Bourg-en-Lavaux – Rendre l’éclairage public inoffensif
Lancé avant les suspicions d’approvisionnement en électricité, le renouvellement des candélabres est analysé depuis 2017. Une opération complexe qui en vaut la chandelle, puisqu’il s’agit de réduire la consommation et, surtout, d’éviter la pollution lumineuse. Entretien avec Jean Christophe Schwaab, municipal en charge du dossier.
Télégestion, économie, entretien simplifié, illuminer de manière intelligente, voici les critères demandés à un éclairage public « nouvelle génération ». Pour la commune de Bourg-en-Lavaux, remplacer ces infrastructures est un travail de longue haleine : « Depuis 2017, notre Plan lumière analyse les besoins des citoyens », commente le municipal. L’une des difficultés principales réside dans la configuration de la commune. « Nous avons hérité de plusieurs types d’éclairage public lors de la création de Bourg-en-Lavaux en 2011 ».
Supprimer l’inutile
L’un des objectifs du Plan lumière est de trier les installations obsolètes de celles présentant des avantages pour les citoyens. Le document met ainsi en lumière plusieurs inepties. A titre d’exemple, au lieu-dit La Clavile, dans les hauts de Cully, un luminaire isolé n’éclaire tout simplement rien (voir image). Autre exemple à Riex, à Sous Rosset, où un candélabre alimenté par une ligne électrique aérienne se retrouve usé par les branches des arbres. En plus de nécessiter un entretien coûteux, l’installation est considérée comme inutile puisqu’elle illumine la chambre des animaux vivant dans ce petit coin de nature : « Avant de rendre l’éclairage public pilotable et plus économique, notre motivation principale est de le rendre moins nuisible, que ce soit pour les citoyens ou pour la faune » rappelle Jean Christophe Schwaab.
Cette étape qui consiste à enlever les luminaires et mats inutiles a déjà débuté. Un appel d’offre a été effectué afin de choisir quelle société sera chargée de remplacer progressivement le millier de candélabres que compte la commune, ces résultats sont en cours d’examen : « La mise en œuvre prendra certainement plusieurs mois, la faute notamment aux délais de livraison et à la pénurie des matériaux qui touche ce domaine ».
« Notre motivation principale
Jean Christophe Schwaab, municipal
est de le rendre inoffensif, que ce soit
pour les citoyens ou pour la faune »
Faire du neuf sur les bases d’antan
« Avec la création de la commune de Bourg-en-Lavaux, nous avons hérité de cinq réseaux qui ont été conçus différemment ». A ce titre, le municipal rappelle que la localité d’Epesses présente encore des éclairages fonctionnant avec de la vapeur de mercure. Outre les méthodes d’éclairage, la manière de calculer la consommation d’électricité doit être améliorée. C’est la raison pour laquelle des compteurs intelligents seront répartis sur le territoire communal. Chaque nouveau luminaire sera en outre équipé de commandes intelligentes à distance, ce qui permettra de diminuer l’éclairage public lorsqu’il est le moins utile, de l’éteindre au cœur de la nuit tout en conservant un éclairage sur les passages piétons, pour des raisons évidentes de sécurité.
Pour bien comprendre, il faut replonger dans le contexte d’autrefois, où l’énergie était accessible et bon marché. La nuit, il s’agissait d’éclairer les rues des villes et villages suisses afin d’utiliser l’électricité qui était produite entre 22 et 5 heures. C’est la raison pour laquelle 81 % de l’éclairage public de Bourg-en-Lavaux possède une facturation à forfait.
« Le mode de facturation à forfait est défavorable pour la commune de Bourg-en-Lavaux et ne nous permet pas de savoir combien nous consommons – une ineptie à l’heure de la sobriété énergétique ! » informe le préavis qui avait été présenté en novembre 2022. Les travaux débuteront l’année prochaine et s’étaleront sur deux à trois ans.
Tests grandeur nature
« Sans rien dire à personne, nous avons mis des nouveaux modèles en test dans les rues de Cully, sans que cela ne génère de commentaires négatifs » se remémore Jean Christophe Schwaab.
« Nous savons que les gens sont très attentifs à l’éclairage. Il suffit d’entendre le nombre de téléphones sitôt qu’il y a une anomalie. Les citoyens sont très attentifs à cela et ils ont bien raison ». C’est avec cette philosophie que des éclairages LED ont déjà pris place dans certains quartiers du chef-lieu. Attention toutefois, car il ne s’agit pas de diode-electroluminescente choisie au hasard, la technologie LED produisant souvent une lumière forte : « Nous avons prévu des filtres afin d’obtenir une diffusion de la lumière pour ne pas éblouir les passants ».
Afin d’éviter que les installations ne soient obstruées par la poussière et les toiles d’araignées, comme c’est le cas avec les anciens luminaires, les nouvelles montures ne posséderont pas de verre. Pour faire simple, l’ampoule LED, plus petite qu’une ampoule traditionnelle, laissera la place de loger les instruments pour la télégestion. « Au lieu d’éclairer dans tous les sens, le LED permet d’illuminer le sol, plutôt que d’éclairer les animaux ou les chambres à coucher des habitants. »
Inspiration pour d’autres communes
Pour bien cerner les besoins des riverains et les rassurer, les autorités communales, avec les services d’un bureau spécialisé en la matière (Radience 35), ont mis sur pied des marches d’exploration nocturne. Il s’agissait d’expliquer le déroulement de l’opération, de recueillir les avis et de définir les endroits devant rester allumés ou pas. En tout, les deux sorties ont récolté les avis d’une centaine de citoyens.
A la suite de ces deux rendez-vous, une motion du Conseil communal avait abouti à l’extinction de l’éclairage public de la localité de Riex durant six mois en 2021 : « Ce test a permis de recueillir le ressenti des riverains et de démontrer que le nombre d’accidents et de cambriolages n’augmente pas en fonction de l’éclairage. Il est clair que dans une grande ville, on réfléchit différemment que dans une commune comme la nôtre, qui présente des zones de bourg, des chemins de vignes ou des zones villas » détaille Jean Christophe Schwaab. Une méthode de conciliation qui a porté ses fruits, car le préavis présenté à la fin 2022 devant le Conseil communal a été accepté à l’unanimité moins une abstention par les élus. Il s’agissait alors de débloquer un montant de 1.57 million de francs pour la renouvellement complet de l’éclairage public. Une manière de faire qui a manifestement inspiré d’autres communes : « Val-de-Ruz dans le canton de Neuchâtel possède également un territoire important offrant plusieurs profils. Nous avons partagé nos expériences avec ces autorités. »