La transmission d’entreprise au cœurdu Forum économique de Lavaux
Pour sa troisième édition, l’événement a abordé les bons réflexes à adopter pour une transmission d’entreprise réussie, enjeu majeur dans la pérennisation des domaines agricoles et viticoles.

L’objectif était clair le jeudi 4 juillet à l’Hôtel Préalpina de Chexbres : sensibiliser sur la transmission d’entreprise. Lors de son intervention, Xavier Fromaget, directeur de PME Successions SA, a présenté des statistiques : « La Suisse compte 600’000 entreprises, selon des sources de l’industrie, 93’000 PME devront faire face à une reprise d’ici cinq ans ». Pour bien comprendre cette situation, il suffit de regarder l’état actuel de la société. Avec la génération des babyboomers qui partent à la retraite, les liquidations d’entreprises constituent un vrai challenge pour l’économie du pays. « Aujourd’hui, les successions familiales sont moins fréquentes, et le marché du travail est quasi saturé, rendant les talents rares et précieux », sensibilise le directeur. « Il est crucial d’anticiper les transmissions pour maintenir la richesse des entreprises, qui repose avant tout sur leurs employés. »
Les défis dans les secteurs agricole et viticole
Pour centrer sur la branche primaire, Daniel Kämpf, gérant de l’office de Crédit Agricole Prométerre, a expliqué la complexité et la longueur que peuvent avoir certains processus de transmission : « Une des clés, c’est que tous les acteurs croient à une reprise. Les vendeurs et les acheteurs doivent s’investir pleinement dans leur projet commun ». Pour lui, les secteurs agricole et viticole sont très sensibles, puisque la famille du vendeur réside souvent sur le domaine de l’entreprise : « Il est crucial de bien préparer les aspects émotionnels et financiers d’un changement de propriétaire pour éviter les perturbations familiales ».
Retour d’expérience
Après une pause café-croissants, d’autres acteurs prennent les micros pour la table ronde. Pierre-Luc Leyvraz, vigneron à Chexbres, a récemment remis son exploitation : « J’ai une fille unique qui n’est intéressée ni par la vigne, ni par le vin, ni par le commerce. C’était donc mal barré pour reprendre l’exploitation viticole », rigole l’éleveur de Chasselas. « J’ai aujourd’hui 64 ans, et cela fait depuis mes 58 ans que je cherche une solution ». Avec son recul, il insiste sur le fait de prendre son temps et d’imaginer son domaine d’ici deux décennies ou plus. « J’ai fait une première tentative de reprise il y a quatre ans en intégrant un associé trop rapidement. Ce que j’avais imaginé n’a pas pu se concrétiser ». Pour sortir de cette impasse, le vigneron-entrepreneur se tourne, un peu en dernier recours, vers son voisin, Constant Jomini : « Nous nous sommes rapidement entendus et avions la même vision du futur, d’autant plus que dans le village, on sait comment travaillent les autres », se remémore Pierre-Luc Leyvraz. Après avoir fixé un prix de vente pour la valeur du matériel utile à l’élevage du raisin, Constant Jomini, sa femme et leurs deux fils ont repris la gestion du domaine depuis le 1er janvier de cette année. « Les règles cantonales tablent sur un contrat de douze ans. Nous avons donc signé pour ce laps de temps où je reste propriétaire, mais où je loue mes vignes. On ne fait pas ça à la légère. Il faut être convaincu, même si nous ne pouvons être complètement certain que cela va fonctionner ».
A titre de comparaison, le témoignage de Delphine Morel. Cette ancienne employée de commerce a été appelée par le monde du vin. Un univers qui ne lui est pas totalement inconnu, puisqu’elle œuvrait, avec ses deux sœurs, dans le domaine familial. Après une formation à l’école de viticulteur et d’œnologie de Changins en 2010, Delphine Morel a repris le domaine de ses parents quelques années après : « Nous avons énormément discuté avec mes parents et mes sœurs, car nous avons toutes et tous une très bonne entente. Nous avons opté pour un pacte successoral pour que tout soit écrit noir sur blanc et pour qu’aucun membre de la famille ne soit lésé dans cette affaire. »
Pour finir
Le Forum économique de Lavaux et ses tables rondes ont mis en lumière les défis et les meilleures pratiques en matière de transmission d’entreprise. Les prises de paroles ont appuyé sur l’anticipation et l’investissement personnel dans ces démarches. D’après les retours d’expériences, la réussite d’une transition d’entreprise repose sur la transparence, la préparation et la confiance entre les parties concernées, garantissant ainsi un avenir serein et prospère pour les entreprises de la région.
Qui met sur pied le Forum économique de Lavaux ?
Le Forum économique de Lavaux est organisé tous les deux ans par Promove (Promotion économique de la région Montreux-Vevey). L’association, qui œuvre pour le soutien et le développement du tissu économique régional, compte 13 communes de la Riviera et de Lavaux et regroupe 330 entreprises de tous secteurs d’activités.