votations du 22 septembre
Initiative biodiversité – Augmenter les surfaces et les moyens dédiés à la biodiversité ?
Le monde animal et végétal est en déclin en Suisse. Pour contrer ce phénomène, des organisations de protection de la nature et de l’environnement ont lancé l’initiative biodiversité. Explications.
La Suisse n’agit pas assez pour la sauvegarde de notre nature et de nos paysages et donc de notre source de vie. Nous ne pouvons pas continuer ainsi », s’offusquent les initiants de Oui à la biodiversité. Ces derniers estiment que notre pays doit faire plus pour conserver la nature, le paysage et la physionomie des localités, ou encore, les monuments naturels et culturels dignes de protection. Pour y arriver, le texte soumis au peuple réclame plus de surface et de moyens dédiés à la biodiversité.
En 2023, les aires protégées d’importances nationales, régionales ou locales couvrent 10.7 % du territoire helvétique : « Bien que la superficie totale ait augmenté ces dernières années, l’objectif du Conseil fédéral visant à placer sous protection 17 % du territoire national d’ici 2020 n’a pas été atteint », détaille l’Office fédéral de l’environnement dans son dernier rapport.
Le comité de l’initiative relève qu’un tiers des espèces animales et végétales sont menacées ou déjà éteintes et que la moitié des milieux naturels sont en danger.
Un texte qui a failli ne jamais exister ?
Pour atteindre les fameux 17 % de surfaces en faveur de la biodiversité et pour soutenir les partisans à l’initiative, le Conseil fédéral avait présenté un contre-projet en 2020. Si cet objectif était atteint, les initiants s’étaient dit prêts à retirer leur texte. Mais en décembre 2023, le Conseil des Etats refuse d’entrer en matière, notamment en raison de la droite qui juge le texte trop extrême. Pour le Centre, le PLR et l’UDC, ce texte affaiblirait l’agriculture, l’économie et freinerait le développement des énergies renouvelables.
L’initiative ne mentionne pas combien de surfaces et de moyens sont nécessaires pour garantir la promotion de la biodiversité. « Elle met la Confédération et les cantons face à leurs responsabilités », informe le site de Oui à la biodiversité. Autrement dit, c’est au Parlement de définir les détails qui seront inscrits dans la Constitution.
Impact financier
Chaque année, la Confédération investit quelque 600 millions de francs dans la conservation de la diversité des espèces. « La plus grande partie de cet argent est versée aux agriculteurs pour leur surface de promotion en faveur de la biodiversité », rappelle le portail du Gouvernement. Ce dernier explique dans une vidéo qu’il n’est pas possible d’estimer précisément les coûts en cas d’acceptation. Cependant, la Confédération évalue à plus de 400 millions supplémentaires, soit environ un milliard par année, pour atteindre les objectifs de l’initiative.
En conclusion
Alors que la Suisse se prépare à voter sur l’initiative biodiversité, le débat reste vif entre les partisans d’une protection accrue de la nature et ceux qui craignent un impact négatif sur l’agriculture et l’économie. Cet objet met en lumière l’enjeu de la préservation de l’environnement face à des intérêts économiques concurrents. Le 22 septembre, les Suisses devront décider s’ils souhaitent donner à la biodiversité une place plus importante dans le futur, quitte à adapter l’économie helvétique.
Réforme LPP – Deux ans après la réforme de l’AVS, le 2e pilier est à l’épreuve
Adapter le système de retraite à l’évolution de la société pour éviter que des milliers de Suisses se retrouvent sur le carreau. Derrière cet objectif qui peut paraître simple, se cache l’un des objets soumis à votation le plus complexe de ces dernières années. Explications.
L’avenir de la prévoyance professionnelle, qui a pour principe d’assurer un futur serein à tous les salariés, se décide le 22 septembre. La réforme sur la Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivant et invalidité (LPP) est une mise à jour du 2e pilier. En vigueur depuis 1985, le processus est devenu obsolète aux yeux du Conseil fédéral et du Parlement : « Lorsque la LPP a été créée, il était normal de travailler toute sa vie pour un employeur et cela à 100 %. Aujourd’hui, c’est différent », annonce le camp du oui sur son portail web.
Pourquoi c’est si complexe ?
