Les dindons de la farce
Pas de recette de cuisine, pas de conseils, tout au plus un constat, celui de sentir échapper l’égalité, la dignité et la justice. Pas de complainte non plus face à l’injustice, si ce n’est une sidération interdite devant une succession d’événements liés à la démocratie. Le mot est lâché, mais est-il en liberté ?
En liberté, il le serait si le respect l’accompagnait. Comme un fauve, ce mot est maintenant traqué.
La démocratie, ce fleuron des machineries politiques que Churchill qualifiait de pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres, reste malgré tout le plus fiable… jusqu’à ces derniers jours.
Les initiatives et référendums qui faisaient la fierté de notre pays, et la jalousie de certains voisins, portaient haut notre démocratie semi-directe, la meilleure des moins pires. Et voilà, que le marché s’en empare semant le doute sur de nombreuses votations passées. Des signatures falsifiées et rémunérées deviennent un produit de subsistance comme un autre ; l’honnêteté des référendaires et autres porteurs d’initiative mise en doute.
Comme si le lobbyisme néolibéral sans honte ni scrupule n’avait pas déjà commencé à faire le lit de ce système politique. Comme si les hackers de tous pays n’avaient pas déjà changé la course d’une majorité constituée. Comme si les autocrates portés au pouvoir par des élections « démocratiques et libres » avec des résultats soviétiques de 95 % n’avaient pas déjà fait lever des sourcils. Comme si les scrutateurs externes et indépendants signalant des dysfonctionnements étaient écoutés…
Le moins pire des systèmes et peut être le dernier.
L’évolution abrutissante des technologies a changé la donne. Big Brother est notre demi-frère dont le nom est Janus, et l’occasion créant le larron, quelle belle opportunité que celle de « valoriser » le produit. Votations et élections étant gratuites (hormis le prix du timbre dans notre canton), il se pourrait bien que nous soyons chacun de nous le produit, déjà « valorisé » ne serait-ce qu’au titre de notre signature.
By the way, vu la météo, on se rapproche de Thanksgiving… quid du dindon et de la farce ?