Viticulture – D’un Dance à l’autre, transmission de domaine dans la famille
Il y a des événements de la vie que l’on n’imagine pas et qui nous surprennent. C’est ce qu’il est arrivé à Cécile et Pascal Dance en 2018. Leurs enfants avaient pris des voies professionnelles différentes et la reprise du domaine n’était pas dans les plans. Pourtant, leur fils Sébastien a pris la décision de changer de voie professionnelle et a débuté un apprentissage de caviste, puis a fait l’ES à Changins, dans le but de reprendre le domaine familial en janvier 2026. Ainsi, le millésime 2025 aura une saveur toute particulière pour ses parents, entre joie, reconnaissance et émotion.


En cette journée d’automne, on s’active à Aran pour presser les derniers rouges. En effet, ils ont macéré environ 25 jours (dans le cas du Merlot). « Le but de la macération est d’extraire l’aromatique et les tanins. On a remarqué que les cépages tardifs qui donnent de la puissance et du corps ont un meilleur potentiel de garde », explique Sébastien Dance.
Ainsi, après la dernière pressée, la famille et quelques proches se retrouvent dans la cave pour baptiser, symboliquement, la vendange. Il s’agit de célébrer la fin de saison du pressoir et du décuvage, et surtout de choisir un nom, souvent lié aux événements de la famille Dance et de leurs proches, pour la vendange de l’année. « Aussi loin que je m’en souviens, on a toujours baptisé la vendange. C’est une tradition que l’on perpétue et on passe toujours ce petit moment ensemble », explique Pascal Dance. Cette année, les parents ont choisi le nom, « D’une Dance à l’autre », qui symbolise leurs dernières vendanges, mais surtout la passation du domaine à Sébastien.
Transmettre un héritage
En 1989, Cécile et Pascal ont repris le domaine des parents de ce dernier. En plus de 30 ans, ils ont investi dans le développement de la cave. « Avant mon père avait des vignes, mais le travail de vinification et de mise en bouteilles était fait à l’extérieur, quand on a repris, on a tout construit pour développer le domaine. On a aussi investi dans des machines pour la vigne et la cave. Et puis avant, il y avait que du Chasselas et petit à petit on a développé notre gamme pour avoir aujourd’hui une quinzaine de vins. On a aussi développé notre marketing avec les ‘vins qui dancent’ », mentionne Pascal.
Ainsi, lorsque l’on passe une grande partie de sa vie à construire et développer un domaine, comment se sent-on lorsque l’on décide de passer le flambeau ? « Je suis fière et heureuse pour notre fils et on va continuer à l’accompagner. C’est aussi un soulagement avec les charges administratives et l’ordinateur, ce n’était pas tellement le truc de Pascal », sourit Cécile. Pour Pascal, « c’est énormément d’émotions positives et à la base on l’a fait pour nous, sans se dire qu’il allait nous rejoindre et après il a décidé de venir. Cette année Sébastien s’est occupé de l’entier de la vinification et moi je suis retourné à la vigne, j’étais le plus heureux ».

En plus des activités de la vigne et du vin, Cécile et Pascal ont un Airbnb et un local de réception et dégustation, il est donc prévu qu’ils continuent à s’occuper de cela. « Il est important de développer l’œnotourisme et tout seul je ne pourrais pas tout gérer. On a la chance d’être complémentaire avec mes parents », explique Sébastien
Une reprise pleine de défis
Lorsqu’en 2018, Sébastien décide de changer de voie professionnelle, dans l’idée de reprendre le domaine, la situation vitivinicole n’était pas tout à fait la même. Aujourd’hui, même si la pression et l’inquiétude sont présents, l’envie et la motivation prennent le dessus. « Au niveau de la vinification, je suis à l’aise et j’ai de l’expérience. Pour la partie vente et marketing, il y a déjà plus de challenges. Il faudra trouver de nouveaux marchés, de nouveaux clients et trouver un moyen de valoriser nos vins aussi au-delà de la Suisse romande », mentionne Sébastien.
En discutant avec la famille Dance, on remarque que cette transition se fait en douceur et que Cécile et Pascal souhaitent transmettre une base solide à leur fils pour qu’il puisse ensuite développer encore plus le domaine. Pour Sébastien, c’est une chance d’être en famille : « on a vraiment une bonne entente avec mes parents, mais je veux aussi me faire ma propre autonomie sur le domaine. Je suis plus à l’aise dans l’administratif et je veux aussi apprendre ce que ma maman faisait en termes de comptabilité et autre, pour qu’on soit plusieurs à savoir faire les choses. J’ai aussi envie de développer nos marchés au-delà de la Suisse romande. »
Ainsi les projets et idées ne manquent pour réussir à passer au travers de cette crise et perpétuer la tradition familiale et on remarque qu’ils sont unis, comme l’explique Sébastien : « J’ai vraiment de la chance d’être très bien entouré. Paulo travaille avec nous depuis de nombreuses années. Je l’ai connu je n’étais qu’un enfant et je suis heureux de pouvoir compter sur quelqu’un comme lui, qui va continuer à m’accompagner ».
Pour Cécile, Pascal et Sébastien c’est une belle année viticole qui s’achève avec l’émotion d’un chapitre qui se termine et d’un nouveau qui débutera bientôt.


