Saint-Saphorin – Des graffitis pour embellir le passage sous-voie
Autrefois terne et pas des plus attrayants, le passage sous-voie permettant de joindre la gare à pied depuis le village, est devenu une œuvre à part entière. Sous l’impulsion de la commune, la réalisation d’une fresque rappelant la culture locale vient de voir le jour. Derrière ce projet, Acon, Gérard et Boris, trois graffeurs du collectif Chromatix.
Tout a commencé par un simple mail de la commune », se remémore Gérard. « Leur souhait était de se pencher sur la possibilité de transformer le passage sous-voie en une pièce vivante ». Après une première rencontre et un état des lieux, les trois passionnés de Street art ont livré un croquis selon les envies des autorités. « La commune nous a donné une grande liberté du style de dessin et du choix des couleurs », ajoute Acon. Une carte blanche qui fait hommage à la région avec un dynamisme pictural : « Vignes, paysages locaux, écusson communal, nous avons voulu rappeler la beauté des lieux et l’identité de Saint-Saphorin », poursuit Boris. Une ambiance qui plaît visiblement aux passants et aux curieux qui sont venus admirer le travail des artistes : « Il s’agit d’une fresque ancrée dans le terroir de notre belle région », répond un habitant des environs.
« Il s’agit d’une fresque ancrée dans le terroir de notre belle région »
Passant interrogé lors de la réalisation des graffitis
Pour recouvrir les murs du passage sous-voie, il aura fallu trois jours complets de peinture et un peu plus de 140 bombonnes. Si la zone présentait des infiltrations d’eau, plusieurs couches de dispersion et autres interventions ont permis de régler ces problèmes. Afin de garantir la longévité de leur œuvre, un enduit spécial recouvre les graffitis pour faciliter leur nettoyage.
Projet aux racines hip-hop
Tous issus de la culture hip-hop des années 80, les trois artistes ont débuté leur carrière de graffeurs de manière clandestine, colorant les trains italiens qui traversaient la région et ornant certains lieux lausannois. « On a appris par nous-mêmes, parfois dans des conditions illégales », raconte Acon. Au fil du temps, leur pratique a évolué, passant du graffiti pur à un art plus ancré dans la culture populaire, avec une orientation vers le street art.
Fondé en 2012, le collectif Chromatix a pour vocation de partager cet art visuel connu pour ses couleurs vives. A travers des ateliers avec des jeunes ou des projets comme celui de Saint-Saphorin, les membres du collectif cherchent à encadrer la pratique pour en faire un outil d’expression artistique : « L’idée est d’offrir un cadre sûr et légal pour s’exprimer et progresser », explique Boris.
Le graffiti, art en expansion
Interrogés sur l’avenir du graffiti en Suisse, les artistes se montrent optimistes : « Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, la demande est là », affirme Acon. Pour les jeunes passionnés par l’univers du graffiti et du Street art, les ateliers permettent de s’inspirer de graffeurs expérimentés. Avec des initiatives comme celle de Saint-Saphorin, le graffiti se fait peu à peu une place de choix dans le paysage artistique suisse, alliant créativité et respect du patrimoine local.
Chromatix : c’est qui, c’est quoi?
L’association Chromatix est basée à Montreux. Elle a été créée en 2012 sous l’impulsion de plusieurs artistes. Son objectif est de promouvoir l’art urbain en réalisant différents projets principalement des fresques en ville, mais aussi des ateliers pour les jeunes ou des animations autour du monde du Street art (teambuilding, anniversaire, soirée d’entreprises, etc). Les artistes du collectif sont reconnus dans le milieu à l’international. Ils travaillent en équipe et utilisent exclusivement des sprays écologiques à l’eau.