Oron – Eau potable
La commune progresse dans son autonomie en eau
Pour garantir l’approvisionnement et la qualité en eau potable des citoyens, la commune recherche de nouvelles sources et veut réhabiliter d’anciens captages. Un challenge qui implique la modification du plan de distribution de l’or bleu. Explications.

Le Plan directeur de distribution d’eau (PDDE) de 2014 avait déjà permis d’élaborer les lignes directrices en matière d’approvisionnement en eau de la commune. En 2016, puis en 2020, ce sont deux crédits d’investissement (8.2 millions) qui avaient permis d’entretenir le réseau d’eau communal et la construction du réservoir des Clos. A l’image de la Terre et des cours d’eau, un PDDE évolue dans le temps. C’est que plusieurs canalisations accusent le poids des années : « Certaines conduites ont plus de septante ans », annonce le municipal en charge de l’eau. Pour Thierry-Vania Menétrey, le vrai défi communal n’est pourtant pas là : « Notre objectif est de devenir autonomes en eau ou, du moins, de s’approcher de l’indépendance. Même si cela sera complexe et demandera du temps ».
Nous menons la guerre aux fuites, aux polluants, mais aussi au gaspillage
Thierry-Vania Menétrey, municipal
Si l’exploitation de ses propres ressources représente une économie financière, c’est plutôt dans un cadre sécuritaire que toujours plus de communes optent pour une liberté en eau. La sécheresse de cet été a fragilisé de nombreux réseaux. Les communes indépendantes en eau ont priorisé les robinets de leurs citoyens avant de vendre leurs ressources : « Nous ne sommes pas un cas unique, mais Oron a souffert durant la canicule en raison du manque d’eau de ses fournisseurs ». Outre l’approvisionnement de la population, le municipal ajoute que la défense incendie est également tributaire d’un réseau hydraulique efficace.
De l’eau coule sous les ponts
Pour mesurer efficacement les nouvelles sources potentielles d’eau potable, la mise à jour du PDDE prévoit de réhabiliter d’anciens captages. La preuve par l’exemple, avec le captage de la Côte-aux-Tavans qui a été délaissé il y a une dizaine d’années : « Ces stations avaient été abandonnées parce qu’elles se bouchaient. Ce lieu-dit, non loin du battoir à Palézieux-Village, représente une aubaine d’environ 250 à 300 litres d’eau à la minute. Si certains captages sont connus, un bureau d’ingénieurs civils est chargé de sonder le territoire communal afin de trouver des sources potentielles ».
A l’heure d’aujourd’hui, la commune ne prévoit pas d’échéance pour atteindre son indépendance en eau potable : « Il est clair que nous aimerions être rapidement autonomes, mais cela ne se fera pas sans une bonne compréhension des captages régionaux ». Autre frein à l’autonomie: les autorisations cantonales. « Les drainages sont déjà existants pour la Côte-aux-Tavans, mais la direction générale de l’environnement (DGE) exige que le biotope qui s’est créé il y a une dizaine d’années soit préservé ». Si l’opposition de la DGE retarde le projet, l’office de la consommation (OFCO) a donné son accord pour réexploiter cette source. La commune qui travaille actuellement sur la question devra prendre une décision, entre sacrifier un biotope ou le déplacer de quelques mètres pour garantir sa viabilité et réexploiter cette source.
Economiser l’eau pour économiser l’électricité
Canalisations obsolètes, cassées ou encore bouchées, on estime à 20% la perte d’eau dans le réseau helvétique. Autre paramètre pesant dans la balance, l’augmentation de la population qui accroît les besoins en ressources hydrauliques. Le développement démographique de la région oronnaise ne fait pas exception à cette règle. « Nous menons la guerre aux fuites, aux polluants, mais aussi au gaspillage », explique Thierry-Vania Menétrey. Pour lui, quand on compare la Suisse à d’autres pays, il est extraordinaire d’avoir accès si facilement à l’or bleu. Sans compter que l’eau est directement liée à l’électricité : « Il faut préserver nos barrages. C’est maintenant que nous devons économiser et maintenir leur niveau pour éviter une éventuelle pénurie d’énergie ».
Nous menons la guerre aux fuites, aux polluants, mais aussi au gaspillage
Thierry-Vania Menétrey, municipal
Du côté des polluants, le chlorothalonil est également présent dans le réseau d’eau communal. Si la limite suisse de 0.1 microgramme par litre peut être dépassée dans certaines sources, un brassage entre plusieurs points d’eau permettrait de diluer le polluant et de maintenir un taux inférieur : « Nous avons la chance d’avoir des sources qui sont complètement exemptes de chlorothalonil, l’idée est de mélanger tout ce beau monde pour être en dessous de la norme ».
Le 12 décembre prochain, Thierry-Vania Menétrey sera accompagné d’Arnaud Weismann, ingénieur au bureau AWI de Mézières, afin de présenter l’ensemble de cette mise à niveau du PDDE devant le Conseil communal, une séance également ouverte au public.