Vendanges – Un nouveau festival de musique classique fera vibrer Lavaux
Un nouveau rendez-vous musical voit le jour à Villette. Baptisé Vendanges Musicales, ce festival de musique classique rythmera la récolte des raisins. Sa particularité ? Les artistes qui s’y produiront ont tous un lien fort avec la Suisse.

Texte et photo Diane Zinsel | Vendanges Musicales est né de l’envie de deux musiciens professionnels, Lucas Monerri et Zaiga Vilcāne, ainsi que d’un mélomane passionné, Steen Boschetti, d’organiser un festival qui relierait la musique classique au patrimoine local. « La période des vendanges, un moment populaire et festif, nous a paru idéale pour rassembler ces deux mondes », explique Lucas Monerri, président de l’association Vendanges Musicales.
Ce nouveau rendez-vous se distingue des autres festivals de musique classique existant dans la région, comme Septembre Musical Montreux-Vevey ou Lavaux Classic, en programmant des artistes issus des hautes écoles de musique suisses ou qui ont un lien fort avec la Suisse. « Notre ambition est d’offrir un festival local promouvant des musiciennes et musiciens qui sont des produits de fabrication suisse, et même plutôt romande », précise Lucas Monerri. Deux événements à entrée libre sont prévus pour cette première édition.
Villette en fête
Le premier concert réunira, le 27 septembre, quatre jeunes talents, âgés de 19 à 24 ans, encore aux études à Lausanne et à Bâle. La violoniste turque Alara Hekimoğlu, l’altiste ukrainien Ivan Udovychenko et la violoncelliste polonaise Konstancja Śmietańskaja feront vibrer l’église de Villette avec un trio à cordes signé Franz Schubert. Ils seront rejoints par la flûtiste lettone Līva Vilcāne pour un quatuor avec flûte de Wolfgang Amadeus Mozart. « C’était important pour nous de mettre en avant de jeunes qui représentent l’avenir musical et qui n’ont pas forcément beaucoup l’occasion de se produire dans des conditions telles qu’on le leur propose », note Lucas Monerri.
Ce rendez-vous sera suivi par un deuxième concert, le 3 octobre, à la grande salle de Grandvaux. Celui-ci propose de célébrer l’intensité et la richesse des quintettes à cordes avec deux œuvres, l’une de Luigi Boccherini et l’autre de Franz Schubert, jouées par cinq artistes professionnels, tous alumni de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU). Les deux fondateurs du festival, le violoniste Lucas Monerri et l’altiste Zaiga Vilcāne, seront accompagnés par les violoncellistes, Pierre Deppe, soliste à l’Orchestre symphonique de Berne, et Simon Lefebvre, spécialisé en musique ancienne et classique et actif dans plusieurs orchestres et ensembles, ainsi que par le violoniste Félix Froschhammer, soliste au sein du Sinfonietta de Lausanne et professeur à la HEMU.
Musique festive et accessible
Le festival se veut aussi rassembleur. « Nous avons choisi des musiques composées en leur temps pour être jouées dans les salons ou à la cour, lors de repas, de soirées et de galas, où on écoutait les artistes en mangeant et en buvant du vin », relève Lucas Monerri. Il s’agit d’un répertoire qui est accessible à tout le monde, qui permet de toucher des personnes qui ne sont pas initiées à la musique classique ; un objectif que s’est fixé le trio à l’origine des Vendanges Musicales. Afin d’intensifier encore le lien entre vin et musique, à la fin de chaque représentation, une dégustation de vins du domaine Vitis Musicalis à Lutry sera offerte aux spectatrices et spectateurs.
Trois passionnés au service de la musique classique
L’idée de ce festival, c’est Lucas Monerri qui l’a eue. Formé au Conservatoire de Lyon de ses 7 à 18 ans, puis à la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU), ce violoniste qui joue actuellement à temps plein au sein de l’Orchestre de chambre de Genève aime s’engager dans des projets musicaux, partager avec d’autres professionnels, ou un public non averti. Mais, il le reconnaît aussi, c’est l’altiste lettone Zaiga Vilcāne qui a boosté le projet par son dynamisme et sa créativité. Egalement diplômée de l’HEMU, passionnée par son art, celle qui se produit dans de nombreux festivals européens regorge d’énergie. Les deux artistes, qui habitent Villette, ont pu compter sur le soutien de Steen Boschetti, mélomane, violoniste amateur et gérant d’une fiduciaire, qui s’est chargé de toute la gestion et des aspects administratifs du festival.
Des raisins très convoités
A l’heure où les raisins mûrissent, les viticulteurs rivalisent de techniques pour les protéger contre les chapardeurs. Epouvantails, filets, serpentins métalliques : petit tour des techniques pour faire fuir oiseaux, blaireaux, mais aussi chamois.

