Oron – Un regard sur le passé et une vision tournée vers l’avenir
160 ans de la Fondation de Serix
Vendredi 3 novembre, la Fondation de Serix, établie au milieu des champs entre Palézieux-Village et Oron-la-Ville depuis 1863, avait organisé un programme festif à l’occasion de ses 160 ans, dévolu aux enfants, à leurs familles et aux collaborateurs également accompagnés des leurs.
Evolution de la mission initiale de protection de l’enfance
Depuis le départ, la Fondation de Serix a eu pour mission la protection de l’enfance, l’éducation, l’enseignement scolaire, le suivi thérapeutique et l’accompagnement des enfants en grandes difficultés psychosociales, confiés par la DGEJ (Direction générale de l’enfance et de la jeunesse). Bien que les fondements de la mission soient restés les mêmes, le contexte a évolué en fonction de la société. En 1863, le début de la révolution industrielle a engendré une grande pauvreté, aussi l’institution fut très vite officialisée » relève Philippe Nicollier, président du Conseil de Fondation. Serix dispose de 28 places dont 25 sont actuellement occupées. 82 collaborateurs, toutes fonctions confondues y travaillent à différents pourcentages. Les enfants accueillis sont âgés de 6 à 16 ans. Certains, en phase de progression, bénéficient d’un accompagnement jusqu’à 18 ans. Depuis une dizaine d’années, la DGEJ a mis à la disposition de toutes les institutions vaudoises un chalet à La Comballaz, où les enfants apprécient y passer un week-end 3 à 4 fois l’an et des vacances, ainsi que les adolescents qui peinent à vivre en institution. Ces derniers peuvent aussi être inscrits dans un autre camp et ainsi côtoyer des personnes différentes et s’enrichir de nouvelles rencontres.
Motivation et énergie les piliers de la réussite
Après une période de turbulences, la nouvelle direction a retrouvé son cap avec l’arrivée, le 1er février dernier de son directeur, Ricardo Mourgine. « J’ai été bien accueilli et s’il était clair qu’il y avait des choses à mettre en place, j’ai pris le temps de comprendre le fonctionnement et de rencontrer les 80 collaborateurs afin de me faire ma propre perception de la situation. J’ai découvert qu’un gros travail avait été effectué auprès des enfants et de leurs familles avec quelques jeunes ayant construit un projet professionnel. J’ai été surpris de constater à quel point les collaborateurs aiment leur travail à Serix et leur profonde motivation. Avec notre nouveau collège de direction et le soutien de l’exécutif le navire commence tout doucement à retrouver une certaine stabilité. Voilà pourquoi nous célébrons ce 160e, c’est une façon de marquer notre reconnaissance et de montrer notre
énergie mise dans ce renouveau ».
Visite, historique, théâtre, film et apéritif au menu
Petit à petit, la centaine de personnes attendue est arrivée et a pu débuter le programme par une visite guidée des lieux de vie, d’éducation, d’école, l’atelier de bricolage, la bibliothèque. Des endroit agréables, lumineux avec de larges fenêtres donnant sur la campagne. Chaque enfant dispose de sa chambre. Les 4 blocs sont dévolus à des âges bien définis et construits comme de petits appartements. La pose de parquets et les murs repeints en couleurs claires leur donnent une atmosphère moderne et chaleureuse. Les visiteurs furent ensuite invités à découvrir l’historique de l’institution en 1863 sur des panneaux à l’entrée de la grande salle où l’on put constater la dureté des premiers temps avec le travail aux champs, les châtiments ordonnés par les premiers directeurs, le fouet, le cachot, les barreaux aux fenêtres, etc. Ce seront, dans les premiers temps, de 40 à 80 enfants qui s’adonneront au dur labeur des champs. Au fil des textes et des images, l’évolution de l’institution jusqu’à nos jours s’est dessinée.
La pièce de théâtre, créée par Gaëlle Brandli bibliothécaire, entourée de l’équipe pédagogique, illustrant le travail effectué à Serix, interprétée par les jeunes fut un beau succès. Elle précéda un petit film documentaire présentant la fondation. La manifestation s’est terminée par un apéritif ouvert sur la discussion.
« Mercredi 1er novembre, nous avons réintroduit la soirée des anciens collaborateurs et pensionnaires de Serix. Quelque 50 personnes étaient présentes. Nous avons reçu des témoignages émouvants des jeunes, devenus parents pour certains, venus dire leur reconnaissance pour ce qu’ils ont reçu ici » souligne Ricardo Mourgine, désireux de consolider ce travail grâce au nouveau concept institutionnel mis en place et axé sur le respect de soi et des autres, la rigueur, le professionnalisme, la solidarité, le plaisir et la responsabilité. « Nous avons la fierté de montrer ce qui se fait ici à la fondation de Serix, les résultats obtenus auprès des enfants et des familles ainsi que le courage des collaborateurs » conclut-il .
Le billet du directeur
Ricardo Mourgine | En marge des 160 ans de Serix, le directeur souhaite s’exprimer sur les difficultés majeures actuelles au niveau du recrutement et de la fermeture d’autres foyers pour les mêmes raisons :
« Nous sommes confrontés à une difficulté importante à recruter des éducateurs dans les lieux de vie. En plus, il y a départ d’éducateurs pour des raisons multiples mais surtout pour une question salariale. Il y a quelques jours, une éducatrice m’a donné sa démission car elle a trouvé du travail dans le canton de Fribourg. Elle aura Fr. 1000.- de plus pour le même poste. C’est actuellement notre réalité dans notre canton et malheureusement ce sont les enfants qui n’auront pas la contenance et l’accompagnement dont ils ont besoin et méritent. Cette situation est en train de créer une souffrance dans notre institution car la qualité du travail est directement impactée. »