Rink-hockey – Alain Amy : rink-hockeyeur à Pully, municipal à Lutry
Après avoir passé son enfance dans le quartier des Faverges à Lausanne, Alain Amy a vécu ses années sportives et effectué ses premiers pas en politique à Pully avant de déménager à Lutry où il est aujourd’hui municipal des affaires sociales. Il raconte sa passion pour le rink-hockey, ce sport méconnu.
Pado | Après avoir été conseiller communal à Pully, Alain Amy entre au législatif lutryen en 2006 suite à son déménagement, législatif qu’il préside entre 2018 et 2020. En 2021, il est élu à la Municipalité sur la liste socialiste et indépendants. Aujourd’hui, il dirige le dicastère affaires sociales, culture, jeunesse et paroisses. Il ne s’occupe pas du sport qui est sous la responsabilité du syndic, mais n’en a pas moins une belle carrière sportive derrière lui.
Plutôt doué, Alain Amy pratique le football jusqu’à 15 ans au Pully Sport et au Stade Lausanne. Mais c’est dans le rink-hockey qu’il va pleinement se réaliser et trouver ses plus belles satisfactions.
Suivant les traces de son père Jean-Pierre, Alain Amy se met au hockey sur roulettes en 1974 et obtient sa première licence à l’âge de 8 ans. Pratiquer ce sport si jeune est plutôt rare à l’époque. Ce d’autant plus que le club de Pully attendra 1970 pour avoir sa propre piste dans l’enceinte du collège de Mallieu. Ses coéquipiers sont tous plus âgés, mais le jeune Amy se fait rapidement remarquer par sa technique, son sens du jeu et son caractère.
Il côtoie alors notamment les frères Raymond et Gérald Fontannaz ou Olivier et Robert Paschoud ainsi que Jean-Luc Berger, des noms connus dans la région. Les débuts sont difficiles. « On prend des caisses, se remémore Alain Amy. On a perdu notre premier match 32-0 contre Montreux ! » Mais, à force de travail, cette équipe-là sera championne suisse de Juniors B cinq ans plus tard. Alain a treize ans. Ce sont les années du regretté Michel Rothen, qui sera président et homme fort du club entre 1964 et 1987.
Pour l’équipe suisse, Alain Amy attendra encore trois ans avant d’être repéré. Il se rend à l’entraînement de sélection avec son coéquipier Laurent Pasquini. Le premier est retenu en équipe nationale juniors B, pas le second. Mais Laurent Pasquini se fera un nom en hockey sur glace en jouant avec la 1re équipe du LHC et en participant à l’ascension en LNA au terme de la saison 1994-1995. Alain Amy sera lui une des révélations du championnat d’Europe juniors des moins de 19 ans à Paris en 1985.
Aux portes de l’équipe fanion, Alain Amy a 20 ans et il est alors à l’école de recrues, mais il ne sera pas du voyage aux Mondiaux du Chili en 1986. Par contre, dès l’année suivante, il entre dans le cadre national seniors. « C’était incroyable, raconte-t-il, je jouais en Ligue B et je côtoyais des gars que j’admirais depuis des années comme Jean-Paul Chassot ou Jean-Luc Christen ». La crème du rink-hockey suisse à ce moment-là. En 1987, Pully accède à l’élite, mais il est relégué l’année suivante. Alain quitte alors le club – ce sera sa seule infidélité – pour Villeneuve et la Ligue A, où il retrouve ses coéquipiers de l’équipe nationale. C’est avec eux qu’il participera au championnat d’Europe d’Oviedo. « Une belle expérience sportive, se souvient notre international, mais tellement spéciale parce que c’était la période des attentats de l’ETA au Pays Basque, et Oviedo, en Galicie, ce n’était pas très loin. Nous étions escortés par la police pour nous rendre au stade, qui a même dû être évacué une fois après une alerte à la bombe. »
L’année suivante, la fédération suisse, faute de moyens financiers, renonce à inscrire son équipe aux championnats du monde. La sélection disputera plusieurs tournois en Suisse. « C’était sympa se rappelle Alain Amy, nous avons noué plein de relations, dont certaines perdurent aujourd’hui encore. »
En 1989, Alain Amy renonce à jouer au plus haut niveau et revient à Pully où il réintègre la 1re équipe pour plusieurs années. Il effectuera son dernier match, le jour de ses 50 ans, en championnat réserve, avec son fils David, et marquera le dernier goal de sa carrière. La fin de son parcours sportif ne mettra nullement un terme à son engagement au sein du club, puisqu’il y occupera toute sorte de postes comme entraîneur juniors, responsable technique ou même président entre 2002 et 2005. On le retrouvera également responsable des bénévoles lors des championnats d’Europe U20 organisés à Pully en 2016.
« Je n’ai jamais regretté d’avoir choisi le rink-hockey plutôt que le foot, j’y ai tellement de bons souvenirs. Et le Pully RHC, même si je suis parti quelques années en Ligue A, c’est ma deuxième maison et parfois même la première. Alors, lorsque je vois ce que réussit notre 1re équipe aujourd’hui, avec son ascension en Ligue A, c’est une émotion incroyable. Le club a su rester une grande famille tout en atteignant un niveau qu’il n’avait jamais connu jusque-là. »
Bientôt un club de rink-hockey à Lutry, M. le municipal ? « Malheureusement, et c’est son principal handicap, le rink-hockey nécessite des infrastructures assez lourdes que nous n’avons pas à Lutry, explique notre interlocuteur. Notre priorité va au développement des sociétés et des sports qui sont implantés dans notre commune. » Mais depuis toujours, de nombreux Lutryens sont membres du Pully RHC.
Un regret M. Amy ?
« Parfois, je me dis que j’ai arrêté un peu trop vite le haut niveau. Si j’avais continué quelques années de plus, j’aurais peut-être fait partie de l’équipe suisse qui a disputé le tournoi olympique pendant les jeux de Barcelone en 1992. »
Petite explication de texte : le hockey sur patins à roulettes n’a jamais été discipline olympique, mais il a été invité à Barcelone en tant que sport de démonstration. Il faut dire que la Catalogne compte à elle seule plus de 50’000 licenciés en rink-hockey. Curieusement, c’est la seule faveur que Juan Antonio Samaranch, président du Comité international olympique de 1980 à 2001, a bien voulu faire à ce sport. Or, ce même Samaranch venait du rink-hockey, puisqu’il a été gardien de but de l’équipe nationale espagnole, puis entraîneur et sélectionneur national ! Aujourd’hui, le rink-hockey n’est toujours pas sport olympique, alors que le roller de vitesse et le skateboard y sont. Allez y comprendre quelque chose.