Savigny – Des élèves de 8P lauréats d’un projet artistique
« La culture, c’est classe ! » Derrière ce jeu de mots, une opération de l’Etat de Vaud a pour objectif d’impliquer les écoliers dans un processus créatif. Pour y arriver, un soutien de 50’000 francs permet aux différents vainqueurs de côtoyer des classes du Canton.
La classe de Yannick Kohli prend des allures théâtrales au retour des vacances de Pâques. Placés en demi-lune face au tableau, les 21 élèves de 8P prennent part à un jeu de questions-réponses. Micro en main, Michel Sauser enregistre la scène. Les enfants de 11 et 12 ans se préparent à interroger trois invités : « Avant de démarrer, je vous rassure, on va à nouveau un peu faire les imbéciles », lance le comédien avant de questionner les écoliers : « Le voyage en bus pour mardi prochain, vous l’avez organisé ? »
En effet, dans l’idée d’une pédagogie active, les élèves prennent part à chaque étape du projet. Celui-ci se décline en trois phases et a pour but la réalisation d’un podcast.
Tout d‘abord, cinq rencontres encadrées par Michel Sauser sont réalisées en classe. Au programme : échanges sur les représentations des élèves lorsqu’on parle de théâtre, écriture de saynètes, travail du jeu d’acteur et de la voix, rédaction des questions pour la journée des invités et, en vue de la future sortie, demandes d’autorisations à la direction de l’établissement scolaire et aux responsables du Théâtre 2.21 à Lausanne. La journée au Théâtre 2.21 a suivi cette première étape. Durant cette visite, les élèves ont eu la chance de rencontrer les professionnels des différents domaines du théâtre : l’équipe technique, celle de l’administration, de la cuisine, les comédiens. La classe a assisté à la répétition de trois comédiennes puis a suivi un atelier de création (textes, dessins, interviews). Un groupe d’élèves s’est également produit sur scène devant un public conquis (leurs camarades de classe et leurs enseignantes) et devant les regards avisés de Michel Sauser et de Cédric Dorier. Dans le rôle de reporter, les élèves ont effectué de nombreux enregistrements audios durant ces rencontres. Le montage d’un podcast retraçant leur enquête constitue la troisième phase du projet.
Le résultat final sera diffusé le 28 juin de 15h à 20h dans la classe de madame Kohli à l’occasion de la fête de fin d’année.
Portant le titre d’Enquête dans les coulisses d’un théâtre lausannois, ce projet présente plusieurs avantages pédagogiques : « Hormis l’aspect artistique, il s’agit également de responsabiliser les enfants, puisque ce sont eux qui organisent les diverses rencontres et déplacements », précise Valérie Savary, enseignante spécialisée intervenant dans cette classe. Une idée qui a séduit le jury cantonal : « Nous avons apprécié les variations entre présence en classe et déplacement dans un théâtre. Sans oublier la participation des élèves qui constitue un apprentissage par la pratique », précise Isabelle Ravussin, chargée de projet en médiation culturelle au SERAC (Service des affaires culturelles).
Jeu de rôle
Pour cette rentrée des classes, on retrouve un autre comédien et metteur en scène, une représentante de l’Etat de Vaud et un journaliste.
« En quoi consiste votre métier et quel est son but ? », questionne un élève au comédien Cédric Dorier. « En tant que metteur en scène, mon travail consiste à interpréter des textes. Dans ma casquette de comédien, mon rôle est de jouer des personnages », confie l’homme de scène. « Etiez-vous un bon élève ? », questionne une autre élève en rigolant. « J’étais un écolier relativement sage », se remémore Cédric Dorier. Après un échange d’une vingtaine de minutes, c’est au tour d’Isabelle Ravussin d’entrer en action : « Je comprends le terme culturel, celui de médiatrice aussi, mais les deux ensembles, qu’est-ce que cela veut dire ? », interroge Alice, micro en main. « Mon métier de médiatrice-culturelle consiste à travailler au contact des musées et des lieux culturels afin de créer un lien entre le public et les artistes par exemple », répond la représentante de l’Etat de Vaud.
Dernier invité à s’asseoir sur l’une des deux chaises, le journaliste : « Vous êtes-vous déjà fait recaler en interviewant une personne », questionne Agathe au rédacteur de ce papier. « A peu près tous les jours », rigole Thomas Cramatte à la journaliste en herbe. « La richesse de la presse locale réside dans la couverture de tous les sujets. Même si nous avons tous des domaines de prédilection, nous devons nous intéresser à toutes les thématiques. Nous ne pouvons pas tout connaître et il est donc normal de poser des questions pouvant être naïves pour les experts. Dans ce sens-là, oui, je suis fréquemment recalé par des interviewés. Mais en quatre ans d’activité, jamais on ne m’a refusé une interview ». Nouvelle question d’une élève, la pire situation vécue dans votre profession. S’il y en a plusieurs, le journaliste partage une anecdote récente : « Pour un tournage vidéo, je suis parti en montagne accompagner un peintre adepte de bivouac. Mais lorsque j’ai déballé mon sac de couchage pour dormir à même la neige, j’ai découvert que j’avais oublié le matelas de sol permettant de m’isoler de la neige. Les températures sont descendues à moins de huit degrés cette nuit-là ».
Cinquième action du nom
Le projet, élaboré en automne dernier par les deux enseignantes et Michel Sauser, n’était pas le seul en lice pour cet appel à projets. Sur les 16 présentés, la moitié a retenu l’attention du jury cantonal.
Si cette action n’est pas la première du genre, elle a été renforcée post-Covid : « Il s’agit de la cinquième édition de La Culture, c’est classe ! », renseigne Isabelle Ravussin, chargée de projet en médiation culturelle au SERAC. Bénéficiant d’une augmentation de 30’000 francs, les huit vainqueurs se sont réparti les 50’000 francs en jeu.
Six lauréats se sont vu attribuer la somme de 5000 francs, tandis que deux ont reçu 10’000 francs. Pour l’établissement primaire et secondaire du Jorat (soit pour la classe de Savigny), le soutien se monte à 5000 francs. Une somme destinée au comédien et à défrayer la journée au théâtre des écoliers.