Pied de vigne ou pied de nez
Quoi de plus naturel dans notre région où la floraison de la vigne se profile que de parler de cep. La saison s’y prête et l’agenda politique l’accompagne. Car c’est effectivement durant sa session d’été que l’Assemblée fédérale devrait créer une CEP.
Il ne s’agit pas de féminiser le pied de vigne, à l’image de certains noms de rues de nos villes, mais bien de nommer une Commission d’enquête parlementaire (CEP) dont la mission sera d’éclairer la récente fusion d’urgence entre Credit Suisse et UBS.
Ce geste parlementaire est suffisamment rare et grave dans l’histoire politique suisse pour qu’on s’y attarde. Cet organe de contrôle, utilisé quatre fois seulement dans l’histoire, constitue l’instrument le plus puissant dont disposent les Chambres fédérales. Le Conseil national en mars et le Conseil des Etats à l’unanimité mercredi dernier ont proposé la création de la cinquième CEP de l’histoire du pays. Ils pourront à la session d’été, qui débute le 30 mai, adopter un arrêté fédéral et définir un mandat précis pour cette commission d’enquête. Les pouvoirs octroyés sont déjà considérés comme larges pour cette commission qui aura un accès privilégié à des documents classés et dont la liste des questions à éclaircir remontent jusqu’à la crise financière de 2007-2008 et du sauvetage de l’UBS.
Autant dire que la tâche sera ardue et que la remise du rapport final risque d’attendre encore quelques années.
Il faut encore préciser que les quatre CEP précédentes avaient vu tomber quelques statures fédérales, en avaient créées d’autres, mais avaient surtout dévoilé des fonctionnements au sein de la gouvernance dignes de républiques bananières.
Témoin de ces pratiques qui sont encore de notre temps, la simple existence de cette cinquième CEP est un aveu de faiblesse, en même temps que le signe de la santé de notre démocratie. Encore faut-il que la session parlementaire n’accouche pas d’une souris, ce serait un autre signe, très clair celui-là.