Puidoux – Biogaz et biométhane, des solutions énergétiques prometteuses
Une rencontre romande sur le biogaz, le mercredi 6 décembre à Puidoux-Village
Le biogaz est de nature à satisfaire nos besoins en énergie et à protéger le climat en décarbonant la production d’énergie et d’éléments organiques. Méthaniser les déchets des collectivités, des industries et des commerces est certes un défi, mais les solutions existent offrant des résultats concrets aux enjeux actuels, qu’ils soient énergétiques, agricoles, environnementaux et socio-économiques. Consciente de tous les enjeux, la chaîne des acteurs du biogaz innove continuellement pour mettre au point des techniques de production novatrices, afin de déployer toutes les externalités positives de la méthanisation.

C’est donc une centaine de participantes et de participants qui ont rejoint le mercredi 6 décembre la grande salle de Puidoux-Village pour écouter et s’instruire lors d’une conférence-séminaire d’un jour sur les derniers développements concernant le biogaz. Elle est organisée par l’antenne latine de l’association Biomasse Suisse qui est née en 2015 de la fusion de Biomasse Suisse et de l’Association suisse des installations de compostage et de méthanisation (ASIC).
Seul 10% du potentiel
du biogaz suisse est utilisé
Sous la conduite sympathique mais ferme d’Yves Membrez, ingénieur et directeur de la Société EREP leader de la méthanisation en Suisse romande et membre du comité de Biomasse Suisse, c’est 14 thèmes qui furent proposés et commentés sous forme de diaporamas par les différents intervenants.
Il était logique d’ouvrir ce séminaire pour s’enquérir de la position du biogaz au niveau politique, et c’est Laurent Schacchi de l’AEE suisse (l’organisation faîtière de l’économie des énergies renouvelables) qui a dépeint la situation du moment présent, qui se joue d’ailleurs ces jours au Palais fédéral en nouant des contacts permanents avec les élus, nouveaux et anciens, des deux chambres fédérales pour les rendre sensibles à la nécessité de soutenir ce type d’énergie provenant directement de notre pays. L’objectif étant de basculer vers des sources d’approvisionnement différenciées en favorisant la production indigène, comme l’électricité dans le tableau suivant :
2023 | 2050 | |
Hydroélectrique | 36,0 % | 38,9 % |
Photovoltaïque | 3,8 % | 33,6 % |
Eolienne | 0,1 % | 4,3 % |
Géothermie | 0,0 % | 2,0 % |
Bois, etc… | 1,1 % | 1,0 % |
Nucléaire | 21,0 % | 0,0 % |
Biogaz | 0,2 % | 1,2 % |
Total | 62,2 % | 81,0 % |
On le voit, il reste 27 ans pour atteindre 81 % d’autonomie, c’est court, très court et seulement 10 % du potentiel du biogaz suisse est utilisé !
Lucie Tonnelier de la société Waga Energy a présenté la situation du biométhane au Royaume-Uni où des incitations gouvernementales ciblées principalement sur la production d’électricité ont permis de décupler les installations et par conséquent de diminuer ainsi considérablement les émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Attester la source du gaz renouvelable, telle est la fonction de la société Renera représentée par Tim Uhler, car du biogaz est parfois importé en Suisse venant d’autres pays européens qui en ont assez pour l’exportation et il est important d’en connaitre la qualité,
d’ailleurs comme celle du biogaz suisse.
La représentante de l’Association suisse de l’industrie gazière, Gabrielle Bourguet, a relevé qu’actuellement seule la production de biogaz destinée à produire de l’électricité et de la chaleur est subventionnée au niveau fédéral. Mais pas la production de biométhane.
Mais, selon la motion de Priska Wismer-Felder déposée le 17 mars 2022 au Conseil national, le gaz produit dans des installations de biogaz doit pouvoir être vendu comme biométhane.
Voici le texte actuellement en discussion aux chambres fédérales : « Le Conseil fédéral est chargé de soumettre rapidement au Parlement un projet créant les bases légales qui permettraient aux installations suisses de biogaz existantes ou futures de transformer davantage le gaz qu’elles produisent en biométhane, lequel pourrait ensuite être commercialisé en tant que tel. La Confédération doit soutenir par une contribution d’investissement appropriée les nouvelles installations de biogaz produisant du biométhane ainsi que les installations de biogaz existantes qui doivent être équipées pour traiter le gaz et l’injecter dans le réseau. Parallèlement, le potentiel que représente le biogaz indigène doit pouvoir être exploité rapidement grâce à la suppression des obstacles administratifs et à l’accélération des procédures d’autorisation ».
Le soutien pourrait, par exemple, être financé via l’affectation d’une partie des recettes de la taxe sur le CO2. Les moyens nécessaires sont estimés à un maximum de 5 à 7 millions de francs par an sur une période de six ans.
Ce sujet collait parfaitement avec la vision et les réalisations de l’agriculteur de Puidoux, Georges Martin, qui développe la production de biogaz et de biométhane sur son exploitation depuis une trentaine d’années, au point qu’elle fonctionne en autonomie totale sur le plan de l’électricité et de l’eau chaude. Dans l’étape suivante, il a développé la production de biométhane-carburant pour alimenter des véhicules, ainsi il a aujourd’hui 3 tracteurs et 3 véhicules automobiles qui fonctionnent au biométhane. Donc, une nouvelle autonomie sur le plan énergétique sur l’exploitation agricole.
Lui aussi va suivre attentivement les résultats de la motion Priska Wismer-Felder précitée dans l’optique de pouvoir vendre les surplus de sa production.
Cédric Chomette, de la société Agripower, a présenté la possibilité d’implanter sur des fermes de petites installations pour alimenter, sans grands investissements, une production autonome de biogaz pérenne et pas compliquée à gérer, ce qui devrait permettre à de nouvelles exploitations de s’équiper à l’avenir.
Concernant la matière première disponible pour fabriquer du biogaz, il y a le lisier et le fumier des animaux domestiques, mais aussi tous les déchets organiques provenant des restaurants, des magasins d’alimentation et, bien sûr, de nos propres poubelles pour autant que l’on fasse un tri efficace en éliminant tous les emballages papier et plastic. Yves François, psychologue, et Emmanuelle Germanier, conseillère en environnement, se sont penchés sur le problème du tri des déchets ménagers en cherchant des solutions pour encourager tout un chacun à contribuer à bien respecter l’environnement en allant vers une meilleure production énergétique.
Des expériences menées à Cossonay montrent qu’en éveillant le subconscient des usagers par des moyens visuels et colorés, la quantité et la qualité du tri s’améliore grandement. Parfois, il suffit de dire que la majorité des gens trient telle ou telle nutriment d’une certaine façon pour que les plus sceptiques le fassent aussi inconsciemment.
Un élément assez peu connu était celui du stockage permanent du bio-CO2 dans du béton recyclé. Elmar Vatter, de la société Neu-stark, a démontré le mécanisme permettant d’intégrer du CO2 dans des résidus de béton finement broyés et par-delà de créer un nouveau béton emprisonnant du CO2 pour des centaines d’années au lieu de le rejeter dans l’atmosphère.
Ce séminaire interactif a passionné une assemblée comprenant passablement de professionnels de la branche gazière totalement convaincus du bienfondé de poursuivre inlassablement le but d’une augmentation de la production indigène pour le bien de notre pays et de notre planète.
Ils étaient aussi très contents d’être venus à Puidoux où tout était parfaitement organisé, y compris l’accueil de la Municipalité et le repas de midi concocté par la brigade de l’Auberge communale.