Récolte du vin rouge au Clos d’Oron
Samedi 30 septembre au matin, le feu vert a été donné pour la récolte du rouge, sur les 3000 m2 de Gamaret et Garanoir que compte le Clos d’Oron à Corsier. Le Pinot noir qui avait mûri plus vite et atteint les 100 degrés Oechsle, est lui déjà dans les cuves. La récolte des 12’000 m2 de Chasselas est annoncée pour les 5 et 6 octobre.
Le jeune vinificateur Xavier Fonjallaz n’en est pas à son coup d’essai, il entame le troisième millésime pour la commune d’Oron. De son côté, Martial Neyroud, vigneron-tâcheron à Corsier, assure la pérennité du Clos sur l’ensemble de l’année. Nouveaux plants de Pinot noir, et remplacement de ceux de Gamaret ou de Garanoir qui ont subi les affres de la météo, suivi de la vigne, effeuillage et traitements ont été son lot pour que le vignoble allie qualité et quantité à l’heure de la vendange.
C’est à cet exercice que plus de vingt bénévoles et municipaux (ancien et actuels) d’Oron se sont pliés dans une bonne humeur communicative. Une première phase dans la fraicheur matinale s’est poursuivie dans un soleil qui aurait presque rappelé la canicule estivale. Les 2000 m2 restants furent récoltés avant 11h, et c’est ainsi que Didier Petter, responsable de la voirie d’Oron, et son équipe ont pu immédiatement convoyer le précieux chargement chez Xavier Fonjallaz à Epesses. L’occasion pour les vendangeurs de pedzer un peu avec le millésime 2022 en apéritif, attablés devant la vue spectaculaire qu’offre la région.
Après avoir mis en cuve la récolte du jour, bénévoles et vignerons ont été accueilli au domaine de Martial Neyroud pour le traditionnel repas. Un changement notable en regard des années précédentes où le banquet en bord de route au cœur du clos était d’usage.Une tradition qui perdure
Si le travail des vendangeurs est particulièrement ardu dans les pentes caractéristiques de Lavaux, l’engouement des participants ne faiblit pas. Tous montrent un plaisir indéniable face à une tâche qui semble ingrate, et la présence de jeunes que cela amuse perpétue ce savoir-faire. La convivialité n’est pas un détail ici, c’est un moteur qui motive et réunit tous âges et fonctions dans l’effort. L’objectif est connu, et pratiqué parfois plus que de raison, celui de pouvoir déguster tout au long de l’année le fruit d’un labeur issu de son propre jardin.
Le Clos d’Oron, ensoleillement et terroir
Situé sur l’appellation Chardonne, le Clos d’Oron se distingue des vignobles de Lavaux par une orientation vers le levant bénéficiant d’un ensoleillement matinal. « C’est un vin avec plus de corps, le sol argileux lui donne plus de caractère » précise Xavier Fonjallaz. En regard d’un millésime 2022 exceptionnel, le vigneron prédit une très bonne année, un vin qui se teintera d’une touche plus équilibrée.
La nomination « Grand Cru » qui demande plus de 70 degrés Oechsle devrait être respectée, Philippe Modoux table sur les 78 degrés, avec bon espoir.
Un peu d’histoire
Entretien avec Philippe Modoux
« Au XIIIe – XIVe siècle, la famille de Blonay offrait aux seigneurs d’Oron les vignes allant de Vevey à St-Saphorin, c’étaient les vignes du Château » commente Philippe Modoux. La source n’est pas claire, le lieu exact non plus. Les baillis bernois forment et dessinent le cadastre, et nomment la parcelle « Le Clos d’Oron ». « Ils ont fait du boulot, quand-même ! » ironise-t-il avec humour.
En 1798, Leurs Excellences bernoises se voient contraintes de céder le territoire, le temps passe, le nom reste.
En 2006, à l’occasion de la refonte des districts vaudois, le district d’Oron est fusionné et donne naissance à celui de Lavaux-Oron. A la municipalité, la question se pose « Il faudrait qu’on se fasse des bouteilles de la commune », d’entente avec le Conseil, l’idée fait son chemin.
Bien plus tard, Philippe Modoux rencontre Herbert Riems, propriétaire du Clos – les Bernois, encore eux ! Sans désir de vendre la parcelle, ce dernier envisage tout de même la vente, au titre qu’il a affaire au syndic d’Oron et que le lien avec la commune est indéniable.
En septembre 2009, l’acte de vente est signé à 50 francs le m2, la commune d’Oron devient propriétaire mais n’étant pas exploitant, elle perd 3000m2 de Pinot noir au titre que l’exploitant voisin a revendiqué ses droits. Un « Clos d’Oron » qui comprend tout de même 15’000 m2.
Le premier millésime sera le 2011, bien du chemin a été fait depuis.
Propos recueillis par Arvid Ellefsplass