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L’initiative populaire des Verts veut ancrer l’objectif de neutralité carbone sur le territoire cantonal d’ici 2050. En cas d’acceptation, communes et Etat devront participer aux efforts visant à limiter le réchauffement climatique. L’UDC fait cavalier seul, puisqu’il s’agit de l’unique parti s’opposant à ce texte.
Le canton de Vaud ne résoudra pas à lui tout seul les problèmes climatiques, il est donc essentiel que chacun fasse sa part », indique un communiqué cantonal du 16 mai dernier. Si le thème est similaire à l’échelon fédéral, il s’agit ici d’inscrire quatre nouvelles dispositions dans la constitution vaudoise. L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone sur le territoire cantonal d’ici 2050.
Le camp du « oui »
L’initiative souhaite que la protection du climat et de la biodiversité intègre la loi cantonale : « La lutte contre le réchauffement climatique et la crise de la biodiversité sont des enjeux sans précédent auxquels notre société doit faire face. C’est pour cette raison qu’il faut les placer au centre de notre politique cantonale », relève la biologiste Angela Zimmermann sur le site des Verts vaudois. Le texte demande que ces principes environnementaux guident également la politique au sein des communes.
Les caisses de pensions de droit public (Retraites populaires, ECA, Romande Energie, etc.) ne sont pas en reste, puisque ces dernières devront adapter leurs investissements pour ne plus dépendre des énergies fossiles : « Il ne s’agit pas de soumettre ces institutions à des obligations strictes, de telles stratégies resteraient indicatives », précise la communication cantonale.
L’UDC dit non
« Année après année, le pouvoir d’achat des Suisses s’érode inexorablement », indique le site de la section vaudoise de l’Union démocratique du centre. Primes d’assurance-maladie, loyers, essence ou renchérissement des matières premières et de l’approvisionnement en énergie, argumente le portail web. « Attendez de devoir payer les « primes LCI » ! En cas d’acceptation de la loi sur le climat, chaque personne en Suisse devra payer chaque mois une prime de 550 francs », a déclaré la présidente de l’UDC Genève et conseillère nationale Céline Amaudruz.
Pour Kevin Grangier, président de la section vaudoise, cette initiative limite l’action et les investissements dans l’économie privée : « La loi sur le climat n’aura aucun impact sur le climat – et en ça, elle promet des résultats qu’elle ne peut pas obtenir – en revanche, elle impactera le porte-monnaie des Suisses. »
Et au fédéral ?
A l’échelle nationale, on retrouve également un objet traitant du climat. Il s’agit de la « Loi sur le climat et l’innovation ».
En 2019, l’association suisse pour le climat avait lancé « L’initiative pour les glaciers ». Cette dernière veut interdire l’utilisation du pétrole et du gaz dès 2050. Après ce délai, la Suisse devra absorber plus de CO2 qu’elle n’en émet. Défavorable à cette proposition, le Parlement élabore un contre-projet afin, non pas d’interdire ces énergies, mais de réduire progressivement leur usage.
Suite à cela, des opposants ont déposé un référendum afin de s’opposer à cette loi. « Ils affirment qu’il faudrait produire beaucoup plus d’électricité pour mettre en œuvre ce texte, alors que nous manquons déjà de cette ressource », indique le portail du gouvernement helvétique.
Qu’est-il prévu dans le pipeline ?
La loi fixe plusieurs objectifs afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. On note ici un soutien financier supplémentaire de 200 millions par an sur dix ans pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments : « Le remplacement d’un chauffage fonctionnant au mazout, au gaz ou à l’électricité par une pompe à chaleur ou un système à bois permettra d’obtenir un allégement financier ». Une autre aide de 200 millions sur six ans est prévue pour encourager les entreprises à investir dans des technologies innovantes. Comme par exemple, l’installation d’appareils permettant
la captation du CO2.
Du côté humain, la Confédération et les cantons devront prendre des mesures afin de protéger la population contre les méfaits du réchauffement climatique (crues, glissement de terrain, etc). La loi prévoit également d’augmenter la surface des espaces dans les villes et les villages helvétiques afin de lutter contre les canicules. « La Loi sur le climat et l’innovation fixe des objectifs à atteindre. Elle ne prévoit aucune interdiction ou impôt supplémentaires », détaille le Gouvernement. S’agissant d’une loi cadre, d’autres mesures pour atteindre la neutralité carbone en 2050 pourront être élaborées dans des lois distinctes.