Pour bien comprendre, il faut savoir que chaque salarié est dans l’obligation de cotiser à la LPP. Si en théorie, le principe de « donner » une certaine somme de son revenu est simple, en pratique, cela ne l’est pas forcément. Et pour cause, notre pays compte plus de 1000 caisses de pension, avec chacune, leurs propres règles. A ce titre, il est bon de rappeler qu’elles ne seront pas toutes impliquées de la même manière par la réforme. Les personnes affiliées devront par ailleurs se renseigner auprès de leur caisse de pension sur les changements en cas de succès le 22 septembre.
Avec l’espérance de vie qui augmente en Suisse, les retraités perçoivent leur pension sur une période plus longue, ce qui pèse davantage sur les caisses de pension. Parallèlement, les rendements sur les investissements des caisses de pension ont baissé, rendant leur gestion financière plus difficile.
Pour rappel, le système de prévoyance vieillesse repose sur les trois piliers. A savoir, l’AVS (1er pilier) pour Assurance vieillesse et survivants, une assurance obligatoire gérée par l’Etat. Elle garantit à tous les citoyens une pension de base suffisante pour vivre. Le deuxième pilier ou la caisse de pension, c’est justement cet élément dont il est sujet avec cette votation. Ici, les personnes actives y cotisent automatiquement via une partie de leur salaire, tout comme leurs employeurs. Ces cotisations permettent d’épargner pour la retraite, afin de maintenir leur niveau de vie une fois à la retraite. Le troisième échelon est une épargne privée facultative pour la retraite, que chacun peut constituer de son côté. En offrant des avantages fiscaux, le troisième pilier est encouragé par l’Etat.
Chaque rente que touche ou que touchera un salarié à la retraite est déterminée par un taux de conversion. « Ce taux de conversion est aujourd’hui si élevé, que l’argent épargné ne suffit pas à payer les rentes », détaille le site du Parlement. « Les caisses concernées sont celles qui ne versent que les prestations minimales légales ». Pour s’en sortir, ces structures puisent dans les caisses des personnes actives.
Principales modifications de la réforme
Le premier ajustement porte sur la réduction du taux de conversion, de 6.8 % aujourd’hui, à 6 %. « Une baisse qui entraînerait toutefois une diminution des rentes ». Pour pallier cela, des mesures compensatoires sont prévues. Tout d’abord, des cotisations salariales plus élevées prélevées aux travailleurs et aux employeurs. Deuxièmement, la génération des plus de 50 ans recevra des suppléments de rentes. Une augmentation pour toutes les personnes possédant un avoir vieillesse inférieur à 441’000 francs.
Le Conseil fédéral et le Parlement défendent cette réforme comme une nécessité pour assurer la viabilité financière de la prévoyance professionnelle. Ils mettent en avant l’amélioration de la couverture des bas revenus et des travailleurs à temps partiel, en soulignant que la majorité des bénéficiaires de ces améliorations sont des femmes : « La réforme LPP permet d’adapter le 2e pilier aux réalités du 21e siècle. Elle garantit à des milliers de femmes de meilleures rentes et une meilleure sécurité », écrit Simone de Montmollin, conseillère nationale PLR. Cela se traduirait par 70’000 personnes de plus assurées.
Arnaque pour les syndicats
La réforme LPP rencontre une opposition notable, notamment de la part des syndicats. Ceux-ci estiment que les mesures proposées ne sont pas suffisantes pour corriger les inégalités existantes et craignent que certains aspects de la réforme n’entraînent une diminution des rentes pouvant atteindre 3200 francs par année. « Avec l’augmentation des cotisations salariales, les assurés verseraient 2.1 milliards de plus aux caisses de pension, mais recevraient moins de rentes ».
D’après un communiqué de l’USS (Union syndicale suisse) publié le 6 août, la réforme réduira les rentes LPP pour de nombreux salariés, contrairement à ce que prétendent les chiffres officiels. Selon le comité référendaire, les calculs de la Confédération sont basés sur l’idée que les travailleurs ont le même salaire toute leur vie, ce qui ne reflète pas le monde réel. En prenant en compte l’évolution des salaires, les rentes commenceraient à diminuer dès 4’000 francs par mois, et même pour des salaires de 3’500 francs, le bilan serait déjà négatif, ce qui contredit l’objectif de la réforme d’améliorer les rentes pour les bas revenus.
En conclusion
Le vote du 22 septembre s’annonce crucial pour l’avenir du système de prévoyance suisse. Entre la nécessité d’adapter la LPP aux réalités économiques actuelles et les craintes de voir diminuer les rentes, les électeurs devront peser les arguments avec soin pour décider de l’avenir de ce pilier central de la Sécurité sociale helvétique.