Saint-Saphorin – Nouvelle ère au Domaine des Faverges
Propriété de l’Etat de Fribourg depuis 1848, le Domaine des Faverges a tourné la page Vallélian au 1er novembre. La gestion des 15.4 hectares de vigne est désormais internalisée par le canton, mais avec une équipe locale. Entre rénovations, repositionnement de l’accueil, le domaine entre dans une phase décisive. Explications.

L’Etat de Fribourg a désormais repris en main l’ensemble de la chaîne, de la vigne à la commercialisation après avoir confié le domaine durant de nombreuses années à des familles de vignerons, les deux dernières en date étant les Vallélian et les Regamey.
Objectif annoncé : clarifier la gouvernance, stabiliser l’organisation et préparer la réouverture d’un site entièrement rénové. La manœuvre s’inscrit dans un chantier lancé en 2023.
Collaborateurs locaux
Aux commandes opérationnelles, deux administrateurs se partagent les rôles. Max Oestreicher pilote la partie cave et vignoble, tandis qu’Aliénor Bonvin est responsable de la commercialisation et de l’œnotourisme. Tous deux assument une logique de continuité sur les fondamentaux : agriculture biologique, exigence qualitative et ancrage en Lavaux. Pour Max Oestreicher, le message est clair : « La philosophie est de perpétuer celle des anciens responsables. C’est-à-dire de produire mieux plutôt que davantage. Surtout dans un contexte où le marché du vin est chahuté ». La conversion bio, engagée et consolidée ces dernières années, reste une boussole : « Elle implique davantage de passages à la vigne, des traitements plus nombreux, mais naturels, et un soin accru des terrasses et des murs, indissociables du patrimoine de Lavaux. »
Le millésime 2025 a été vinifié comme un passage de témoin. Si les vendanges ont été accomplies par la famille Vallélian, la cave a déjà fonctionné dans sa configuration nouvelle, avec un matériel en grande partie modernisé. « La cuverie affiche une capacité d’environ 110’000 litres. Des ajustements sont encore possibles », précise Aliénor Bonvin. Côté effectifs, l’organisation repart sur des bases clarifiées : « Les contrats ont été formalisés au 1er novembre », rassure Max Oestreicher. Le vigneron-encaveur neuchâtelois qui emménage à Pully ce vendredi, avoue être ému de cette nouvelle fonction.
Domaine plus ouvert aux visites
L’ambition œnotouristique se précise. Au-delà des dégustations au caveau, le Domaine veut devenir un lieu de vie. Au programme du chantier qui doit s’achever au premier trimestre 2027, on retrouve deux salles avec une capacité de 80 personnes chacune, la première sera dédiée aux conférences alors que la deuxième sera plus polyvalente notamment pour des repas : « Il y aura la possibilité de recevoir des événements familiaux comme des mariages et des anniversaires, ou encore des sorties d’entreprises et séminaires », détaille Aliénor Bonvin avant d’ajouter qu’une offre terroir valorisera les produits vaudois et fribourgeois en complément des vins de la propriété : « L’idée est de marier les spécialités des deux cantons », appuie l’habitante de Chexbres. La dimension pédagogique n’est pas oubliée, car le maintien du vieux pressoir pour des démonstrations est prévu, tandis qu’une place d’apprentissage sera à pourvoir pour la rentrée d’août 2026.
Moderniser en respectant la mémoire des murs
Sur le chantier, des découvertes architecturales (briques anciennes mises au jour, parquets historiques restitués) sont intégrées au projet. Les architectes consultent régulièrement l’équipe sur place pour adapter les aménagements aux usages réels de la cave : « C’est une manière de concilier histoire, fonctionnalité et sobriété des matériaux, y compris par la réutilisation de terres et d’éléments disponibles sur place », précise Aliénor Bonvin.
Si la première étape est pour ainsi dire achevée (bâtiment des cuves opérationnel et transmission de l’outillage), la Maison du vigneron, cœur de l’accueil et des dégustations, suivra prochainement. L’Etat de Fribourg prévoit une ouverture partielle en été 2026 tandis que l’ouverture complète est agendée courant 2027.



