A la rencontre des gens d’ici
Martine (Palézieux-Village)

Georges Pop | «Pour moi, c’est une deuxième vie qui a commencé. C’est une véritable révélation ». A 52 ans, Martine Fiaux-Porchet a réalisé son rêve : ouvrir son propre atelier de créations textiles. Pourtant, rien à priori ne prédestinait cette femme élégante, à la bonne humeur communicative, à basculer dans l’artisanat, pour se consacrer aux fibres anciennes, à la teinture végétale, ainsi qu’à la couture. « Dans ma première vie, j’étais ingénieure en biotechnologie. J’effectuais des recherches dans le domaine alimentaire. Avec mon mari et nos deux enfants, nous sommes partis en Chine pendant quatre ans, puis en Angleterre. C’est à Londres, un peu par hasard, en suivant une formation, que j’ai découvert cet engouement pour les étoffes et les plantes tinctoriales. J’ai été fascinée », raconte-t-elle. De retour en Suisse, il y a deux ans, Martine, originaire de la Broye, et sa petite famille trouvèrent à se loger dans une jolie propriété, à Palézieux-Village. Dans le jardin, l’ancienne scientifique se consacra aussitôt à sa nouvelle passion: la culture de plantes dont elle tire ses teintures. Sur ce sujet, elle est intarissable : « Je privilégie les plantes indigènes. Mais ce n’est pas toujours facile à 700 mètres d’altitude (rires). Mais je fais aussi de longues balades dans nos forêts pour ramasser des racines et des feuilles qui servent à faire des impressions végétales ». Modeste, elle précise n’avoir rien inventé : « J’utilise les recettes des teinturiers d’autrefois pour créer des pièces contemporaines. J’ai aussi à cœur de revaloriser des textiles anciens que nos grands-parents savaient produire avec du lin, du chanvre ou encore de l’ortie ». Cette activité qui lui donne tant de bonheur, Martine a très vite eu envie de la partager. Au printemps 2021, elle a trouvé un local adéquat, pas très loin de chez elle, pour y installer son atelier : l’ancienne salle de la paroisse d’Oron-la-Ville, au 1er étage du bâtiment de La Concorde. Depuis, elle y produit ses couleurs et y conçoit ses créations. Elle y enseigne aussi la couture, ainsi que les techniques anciennes de teinture végétale. Au milieu de ses œuvres bigarrées, si belles et délicates, dans un ambiance détendue, elle y accueille désormais toutes celles et ceux qui, individuellement, ou par petits groupes, sont curieux de découvrir son travail ou embrasser sa passion. « C’est toujours ouvert, en semaine, mais il vaut mieux prendre rendez-vous », précise-t-elle. L’ancienne ingénieure, convertie à l’artisanat, partage-t-elle aussi son goût pour les créations textiles avec le reste de sa famille ? La question produit un sourire amusé : « Ils sont bien sûr très heureux de me voir m’épanouir dans cette activité. Ma fille de 17 ans est plutôt du genre littéraire. Elle ne s’implique pas dans mon travail. En revanche, mon fils de 14 ans, lui, est très curieux de ce que fais. Je lui montre mes techniques et ça a l’air de lui plaire ». Merci Martine, bonne continuation et bonne année ! « Ah ! Ce serait sympa de signaler l’adresse de mon site internet : www.crea-tine.ch. Il associe le mot création à mon prénom ». C’est noté !