Oron-la-Ville – Garage de la Poya : l’histoire s’achève !
![](https://www.le-courrier.ch/wp-content/uploads/2024/11/Image-1-Poya-649x640.jpg)
La belle et longue aventure du Garage de la Poya prend fin. L’entreprise, lovée depuis trois-quarts de siècle au cœur d’Oron-la-Ville, et dont l’image est intimement attachée à la figure d’Alain Perusset, son diligent propriétaire, dont le regard bleu et la verve sont connus de tous dans ce coin de pays, fermera définitivement ses portes à la fin de cette année. Le quartier aura bientôt une nouvelle physionomie, les futurs acquéreurs des locaux ayant, semble-t-il, l’intention d’y bâtir des logements.
C’est en 1950 que le Garage de la Poya entama son activité. « Ma famille est originaire de Baulmes. Mais mon grand-père s’étant installé dans le sud de la France, il y avait obtenu la nationalité française. Mon papa, lui, avait servi dans la marine française comme quartier-maître mécanicien. C’est lui qui a acquis le garage, à son retour en Suisse. A l’époque, c’était juste un petit atelier de réparation pour cycles et motos. Il était situé de l’autre côté de la rue de l’actuel garage. Henri, mon papa, a commencé à y réparer des voitures. Et puis, il est devenu agent de la marque Renault », raconte Alain Perusset, intarissable sur l’histoire de sa famille.
Alain a pris la relève d’Henri en 1976, après avoir accompli ses devoirs militaires à Bière, comme chauffeur dans l’infanterie mécanisée, et achevé son apprentissage de mécanicien. Mais avant de s’établir, il avait passablement tourné le monde, obtenu une licence de pilote en Australie, et même transporté des marchandises et des personnes en Nouvelle-Guinée, aux commandes d’un Cessna 206. De cette époque, il garde le souvenir des forêts tropicales et de leurs tribus, celui des oiseaux de paradis au plumage rutilant et quelques bribes de langue papoue …
![](https://www.le-courrier.ch/wp-content/uploads/2024/11/Image-2-Poya-900x640.jpg)
En reprenant l’affaire de son père, Alain s’est aussi très vite spécialisé dans la rénovation de voitures anciennes. « Dans les année septante, il y avait encore passablement de vieux véhicules en circulation, dont il fallait prendre soin. Je me souviens de la première Rolls Royce de 1932 que j’ai remise à neuf… Depuis, il y a eu beaucoup d’autres voitures de collection », rapporte-t-il. Les locaux du garage actuel ont, quant à eux, été acquis il y a une bonne trentaine d’années. « A l’origine, c’était une exploitation agricole. Ses propriétaires sont partis au Canada. J’ai installé mon atelier dans les anciennes écuries ».
A bientôt 79 ans, papa de trois grands enfants, toujours frais et vigoureux, l’esprit taquin, Alain Perusset n’a pas l’intention de s’enliser dans l’inactivité : « J’ai encore passablement de travaux à réaliser dans ma demeure historique, une ancienne chapelle de l’Eglise libre vaudoise ; grand amateur de lecture, j’ai aussi plus d’un millier de livres à trier et à ranger… Et puis je reste passionné par l’aviation, même si je ne pilote plus. » Cette fine gâchette est aussi un chasseur chevronné, grand connaisseur des forêts d’Europe centrale et orientale. Mais par ces temps d’exacerbé véganisme militant, comme beaucoup de ses pairs, il préfère ne pas trop s’en vanter…
Fidèle en amitié, notre éclairé garagiste n’a pas voulu abandonner ses clients, dont beaucoup sont devenus des amis. Roger, son dévoué mécanicien, dispose de son propre atelier, à Pont, sur la route de Porsel, à 5 minutes de route d’Oron. Il se réjouit de continuer à servir tous les clients de son actuel patron qui voudront bien le rejoindre.
« Quoi qu’il en soit, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui, pendant toutes ces décennies, m’ont fait confiance. Je compte bien les croiser encore. Il y a encore de bons moments en perspective », prévient le futur « retraité ». Et tous ceux qui le connaissent, de près ou de loin, savent bien qu’ils pourront toujours compter sur lui.