Palézieux-Gare – Il était une fois la Poste !
Autrefois visage très familier du village, Roger Chappuis, qui fut pendant 27 ans le buraliste postal de Palézieux-Gare, a célébré, « en famille » son 90e anniversaire, le 13 février dernier. Ruth, son épouse, ses deux filles et leurs époux, ses cinq petits-enfants, « tous des garçons », ainsi que ses deux arrière-petites-filles ont entouré avec tendresse cet homme doux et affable, à l’esprit toujours vif, dont la mémoire est un livre ouvert sur la vie villageoise d’autrefois.
Avec son adorable épouse, Roger nous a reçu dans la jolie maison où le couple mène une vie paisible, non-loin de la gare où se trouvait jadis l’office où il servit, depuis 1968, souvent au-delà des heures de bureau. « C’était une autre époque : la gare de Palézieux était un important lieu de transbordement postal. On devait par exemple délivrer les lettres et les colis express même le soir. Je devais régulièrement alerter les bureaux des villages voisins, sur la ligne de Fribourg », raconte-t-il.
De ces années, Roger dit garder un bon souvenir. Il se souvient notamment de la solidarité qui, en cas de problème, se manifestait entre les collaborateurs des CFF, ceux des GFM, les chemins de fer fribourgeois, et ceux de la Poste, les conducteurs de cars postaux, notamment. « On pouvait vraiment compter les uns sur les autres » souligne-t-il. Lorsque le facteur de l’époque a quitté le bureau, Roger a pris sa place et son épouse a suivi une formation pour tenir le guichet postal. La serviabilité du couple reste encore vivace dans la mémoire des anciens.
Des bons mais aussi de mauvais souvenirs ? « Oui ! En juillet 1992, un homme a été abattu devant le bureau. Je le vois encore faire quelques pas avant de s’affaler. Les commanditaires du crime étaient des proches de l’épouse de la victime. Cette scène m’a profondément bouleversé. Tout comme le procès qui s’en est suivi, où j’ai été appelé à titre de témoin. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre ».
Il y a dix ans encore, l’ex-facteur-buraliste, alors retraité, s’occupait toujours de ses abeilles. De sa longue activité d’apiculteur, à laquelle il a renoncé, l’âge aidant, il garde les bons moments : « J’ai pu rencontrer d’autres apiculteurs avec qui j’ai sympathisé. Des gens merveilleux… » confie-t-il.
Aujourd’hui, Roger se partage entre de longues promenades, les rires de ses arrière-petites-filles, qui habitent à l’étage, avec leurs parents, les manifestations des sociétés locales qu’il dit fréquenter avec un rare plaisir, et la lecture ; celle du Courrier notamment. Il se dit d’ailleurs fidèle lecteur de « La petite histoire des mots », ce qui a beaucoup flatté l’auteur de ces lignes. Un souhait pour l’avenir ? « Garder ma mobilité pour ne pas devenir une charge pour mes proches. »
Pour cet aimable nonagénaire, les célébrations ne sont pas achevées. Une belle fête est prévue en son honneur, le 3 mars prochain, dans la grande salle d’un village voisin. « On y attend une quarantaine de personnes, dont de nombreux amis » nous confie Roger. « Même si les amis sont de moins en moins nombreux. Leurs rangs s’éclaircissent » ajoute Ruth, avec un petit sourire empreint de nostalgie…
Merci à vous deux. Et tous nos vœux pour une belle et heureuse suite de retraite !