Plan climat vaudois : 28 millions pour les agriculteurs
Le canton veut soutenir l’adaptation aux changements climatiques et réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serredu secteur agricole. Un projet en bonne voie pour passer la rampe du Grand Conseil.
Améliorer la fertilité des sols, favoriser la production locale, soutenir les investissements et les innovations, tous ces exemples font partie du paquet agricole du plan climat.
En 2020, le canton avait détaillé sa stratégie pour diminuer de moitié ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 et obtenir la neutralité carbone au plus tard en 2050. Face à l’urgence climatique, les autorités cantonales ont alloué 173 millions de francs pour agir à tous les échelons. Si la mobilité et l’énergie arrivent en tête d’affiche, l’agriculture les talonne avec un crédit-cadre de 28 millions de francs pour espérer réduire les émissions de CO2 de 20 % à la fin de la décennie.
Mise en œuvre rapide
La majeure partie (86 % – 24,08 millions) des 28 millions de francs sera directement destinée aux agriculteurs.
Comme très souvent au sujet de l’agroalimentaire, les débats étaient intenses au sein de la commission. Quoi qu’il en soit, cela a permis, avec l’aide de plusieurs exploitants et du syndicat Prométerre, de concilier les exigences de la production avec celles de l’urgence climatique : « Nous avons réalisé des simulations sur des exploitations pilotes », précise la collaboratrice de Prométerre, Aude Jarabo. Durant la phase d’élaboration de ce projet, les spécialistes ont ainsi testé comment améliorer la fertilisation et la résistance à la sécheresse des sols : « C’est le gros morceau de ce projet ».
La séquestration naturelle du carbone dans les sols, soit le fait d’utiliser des plantes piégeant le CO2, est difficilement quantifiable actuellement : « Il est impossible de savoir combien d’exploitations travaillent déjà de la sorte », mentionne le rapport de la commission. En raison de leur coût important, les diagnostics précis font surgir de nombreuses craintes : « Les agriculteurs ne débourseront aucun centime pour accéder à des analyses détaillées de leurs terres », rassure Stéphane Montangero, président de la commission chargée d’étudier ce projet de décret. « L’intégralité sera prise en charge par le canton ». Des études cruciales pour espérer diminuer efficacement le dioxyde de carbone des exploitations vaudoises.
Peu contraignant
Du côté administratif aussi les choses seront facilitées : « Nous voulons simplifier l’accès à ces mesures pour avancer rapidement et concrètement, sans que cela constitue une charge supplémentaire pour les agriculteurs », commente le président de la commission. Les producteurs livrant leurs données se verront attribuer la somme de 300 francs par exploitation.
« Les agriculteurs ne débourseront aucun centime pour accéder à des analyses détaillées de leurs terres »
Stéphane Montangero
Avec ses 28 millions, le volet agricole du plan climat vaudois ne représente pas une aubaine financière : « 290 millions sont alloués aux paiements directs par année au titre de la politique agricole fédérale. 40 % d’entre eux permettent d’améliorer la protection des animaux et la biodiversité. Ce plan climat représente 2 % du volume venant de la Confédération sur cinq ans, il n’encourage donc pas le phénomène de chasseurs de primes », commente Frédéric Brand, directeur de l’agriculture et de la viticulture à l’Etat de Vaud.
Soutiens financiers
Pour inciter les exploitants à diminuer leur empreinte carbone, le projet prévoit plusieurs compensations financières. Ainsi, chaque hectare de culture participant à la séquestration du carbone dans les sols sera défrayé. Dans le détail, ce sont 600 francs par hectare de luzerne plantée contre 200 francs par hectare pour le soja. On observe également une volonté de valoriser l’utilisation d’engrais de ferme entre les diverses exploitations. Des méthodes de cultures qui impactent la productivité à court terme des parcelles : « Certaines mesures pour l’amélioration de la fertilité à long terme passent par une baisse de la productivité à court terme », fait part le rapport de la commission.
Du côté de l’adaptation aux changements climatiques, des cultures plus résistantes pourront également bénéficier de soutiens financiers. Le millet, la cameline et le sorgho sont au programme avec une compensation de 200 francs par hectare.
Les outils de travail des agriculteurs ne sont pas en reste, car les exploitants pourront également obtenir une aide financière pour mettre à jour leur parc de véhicules et leur matériel : « Electrique ou fonctionnant au biométhane, le projet fait la part belle à l’innovation ».
De projet à la mise en pratique
En tout, le volet de l’agriculture comporte neuf mesures. Cette première étape incitative permettra de tester un certain nombre de choses et d’identifier les champs d’activités où les réductions d’émissions de CO2 nécessitent plus d’attention. La commission chargée d’étudier ce projet souhaite que ce premier pas soit suivi d’autres rapidement, pour autant que le volet du plan cantonal passe la rampe du Grand Conseil. Actuellement, les émissions de l’agriculture vaudoise représentent environ 11 % du total cantonal.