En traversant le vignoble en terrasses de Lavaux, on aperçoit de drôles de lanternes jaunes, blanches ou noires ornées de cercles colorés de rouge qui dansent au rythme du vent, au sommet de piques installées entre les ceps. « Il s’agit de ballons effaroucheurs de volatiles. Les dessins imitent le regard et la bouche ouverte des rapaces. Le vent se charge du reste », explique Vincent Chevalley, vigneron à Rivaz, qui en a équipé sa parcelle. La solution fonctionne mais n’est pas suffisante. Le viticulteur a aussi fixé, au bout d’un piquet, deux fausses chouettes qui surveillent le domaine, des bandes jaunes brillantes qui se tortillent dans le vent et des filets latéraux qui repoussent autant les oiseaux que les blaireaux, ajoute-t-il. L’un de ses voisins a misé sur un épouvantail cerf-volant à la forme d’un rapace noir qui permet d’éloigner les indésirables tout en effrayant les rongeurs au sol.
Même pas peur
Parce qu’outre les oiseaux (et les humains), les animaux à quatre pattes sont aussi très friands de raisins. « Le blaireau, par exemple, est un animal qui a des griffes très puissantes et qui arrive à égrapper les vignes de manière très efficace. Pour contrer sa vendange illégale, nous avons remonté les palissades », explique Blaise Duboux, dont le domaine, travaillé en bio, se situe à Epesses. Le vigneron cherche encore des solutions contre les cervidés qui tendent le cou, attrapent le raisin avec la bouche et s’en donnent à cœur joie. « Durant la nuit des chamois descendent des bois qui surplombent ma parcelle en Dézaley et viennent se servir », poursuit celui qui a essayé plusieurs techniques biodynamiques, comme le recours à des argiles répulsives, pour les dissuader de débarquer chez lui. Des tactiques qui fonctionnent durant un temps, puis les animaux comprennent que c’est sans danger et reviennent.

Blaise Duboux s’est donc montré plus créatif en disposant des crottes de loups, récupérées au Zoo de Servion. Là aussi, le répit n’a été que de courte durée, les cervidés ont vite compris l’astuce. Le viticulteur est allé récupérer des crottes de tigre afin de les effrayer définitivement. « Mais alors ça n’a pas fonctionné du tout ! Comme ils ne reconnaissent pas le prédateur, ils n’ont même pas réagi », relève-t-il en riant, même si la situation commence gentiment à l’énerver. « Selon les garde-chasse, il faudrait barricader les parcelles derrière des palissades de plus de 2,5 mètres au vu du dénivelé, mais je ne suis pas sûr que ce serait assez haut. Les chamois sont vraiment très casse-cou », note Blaise Duboux. Une solution, qu’il n’a pas encore testée, serait de fixer un capteur de mouvement avec des lampes qui s’allument lorsque l’animal passe devant ou qui émet des ultrasons qui le dérangent.
Faucons à la rescousse
Dans certaines régions du monde, des enregistrement de divers aboiements de chiens résonnent automatiquement à intervalles irréguliers durant la nuit pour effrayer les nuisibles, explique Thomas Wegmüller, expert en vin, basé à Corseaux. Des solutions plus technologiques sont aussi parfois déployées : « En Californie ou en Australie, certains vignobles sont équipés de lasers qui quadrillent les rangs, effrayant les oiseaux et empêchant leur nidification dans la zone », poursuit-il, relevant aussi que ces options ne sont évidemment pas applicables partout dans notre pays où les vignes ne sont jamais très éloignées des habitations. Enfin, solution écologique mais très spécialisée, certains propriétaires en Angleterre font appel à des fauconniers dont les rapaces ont pour mission de surveiller les raisins.