Oron – Le 100e anniversaire de André Lambelet fêté en fanfare
Mardi 25 mars, un trio de cuivres, composé de DanielFlotron, préfet, René Lambelet, fils du jubilaire et Alain Perreten ont offert une aubade à André Lambelet qui fêtait ce jour-là, son centième anniversaire à l’EMS La Faverge où il réside. Un préambule musical à cette reconnaissance officielle qui a ému et réjouit le doyen de la commune d’Oron, entouré de ses enfants et beaux-enfants.

Une vie de labeur, de musique et de diverses passions
Evoquant son plaisir et aussi son émotion à célébrer son premier centenaire, musicien, avec lequel il avait eu le plaisir de jouer, Daniel Flotron fit la lecture du texte rédigé par René Lambelet en l’honneur de son papa : « André Lambelet est né il y a 100 ans, le 25 mars 1925. Il grandit modestement avec ses parents, ses trois frères et sa sœur dans la ferme du chemin de la Bedaulaz 3, propriété de son grand-père Emile, qui habite la ferme voisine au numéro 1. La vie est dure. En été, il faut s’occuper du bétail ; en hiver, ce sont les travaux forestiers. La famille, composée de sept membres, se partage trois chambres et une cuisine. Les toilettes sont à l’extérieur, et pour seul chauffage, une grande cheminée ouverte dans la cuisine et un fourneau à molasse dans la chambre adjacente. A l’étage, la chambre, attenante à la grange, n’a pas de chauffage : en hiver, le matin, le bord du drap est souvent gelé… La maman, Emma, cuisine pour les deux fermes, 15 personnes. Chaque jour, elle apporte la marmite de soupe à pied à l’autre ferme.
Dès l’âge de 10 ans, André doit garder les vaches, sans enclos. A l’automne, la nuit tombe vite, et ce n’est pas toujours rassurant pour un petit garçon. Heureusement, il y a aussi de bons moments : à l’école primaire du Plâne, le fourneau à bois ronronne, tous les degrés sont regroupés dans une seule classe, et les grands aident les petits. Plus tard viennent les bals du dimanche après-midi : il faut y aller à vélo, mais quelle joie de rencontrer du monde et, parfois, de jolies filles… C’est d’ailleurs au catéchisme qu’il fait la connaissance de Berthy (décédée en 2022). Ils se marient sous une pluie porte-bonheur le 25 novembre 1950, à l’église de Savigny, et fondent une famille avec deux enfants : ma sœur, Josette Ducret, et moi. Très tôt, André découvre la musique et rejoint la fanfare de Forel-Lavaux. Il se passionne aussi pour l’accordéon.
A 21 ans, il quitte la ferme pour Lausanne et entame une longue carrière aux Transports Lausannois (TL) en tant que conducteur. Il conduit les trolleybus dans les rues de Lausanne, le tram jusqu’à Moudon, ainsi que le bus reliant Cointrin avant l’ouverture de la gare de l’aéroport. Il assure aussi la tournée des laiteries du Gros-de-Vaud, livrant le lait à la laiterie de César-Roux, aujourd’hui devenu l’Hôtel de police de Lausanne. Il faut alors soulever les lourdes boilles du sol jusqu’au pont du camion Saurer… un travail de force. La petite famille s’installe près du parc de Valency, avant d’acheter, en 1953, un terrain de 622 m² au Mont-sur-Lausanne pour la somme de 6220 francs. André et Berthy, aidés par quelques copains et deux frères, construisent leur maison presque seuls. Le terrain étant en pente, il faut creuser, déplacer des mètres cubes de terre. Berthy tire la brouette avec une corde pendant qu’André la pousse… Un labeur immense, mais une nouvelle vie commence aux Martines.
C’est aussi le début des passions d’André : le bricolage chez lui et pour de nombreux collègues de travail ou de fanfares (il ne sait pas dire non), la musique de fanfare avec son euphonium, mais aussi le tir, les trains, les arbres et les oiseaux. Pendant 70 ans, il tient le poste d’euphonium solo à la fanfare des TL et à celle du Mont-sur-Lausanne. Il est souvent sollicité pour renforcer le registre des barytons dans divers ensembles. S’il est souvent absent de la maison, j’ai eu la chance de partager bien des moments avec lui en tant que directeur de ces deux fanfares. Après 39 ans de carrière aux TL, il entame une retraite qui dure… depuis 40 ans ! Et il en est plutôt fier. Depuis trois ans, il réside à La Faverge, heureux d’y être (d’ailleurs, il dit souvent que la preuve, c’est qu’il y reste), amusant le personnel avec ses plaisanteries, même s’il avoue parfois s’ennuyer. Sa dernière blague ? « Apportez-moi un fusil, je pourrai tuer le temps ! »
Un père exceptionnel
André est un père extraordinaire, d’une gentillesse immense, plein d’amour… même s’il ne le disait pas ouvertement (ça ne se faisait pas à l’époque). Si vous passez lui rendre visite, il en sera ravi… et vous fredonnera sûrement « Et maintenant, que vais-je faire ? » de Gilbert Bécaud.
Vœux et félicitations des autorités communales et du président de l’EMS
Olivier Sonnay, syndic d’Oron, accompagné de Eric Ramseyer, municipal, adressa ses vœux au noms des autorités pour cette journée ainsi que pour toutes celles qui suivront.
« Quel vrai privilège, dans nos fonctions, de rencontrer des personnes comme vous, remarquables par leur parcours, par ce qu’elles ont apporté à la société, à leur entourage et par leur activité professionnelle, leur vie de famille et par cette aventure de 100 ans si riche et inspirante. Deux passions, que je partage avec vous, m’ont particulièrement touchées : les arbres et les oiseaux. Elles témoignent de votre attachement à la vie, à ce qui évolue et renaît chaque printemps ».
Pierre-André Goumaz, président du Conseil de fondation de La Faverge, accompagné d’Alan Tharin, directeur dès le 1er avril prochain, adressa également ses vœux de santé, évoqua les grands mouvements de société qui ont jalonné ce siècle de vie et lui souhaita la bienvenue parmi les 118 centenaires (111 dames et 7 messieurs) que comptent les EMS vaudois. Après avoir gratifié l’assemblée de quelques notes jouées avec son euphonium, le sympathique centenaire apprécia une nouvelle pièce de musique avant de partager un apéritif avec les personnes qui l’entouraient et recevoir des présents de la préfecture et de la commune.