille unique de Daniel, maître charron et menuisier, et de Marthe Chollet, Cathy a fait ses classes à Essertes et à Oron. Son compagnon, mordu de chasse, après 15 ans de vie commune, est décédé de maladie. Le papa l’a rejoint à 90 ans. Sa maman qui va fêter son 101e anniversaire en août dans l’EMS de Praz-Joret à Mézières est le boute-en-train de l’établissement et tient une forme que bien de ses copines lui envient.
Une retraite méritée
Bien des clients l’ont abandonnée parce qu’elle n’a jamais voulu prendre de rendez-vous au téléphone, ce qui est très rare : « Je ne veux pas passer ma vie au téléphone », nous dit-elle. Très professionnelle, elle ne discutait qu’avec la personne en train de se faire coiffer. Elle évitait soigneusement les autres qui attendaient. Jusqu’à six personnes ont patienté pour avoir leur tour (la longueur du banc d’attente). Elle s’est concentrée sur les messieurs, laissant la place aux autres coiffeuses pour les dames.
Elle n’a pas souscrit aux coupes footballeurs : « J’aurais dû prendre des cours de perfectionnement, ce n’est plus de mon âge ». De tempérament direct, elle adaptait ses discussions au gré de ses clients. Elle n’a jamais fait de permanente aux hommes et déconseillait au plus haut point la coloration des cheveux. Un de ses arguments : « Un homme doit assumer son âge, je déteste voir un homme aux cheveux teints avec des favoris blancs », se plait-elle à dire. Bien que le métier de coiffeuse soit extrêmement pénible ; toujours debout, obligée de lever les bras pour atteindre la tête du client. Un physiothérapeute lui a dit qu’elle avait les mêmes symptômes qu’un ou qu’une joueuse de tennis…
Sa retraite, bien que ses clients lui manquent déjà, elle le consacrera à la lecture et à la marche. On souhaite à Cathy qu’elle atteigne au moins l’âge de sa maman, en aussi bonne forme.
Cathy convie pour son adieu à Mézières tous ses clients pour un apéritif sur la devanture de Frédéric Pillet, juste à côté de son salon, le samedi 29 juillet dès 11 heures.