Puidoux – Daniel Chaubert, 90 ans le 16 mars 2025
Son père Hermann lui a donné son nom, sa mère Laure, née Lambelet, lui a donné la vie le 16 mars 1935 à Puidoux, petit village où tout était vieux.

Le café, la grande salle, les maisons, le collège, tout était vieux. Même les vieux ! Lui, c’est un ancien gamin du village qui a entendu couler l’eau à la fontaine et le forgeron taper sur l’enclume.
Son père était boulanger, un peu paysan, un peu vigneron, un peu forestier et auteur de quatre garçons. Des garçons qui ont dû tremper les mains dans la farine, brasser la terre, vendanger, tirer en douce au tonneau et couper du bois pour le four à pain et le « potager » de la cuisine. Leur mère était présente partout et pour tout. Au four et au moulin. Le dernier de la couvée étant né onze ans après ses frères, il aurait dû être une fille. C’est bien en garçon et avec ses grands cheveux coupés que Daniel a commencé l’école à six ans au collège du village. Ses souvenirs d’enfance ce sont les descentes en luge, nager l’été ou patiner l’hiver au lac de Bret, faire des « croueries » avec les autres gamins du village, l’apprentissage de cycliste avec un vieux vélo.
Avec ce vieux vélo, qui ne passerait pas l’expertise aujourd’hui, il a pédalé pour livrer le pain à Publoz, à la gare, à La Croix et à Goay. Il a surtout pédalé pour aller trois ans à la « prim-sup », à Chexbres.
Après deux ans à l’école de commerce à Lausanne, il a été engagé comme apprenti de gare au CFF pour apprendre le métier de chef de gare. Un apprentissage complet, pour travailler aussi bien à la circulation des trains ou au service des voyageurs et des marchandises. Comme jeune cheminot, il a porté sa casquette dans tous les cantons romands. Aux gares de Chexbres, Lausanne, Puidoux, Bevaix, Sierre, Schmitten, Courfaivre, Saint-Imier, Saint-Léonard, Ardon et Morges. Après l’école de recrue, les CFF l’ont exilé pour deux ans à la gare de Baden. Un exil plein de bons souvenirs. Au retour en Romandie, après un passage à Saint-Maurice et à Vevey, il a porté la casquette rouge à Puidoux pendant douze ans. Puis, après 25 ans à la gare de Vevey, il a commencé l’apprentissage de retraité. En 43 ans de service, il a vu évoluer les CFF. Il a passé du télégraphe à l’informatique.
Sans faire de politique, il s’est engagé pour sa commune comme conseiller communal, président de la commission de gestion, municipal pendant 18 ans et président de la commission scolaire.

Il fut très actif dans le domaine culturel et sportif.
Membre d’honneur de la Jeunesse de Puidoux et de la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes. Président et membre d’honneur de la chorale de Puidoux avec 63 ans d’activité. Membre de la société littéraire et théâtrale de Chexbres. Acteur et chanteur au Cabaret vaudois. Membre fondateur du Football Club Puidoux-Chexbres.
Président des Sociétés locales de Puidoux, ancien tireur aux Armes de Guerre et à l’abbaye Union des Amis de l’Indépendance. Membre d’honneur de l’Auto-Moto Club. Président du groupement des aînés le Fil d’Argent, dont il est le rédacteur du journal, et il fut aussi président de la Fédération vaudoise des clubs d’aînés.
Membre de la société suisse des auteurs dramatiques, le théâtre ne fut pas seulement son envie, car dès l’âge de 15 ans, il a été comédien, metteur en scène, chanteur et auteur de pièces de théâtre pour de nombreuses sociétés à Puidoux et ailleurs. Il a même été sur scène à Genève dans un grand théâtre.
Au théâtre Barnabé à Servion, il a été comédien pendant plus de 20 ans. Que de merveilleux souvenirs pour avoir joué avec Jean Bruno, Madeleine Robinson, Gérard Carat, Danielle Volle, Arlette Zola, Bouillon et bien sûr Jean-Claude Pasche dit Barnabé.
Malgré cette activité intense, il a trouvé le temps de fonder une famille. Il a eu le bonheur de rencontrer Roselyne Delisle et l’a épousée le 3 septembre 1957. Ils ont eu, comme un souhait de roi, un garçon René Michel et une fille Clairelise. Il faut donner de l’amour aux enfants pour en recevoir en retour. Roselyne et Daniel en ont donné et en donnent encore à leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petite-fille. Mais oui, c’est une magnifique Mara, née le 24 août 2023, qui les a fait trisaïeuls.
Le lundi 17 mars, la municipalité de Puidoux avec René Gilliéron, syndic, Jean-Rémy Chevalley, Denis Destraz et Serge Tettoni municipaux, ainsi que Michel Chaubert président du Fil d’Argent, lui ont offert des cadeaux bien mérités dont La Gazette de Lausanne, éditée le jour de sa naissance et quelques bouteilles de Dézaley.
La pasteure Sophie Biéler a apporté le message de l’église d’une manière charmante avec une conte philosophique et fleuri.
Sa fille Clairelise a entonné a capella une chanson écrite spécialement pour son papa avec un texte plein de malices et de souvenirs.
Et bien sûr que des anecdotes sur la vie d’un chef de gare ont donné du piment et de la joie à ce moment précieux dans une vie où il fait bon de parfois regarder dans le rétroviseur et de savourer le chemin parcouru (surtout si c’est un chemin de fer…)
Texte de Jean-Pierre Lambelet, avec l’aimable collaboration du nonagénaire écrivain pour nous conter l’histoire de sa vie.