Pully – Projet phare stoppé : la Clergère et l’avenue de Lavaux attendront
La place de la Clergère restera une «verrue» au cœur de Pully. Le Conseil communal a rejeté un projet évalué à 50 millions pour le réaménagement de l’avenue de Lavaux, qui promettait un centre plus vert, une mobilité multimodale et des transports publics renforcés.

Erigée en 1964 comme axe routier, l’avenue de Lavaux conserve les stigmates des « années bagnoles ». Peu de passage piétons en surface, trafic routier souvent saturé, configuration rappelant une semi-autoroute, avec des couloirs de bus et deux voies pour les voitures, sans oublier les îlots de chaleur et une barrière physique qui divise le nord et le sud de la commune.
Entre 2015 et 2017, une démarche participative avait pourtant permis de recueillir critiques et attentes de la population face à ce tronçon problématique. En 2015 toujours, l’accord sur les prestations du PALM (Projet d’agglomération Lausanne-Morges) avait permis d’obtenir un cofinancement fédéral couvrant 35 % des coûts. Le projet présenté ce soir aux élus pulliérans avait déjà été soumis à de multiples consultations publiques et aux commerçants du centre-ville. Tous s’accordent sur la nécessité d’agir. Alors pourquoi le Conseil communal l’a-t-il rejeté ?
Obtenir le permis de construire
Si l’ambiance était lourde dans la salle du Conseil communal, c’est parce que les conseillers se montraient globalement favorables à un réaménagement de l’avenue de Lavaux, comme l’a démontré l’acceptation de la première conclusion du préavis, mais désapprouvaient la manière de procéder. Le prix du projet, estimé à 50 millions de francs, divise les élus, tout comme la gestion des oppositions. Cette deuxième conclusion de l’objet de ce soir, qui laissait à la Municipalité toute latitude pour traiter les objections soulevées durant l’enquête publique, a été rejetée, les conseillers étant plutôt favorables à garder un certain contrôle sur ce processus.
La troisième conclusion n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux du Conseil. Elle proposait d’autoriser la Direction des travaux et des services industriels à réviser l’aménagement de certaines zones spécifiques, comme le chemin des Roches et la campagne Guillemin, afin de réduire au maximum l’emprise sur les parcelles privées, quitte à soumettre à une nouvelle enquête publique les modifications apportées. Ce découpage en étapes, conçu pour répondre aux impératifs techniques et à la situation financière de la commune, visait pourtant à rendre le projet réalisable sur huit ans, avec un investissement annuel moyen de six millions de francs. Environ la moitié de ces coûts aurait été couverte par des taxes affectées, tandis qu’une subvention fédérale de 10,5 millions de francs, issue du PALM 2012, devait alléger la charge restante.
C’était quoi ce projet ?
Parmi les interventions phares du projet, on retrouvait la création d’un boulevard urbain, un giratoire au carrefour de la Clergère et l’aménagement de voies cyclables sécurisées. 2.1km de nouvelles voies cyclables devaient être introduites, comprenant des bandes bidirectionnelles, des voies réservées aux bus mais accessibles aux cyclistes, ainsi que des pistes cyclables séparées sur certains tronçons. La priorisation des bus, avec des voies dédiées et des carrefours optimisés, devait rendre les transports publics plus compétitifs face à la voiture individuelle. La place de la Clergère aurait été réaménagée en un carrefour perméable pour les bus, tandis que les passages inférieurs auraient été supprimés, à l’exception de celui situé en face de l’Octogone.
Actuellement, l’avenue de Lavaux constitue une véritable barrière pour les piétons, avec peu de traversées, compliquant l’union entre le nord et le sud de la commune. Pour y remédier, douze nouveaux passages piétons devaient être créés. Ces interventions, tout en améliorant la continuité des déplacements, s’inscrivaient dans un plan global de revitalisation du centre-ville de Pully, soutenu par des projets comme la rénovation du Prieuré et l’extension des collèges.
Un projet en standby
Avec cette décision du Conseil communal, le réaménagement de l’avenue de Lavaux et de la place de la Clergère est à l’arrêt. Malgré les divergences de vues et les écueils rencontrés, la Municipalité de Pully n’aura sans doute d’autre choix que de revenir avec une version revisitée du projet. Adapter ce secteur emblématique aux besoins actuels de mobilité et d’urbanisme reste une priorité incontournable pour répondre aux attentes des habitants et transformer ce coin de commune en un espace plus agréable, plus sécurisé et plus fonctionnel.
Trois questions à la Municipalité
Selon vous, pourquoi cet objet n’a pas passé la rampe du Conseil communal ?
Alors même que le préavis présenté par la Municipalité ne comportait aucune demande de crédit, une majorité du Conseil a choisi de refuser les plans du projet, pour des motifs essentiellement financiers. La stratégie de la Municipalité, consistant à proposer plusieurs étapes de travaux et demandes de crédit ainsi qu’à déclencher leur réalisation en fonction de l’évolution des moyens financiers de la commune, n’a pas suffi à convaincre, dans le contexte financier très difficile que vit notre commune actuellement.
Ce projet de réaménagement tombe-t-il entièrement à l’eau ou un nouveau préavis sera présenté ultérieurement ?
La Municipalité continue de penser que la modernisation de Pully, le maintien de ses infrastructures, et le développement d’axes de transport public et de mobilité douce attractifs et performants sont indispensables et nécessaires pour assurer la vitalité et le dynamisme de la ville, ainsi que celui de l’agglomération. La Municipalité entend remettre l’ouvrage sur le métier et trouver au plus vite des solutions qui permettent d’atteindre les objectifs fixés en termes d’infrastructures, de mobilité et d’aménagements publics.
C’est quoi la prochaine étape pour améliorer ce secteur de Pully ?
La Municipalité va certainement se concentrer sur les réseaux, assainissement et CAD en premier lieu et, pour ce qui concerne les espaces publics, le réaménagement de la place de la Clergère qui est prioritaire. A ce stade, la Municipalité ne peut, bien entendu, communiquer aucun calendrier précis. Elle va s’atteler à définir ses objectifs ces prochaines semaines et mois .
Marc Zolliker,
Municipal de la Direction des travaux
et des services industriels